jeudi 28 avril 2011

Libye : Misrata au centre des combats, les rebelles gagnent en légitimité


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Un homme au milieu des décombres de sa maison, le 28 avril 2011 à Zenten.Un homme au milieu des décombres de sa maison, le 28 avril 2011 à Zenten.© AFPDe violents combats opposent depuis plusieurs jours les forces loyalistes et les insurgés libyens autour de la ville stratégique de Misrata. Les rebelles regroupés autour du Conseil national de transition parviennent à repousser les assauts des pro-Kaddafi et gagnent plus de reconnaissance et de soutien au niveau international.
Des cris, des tirs de joies et des youyous de femmes ont retenti cette nuit, dans les rues de Zenten (sud-ouest de Tripoli). Des milliers d'insurgés défendant la ville ont réussi mercredi à repousser les forces du colonel Mouammar Kaddafi, après une journée de combats et de bombardements. Mais les loyalistes, qui se regroupaient, pourraient prochainement contre-attaquer.
Les combats entre rebelles et pro-Kaddafi se cristallisent depuis plusieurs semaines autour de Misrata et de la région d'Al-Jabal Al-Gharbi, une zone montagneuse dans l'ouest du pays où la majorité de la population est d'origine berbère.
Le port de Misrata, troisième métropole de la Libye et fief des insurgés, a quant à lui été sécurisé par les rebelles, au lendemain d'une attaque des forces loyalistes qui ont été repoussées à 40 km à l'est, notamment par des frappes de l'Otan. Mercredi soir la rébellion - jugeant la victoire « très proche » - a assuré que l'essentiel des combats se déroulait désormais autour de l'aéroport. La ville est considérée comme un point stratégique dans l’avancée des rebelles vers Tripoli, 200 km plus à l'ouest.
Situation humanitaire inquiétante
« Les hommes de Kaddafi sont morts. Il reste des véhicules et des corps brûlés, et nous avons saisi beaucoup d'armes », a indiqué un chef de groupe rebelle. Il a montré un missile Milan de fabrication française, des RPG et des armes automatiques.
Si les rebelles ont le vent en poupe, la situation reste très préoccupante, a affirmé la commissaire européenne en charge de l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva. Mardi, des dizaines de roquettes étaient tombées sur le port et ses environs, faisant un mort et touchant notamment un camp de tentes qui abrite des réfugiés africains en instance de départ, selon un bilan revu à la baisse par le Croissant Rouge.
Le bombardement du port de Misrata a bloqué les évacuations par mer et il reste 1 300 réfugiés coincés, essentiellement des Nigériens, mais aussi des Tchadiens, Ghanéens et Soudanais. Selon le Croissant-Rouge, les violences dans la ville ont fait environ 1 500 morts, habitants et rebelles, depuis le soulèvement de la ville le 19 février.
La perte du port serait aussi un « vrai désastre » pour les civils qui se retrouveraient sans aide humanitaire, a indiqué à l'AFP le colonel Ahmed Omar Bani, porte-parole militaire du Conseil national de transition (CNT), qui regroupe les rebelles à Benghazi (Est).
À Paris, l'écrivain français Bernard-Henri Lévy, un des premiers soutiens de la rébellion libyenne, a publié une déclaration. M. Lévy réaffirme la volonté des chefs ou représentants de 61 tribus libyennes de construire « une Libye unie », « une fois le dictateur parti ».
Le CNT, un acteur politique et économique
Jusqu'à présent, seuls la France, l'Italie et le Qatar avaient reconnu le Conseil national de transition (CNT) comme interlocuteur légitime. Le Conseil s’apprête désormais à recevoir un représentant de l’Otan à Benghazi, dépêché pour nouer des contacts avec l’opposition.
Le ministère français des Affaires étrangères a également annoncé qu’une réunion technique du groupe de contact sur la Libye, consacrée à l'aide financière au CNT, s’était tenue mercredi à Doha.
Né en février à Benghazi, le CNT s’est organisé au jour le jour. Aujourd’hui considérés sur le plan politique, les rebelles apparaissent comme des acteurs économiques privilégiés. Une reconnaissance internationale pourrait leur donner accès aux milliards de dollars de fonds destinés à la Libye, actuellement gelés par les États-Unis et la Grande-Bretagne, et la possibilité d'obtenir des crédits aux taux accordés aux États souverains.
Mardi, le président Barack Obama avait ordonné formellement le déblocage d'une aide non militaire urgente de 25 millions de dollars (près de 17 millions d’euros) aux rebelles. Les États-Unis ont également autorisé leurs ressortissants àacheter du pétrole aux rebelles, via un décret du Trésor américain consentant à l'achat de « pétrole, gaz et produits pétroliers exportés de Libye sous les auspices du CNT ».
L'ancien directeur de la CIA, Michael Hayden, a par ailleurs estimé que la chute du dirigeant libyen pourrait compliquer la lutte antiterroriste pour les États-Unis, soulignant que Kaddafi était un bon partenaire dans la lutte antiterroriste.
De son côté, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a ironisé sur l'intervention militaire en Libye, se demandant s'il fallait ainsi bombarder tous « les régimes tordus » dans le monde. « Kaddafi n'est plus là, il s'est barré depuis longtemps », a-t-il estimé. (Avec AFP

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