lundi 28 mai 2012

Après l'annonce de l'accord entre le MNLA et Ansar Edine aucun observateur sérieux ne peut s'empêcher de tourner les questions dans tous les sens à la hauteur de la complexité des dossiers saharien et de l'Azawad en particulier.


Mohamed Lamine Ould Mohamed
il y a 3 heures ·

Après l'annonce de l'accord entre le MNLA et Ansar Edine aucun observateur sérieux ne peut s'empêcher de tourner les questions dans tous les sens à la hauteur de la complexité des dossiers saharien et de l'Azawad en particulier.

Les tirs de joie à Tombouctou Gao et Kidal des deux protagonistes à l'annonce de cette signature notent bien la satisfaction des azawadiens d'avoir écarté le risque imminent d'affrontement entre les deux parties après que l'objectif de libération de ce territoire soit acquis par rapport à la présence de l'armée et de l'administration maliennes.

Le mur de la destination était si haut pour le MNLA qui n'avait jamais prévu la complexité de l'affaire de l'indépendance de l'azawad mais les faits l'ont obligé à s'y adosser quelques temps dans l'espoir d'une reconnaissance et d'un soutien internationale qui a tardé à venir.

Les calculs sur la constitution d'une force militaire capable de chasser AQMI dans la zone après avoir chassé le Mali ont été partiellement faux. La communauté internationale avec en premier rang la France les Etats Unis et dans une moindre mesure les pays de la sous-région s'est raidie à l'idée de valider une partition de la république du Mali malgré le fait accompli militaire laissant la force économique des partisans d'un état islamique prendre le poids dans l'échiquier grâce à la capacité financière d'entretien d'une armée.

Pendant que les territoires conquis restaient ouverts à Ansar Edine à AQMI qui y circulaient en toute liberté, les azawadiens s'étonnaient qu'une telle proximité ne puisse apporter qu'autre chose qu'un système liberticide croyant que la pratique islamique séculaire étaient suffisante pour se prémunir d'une revendication « islamisatrice » qui puisse leur être applicable.

La realpolitique ayant ses raisons que la raison ne connaît point le triste constat fût qu'il est difficile pour le MNLA d'entretenir une armée de 5 à 6000 hommes sans tomber ni dans les enlèvements, ni dans les trafics illicites ni dans la pillages du peuple qu'ils étaient censés libérer, en attendant une reconnaissance incertaine d'un état quelconque, le scénario d'un retour à un Etat Malien étant définitivement exclu par l'Etat Major et les officiers du MNLA.

Ansar Edine leur offrit non sans difficultés une proposition de fusion et un budget avec en échange l'acceptation d'un Etat Islamique appliquant la charia. C'est la seule proposition obtenue après tant de missions d'explication du combat indépendantiste dans le monde entier, les liens de fraternité entre membres et la volonté de ne pas transformer l'azawad en un champ de bataille entre ses fils ayant fait le reste.

Pour les observateurs que nous sommes, il est difficile de ne pas penser une seconde à la possibilité d'un accord de circonstance dont la portée peut être lue sous plusieurs angles différents :

Les deux parties sont sincères et dans ce cas pourraient réellement constituer un rempart solide et efficace contre le danger terroriste en mettant en commun les atouts de chacune pour solidifier la maîtrise territoriale et rebâtir un Etat certes islamique à l'exemple de la Mauritanie qui préserve une certaine forme de liberté intrinsèque à la culture et à l'identité locale.
L'accord en question est une manière de remettre à plus tard une guerre fratricide mais la fusion des troupes fait prendre le risque à l'une des parties d'absorber l'autre dans le cadre de ses objectifs initiaux.

L'internationale islamiste détient un pouvoir encore plus fort que les deux entités réunies et utilise ses liens avec Ansar Edine pour infiltrer encore plus son idéologie et dans ce cas les frontières de l'Azawad telles que définies par les indépendantistes ne seront qu'hypothétiques devant l'ambition sous-régionale voire africaine de Al Quaeda.

Dans tous les cas, bien malin qui pourra dire si tôt lequel de ses scénarios est le plus probable.

Il est évident que ceux qui craindront le dernier sans prendre en considération les deux premiers pourraient dès demain commencer à travailler dans le sens d'une médiatisation à outrance soit par conviction soit par lâcheté ou soit par intérêt.

Il est peut être plus que temps d'associer le peuple azawadien qui n'a toujours pas choisi et qui observe, au déroulement des choix quelques fois cornéliens qui lui sont dictés et cela depuis 50 ans.

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