samedi 28 janvier 2012

Mali : les Touaregs refusent de voir leur mouvement récupéré par Aqmi

Caroline Grimberghs
Mis en ligne le 28/01/2012
Les "hommes bleus" continuent les affrontements avec l’armée malienne et sont désormais associés par certains aux jihadistes d’Aqmi. Les violences perdurent et le nombre de victimes ne cesse d’augmenter. Trois fronts de combats sont désormais ouverts dans le Nord-Mali.
15 jours que des violences sont perpétrées dans le Nord-Mali : les Touaregs s’opposent à l’armée dans la région dite de l’Azawad, allant de Kidal à Tombouctou et le cercle de Douentza à proximité de la ville de Mopti. Le 17 janvier dernier, les rebelles annoncent la prise de la ville de Ménaka. Pendant plusieurs jours, les informations des deux camps se contredisent, chacun s’estimant vainqueur de ces combats à l’arme lourde.
Depuis jeudi, un troisième front s’est ouvert à proximité de la frontière mauritanienne. La présence d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) dans la région et le retour récent de Libye d’hommes armés, anciennement à la solde du colonel Kadhafi, donnent un tour nouveau aux révoltes touaregs sous-jacentes depuis les années 60 et le départ du colonisateur français.
Le MNLA, mouvement politique de libération de l’Azawad, refuse, depuis le début de l’insurrection d’être associé à Aqmi. Pourtant, la semaine dernière, il circulait que les rebelles se seraient allié aux jihadistes pour la prise de la ville de Aguelhoc. Une information démentie par le MNLA dans un communiqué du 27 janvier : "Contrairement à la propagande diffamatoire de Bamako reprises par certaines dépêches de la presse internationale, le Mouvement National de Libération de l’Azawad rappelle que le M.N.L.A est un mouvement révolutionnaire qui lutte pour le droit à l'autodétermination du peuple de l'Azawad et rejette le terrorisme et l'extrémisme sous toute ses formes qu'ils proviennent d'un groupe ou d'un Etat (…) Nous ne partageons, ni de loin, ni de prêt la philosophie et le combat de Al-Qaïda au Maghreb Islamique(AQMI) qui lui aussi, au même titre que l’armée d’occupation malienne, occupe illégalement notre territoire". Une information confirmée par Henri de Raincourt, ministre français de la coopération qui déclare : "Il faut faire une différence entre les difficultés nées de la situation des Touaregs et des relations avec le pouvoir central et celles nées de la situation d’AQMI. Ce n’est pas la même chose, d’ailleurs les deux ne collaborent pas ensemble, ne travaillent pas ensemble".
Une frange du bureau politique a du quitter le pays, s’estimant victime de menaces de mort. Mossa Ag Attaher, chargé de la communication du mouvement est à Paris depuis une quinzaine de jour. Au nom de son mouvement, il appelle la communauté internationale à prendre conscience de la situation sur le terrain et parle d’ "sévices, tortures et confiscations des biens, perpétrés sur les populations par l’armée malienne".
Le MNLA va plus loin aujourd’hui, annonçant que plusieurs dizaines de soldats de l’armée malienne auraient fait désertion pour rejoindre la rébellion touarègue, renforçant encore l’attirail militaire d’un mouvement jusque là fort démuni et bénéficiant aujourd’hui des armes libyennes et des véhicules militaires des déserteurs. Le nombre de morts et prisonniers n’est pas déterminé : on parle de 50 morts du côté de l’armée malienne et les rebelles assurent avoir fait plus de 25 prisonniers.
Qu’en est-il de la suite ? "Tessalit est actuellement encerclée par l’armée révolutionnaire en vue d’amener les soldats maliens à se rendre afin d’éviter les effusions de sang" annonce le MNLA, qui appelle la communauté internationale à l’aide face aux mouvements de populations civiles vers les pays frontaliers, Mauritanie, Burkina, Faso, Niger et Algérie.
La ville de Anderamboukane (nord-est) a été le théâtre de nouveaux affrontements en fin de semaine. Chacun affirme aujourd’hui contrôler la localité. L’incertitude continue donc de planer alors qu’un troisième front est ouvert, à la frontière mauritanienne avec la prise du camp de l'armée de Léré par les rebelles.
La France appelle les deux camps à un cessez-le-feu immédiat alors que la situation se complexifie sans cesse au vu des diverses forces et intérêt en présence dans cette région explosive.

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