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«Je vais vous dire que vos bombardements ne m'atteindront pas parce que des millions de Libyens me portent dans leur coeur», a lancé à l'OTAN le colonel Kadhafi.
PHOTO: MAX ROSSI, ARCHIVES REUTERS
W.G. Dunlop Agence France-Presse Tripoli, Libye |
Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a affirmé que les bombardements de l'OTAN ne l'atteindraient pas, dans un bref message audio diffusé vendredi soir peu après que Rome eut évoqué la possibilité qu'il soit blessé et en fuite.
«Je vais vous dire que vos bombardements ne m'atteindront pas parce que des millions de Libyens me portent dans leur coeur», a lancé à l'OTAN le colonel dans un message diffusé par la télévision d'État.
Des frappes aériennes de l'OTAN avaient touché jeudi matin le vaste complexe résidentiel du dirigeant, faisant trois morts, dont deux journalistes, et 27 blessés, selon un «bilan officiel» communiqué par un responsable gouvernemental.
Dans la nuit de vendredi à samedi, six nouvelles fortes explosions ont été entendues autour de Tripoli, ont rapporté des témoins. Selon ces témoins, de la fumée se dégageait de l'un des sites visés.
Le message audio de Kadhafi, le dernier depuis le 30 avril, répondait aux propos du ministre italien des Affaires étrangères.
Franco Frattini avait jugé «crédibles» des déclarations de l'évêque de Tripoli selon lesquelles Kadhafi serait blessé et aurait fui la capitale, mais précisé que son gouvernement ne disposait «d'aucun élément sur le sort actuel de Kadhafi».
Dans une interview accordée à Radio France Internationale, l'évêque de Tripoli, Mgr Giovanni Martinelli a démenti vendredi soir avoir tenu de tels propos: «Ce qu'a dit le ministre des Affaires étrangères n'est pas vrai parce que je n'ai jamais dit que le leader libyen était blessé», «ni qu'il était parti de Tripoli».
Peu avant la diffusion du message du colonel, le porte-parole du gouvernement libyen avait déjà démenti les informations relayées par Rome.
Sur le plan diplomatique, les dirigeants rebelles poursuivaient leur offensive pour asseoir leur légitimité internationale.
Aux États-Unis, le premier ministre de la rébellion, Mahmoud Jibril, a rencontré le conseiller du président Barack Obama pour la sécurité nationale, Tom Donilon.
De source proche de l'administration, Washington pourrait verser à court terme plus de 150 millions de dollars aux rebelles.
Mais, outre ces fonds indispensables pour les rebelles, M. Jibril espérait surtout une reconnaissance officielle de Washington. Cependant, les États-Unis se sont abstenus vendredi de reconnaître diplomatiquement le Conseil national de transition (CNL, organe dirigeant de la rébellion) tout en le jugeant «légitime et crédible».
Pour l'instant, seuls la France, le Qatar, l'Italie, la Gambie et depuis jeudi le Royaume-Uni ont reconnu le CNT comme unique représentant légitime de la Libye.
M. Jibril devait poursuivre sa tournée samedi en France, où il sera reçu par le président Nicolas Sarkozy.
Ces contacts de plus en plus fructueux interviennent alors que les rebelles, dopés par leurs succès à Misrata (ouest) sur les forces loyalistes, à qui ils ont repris le contrôle de l'aéroport, s'apprêtent à marcher sur Zliten, avec en ligne de mire Tripoli, à 200 km à l'ouest.
À Bruxelles, l'OTAN a signalé que grâce à cette accalmie, plus de 20 bateaux avaient pu entrer librement dans le port de Misrata depuis trois jours, et affirmé que les frappes avaient sérieusement affecté les forces gouvernementales.
Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a affirmé que le régime ne tenterait pas de reprendre par la force l'est du pays.
La ligne du front Est s'est stabilisée depuis plusieurs semaines entre Ajdabiya, à 160 km au sud-ouest de Benghazi, et Brega, 80 km plus à l'ouest.
Mais selon la télévision libyenne, au moins 16 «civils» ont été tués et des dizaines blessés dans une frappe de l'OTAN à Brega dans la nuit de jeudi à vendredi.
Selon l'agence Jana, des dignitaires religieux, des imams, des cheikhs et des familles participant à une marche pour la réconciliation figurent parmi les victimes. Les insurgés affirment qu'il ne reste cependant presque plus de civils à Brega.
À Benghazi, un ancien soldat français responsable d'une société privée de sécurité est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi après avoir été blessé par balle lors d'un «contrôle de police». Quatre autres Français, employés de la société, ont été interpellés.
Ils menaient des «activités illicites» mettant en danger la sécurité de la Libye, selon les rebelles. Mais selon leur employeur français, il «travaillait à l'implantation d'une antenne (...) et à la mise en place d'un couloir sécurisé entre Le Caire et Benghazi».
Parallèlement, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo a annoncé qu'il solliciterait lundi des mandats d'arrêt contre «trois personnes» pour crimes contre l'humanité.
Selon lui, depuis le début de la révolte en Libye, les violences ont fait des milliers de morts et poussé près de 750 000 personnes à fuir.
Le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés a estimé qu'environ 1200 personnes ayant fui la Libye pourraient avoir péri en Méditerranée ces trois derniers mois, et fait état de témoignages sur le refus de navires militaires de secourir un bateau de migrants à la dérive
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