vendredi 19 août 2011

L’Algérie, prochain sur la liste des (r)évolutions ?



Rédigé par  le Aug 19th, 2011 and filed under Monde islamiqueOrient. Vous pouvez suivre les réponses à cet article grâce auRSS 2.0. Vous pouvez laisser une réponse ou un trackback à cet article
Alors que l’opposition libyenne se rapproche de Tripoli, le régime algérien a peur d’être le prochain sur la liste. Plus grand pays en Afrique avec plus de pétrole et de gaz que la Libye, l’Algérie a les mêmes problèmes que les autres Etats Arabes. Est-ce que la vague d’agitation va désormais repasser par l’ouest du maghreb ?
Les protestations qui ont balayé le monde arabe en 2011 ont effectivement commencés en Algérie au début de l’année. Même avant que les manifestations secouent la Tunisie voisine et renverse le Président Ben Ali, il y a eu des manifestations sans précédent à travers l’Algérie. Chaque ville algérienne a été secouée par les plus grandes manifestations organisées depuis des années. Puis, de peur des milices du pouvoir, les choses se sont tassées.  Les manifestations n’ont plus attiré la foule. Le régime a pris le dessus. L’Algérie est une nation hantée, la peur d’un retour à la terreur et à la violence des années 1990 est si grande qu’elle a agi comme un frein sur le printemps arabe en Algérie, même avant que l’hiver ne prenne fin.
L’Algérie est extrêmement vulnérable à la contagion de la lutte anti-régime et à l’agitation contestataire qui a secoué le reste du monde arabe. Elle a une énorme majorité de sa population qui est jeune et au chômage… Et un régime sclérosé qui ne permet pratiquement pas de participation du public au processus décisionnel. Elle abrite également une branche violente d’al-Qaïda, Al-Qaïda au Maghreb islamique. Mais les souvenirs de la «décennie perdue» sont très forts chez les Algériens, et il n’y a pas d’appétit pour un retour aux abîmes.
La République populaire démocratique -sic- de l’Algérie est le plus grand pays arabe en taille, et maintenant que le Soudan a divisé, c’est le plus grand pays en Afrique. Elle a obtenue son indépendance de la France en 1962 après une décennie lutte dans laquelle un million de personnes sont mortes.
L’ancien régime de gauche a été contesté par les islamistes dans les années 1980. Le Front Islamique du Salut (FIS) a gagné les élections locales en 1990. Ensuite, il a remporté les élections législatives nationales en décembre 1991 et était prêt à former un gouvernement. Mais l’armée est intervenue à la place et les généraux ont pris le contrôle.
Un cauchemar suivi par les rebellions islamistes. Une décennie de violente terreur suivra. Le Groupe Islamique Armée (GIA), le plus grand groupe rebelle, devient de plus en plus fanatique et extrême. L’armée est infiltrée par les groupes terroristes, ce qui crée des éléments incontrôlés qui échappent à tout contrôle. Le GIA se scinde ensuite en factions qui se sont battus entre elles. À la fin des années 1990, un nouveau groupe, le Groupe Salafiste Pour la Prédiction et le Combat (GSPC), a émergé. Encore plus violent et fanatique. Les estimations de la course à la mort sont élevées : 160 000 morts. Ou plus.
Puis le temps la fureur a fané. L’élection en 1999 du président Abdelaziz Bouteflika a mis en place un gouvernement plus légitime, et il a commencé une série de réformes et d’amnisties pour tenter de saper l’insurrection. Alors que Bouteflika, maintenant à son troisième mandat, a un pouvoir politique considérable, les généraux restent le véritable pouvoir derrière le voile. Le régime est complètement opaque; les algériens ne savent pas qui tire vraiment les ficelles dans leur capitale et les étrangers sont encore moins informés sur ce pouvoir.
La guerre de Libye est profondément troublante pour les Algériens. Comme le reste du monde, l’Algérie n’a pas d’affection pour Mouammar Kadhafi et son régime. Mais l’éclatement de la Libye entre la Tripolitaine et la Cyrénaïque, et l’intervention des forces de l’OTAN (en particulier des avions français) est un signal d’alarme à Alger. Comme la Libye, l’Algérie a une histoire de rivalités régionales fortes. Les attaques des forces aériennes sur Tripoli a ravivé les souvenirs coloniaux profondes et amères aux algériens.
Alger a malgré tout soutenu Kadhafi contre l’OTAN et s’est plaint du vote de la résolution de la Ligue arabe qui a créé une zone d’exclusion aérienne. L’Algérie a exprimé une préoccupation particulière sur le fait que les troubles en Libye pourrait conduire à l’élaboration d’un havre de tranquilité pour Al Qaïda et les jihadistes dans la région.
Pour le cinquième anniversaire du 9 septembre 2001, Ayman Zawahiri avait annoncé dans un message vidéo d’al-Qaïda, que le GSPC était le devenir de l’aile nord-africaine du mouvement. Le GSPC a officiellement été rebaptisé Al-Qaïda au Maghreb Islamique et il s”est aussitôt attaqué au siège de l’ONU à Alger… Puis a tenté d’assassiner Bouteflika. Depuis lors, il a étendu ses cellules à travers l’Afrique, comme au Nigeria et a enlevé les occidentaux à travers le Sahara.
Ainsi l’Algérie est en équilibre entre sa crainte d’un retour au chaos et à la violence si l’armée baisse les bras et entre des difficultés socio-économiques majeures. Les Etats-Unis ne sont pas un acteur majeur dans les affaires algériennes, l’Europe pourrait éventuellement l’être, mais est probablement trop fauchée pour le faire. Les Algériens doivent aujourd’hui faire face à leur dilemme… Entre eux !
Par Bruce Riedel – Commentary - Adapté en français par JSSNews

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