vendredi 25 février 2011

Libye: l'étau se resserre autour de Kadhafi, la pression internationale s'accentue

Libye: l'étau se resserre autour de Kadhafi, la pression internationale s'accentue

publié le 25/02/2011 à 09:42, mis à jour le 25/02/2011 à 10:24
Par AFP
photo:Moubarak,Kadhafi



BENGHAZI (Libye) - L'étau se resserrait vendredi autour du leader libyen Mouammar Kadhafi, pris entre l'opposition maîtresse de l'Est et des combats violents à l'ouest, alors que la communauté internationale accentuait la pression pour tenter de stopper le bain de sang.Evènement

Au 11e jour de l'insurrection contre le pouvoir chancelant de M. Kadhafi qui a accusé ses opposants d'être téléguidés par la nébuleuse Al-Qaïda, les initiatives se multiplient: réunions de l'ONU et de l'Otan, proposition franco-britannique de sanctions et d'embargo total.
Alors que dans la région orientale pétrolière, l'opposition armée s'organise pour une éventuelle marche vers Tripoli afin de chasser le colonel libyen du pouvoir, la nuit a été calme dans la capitale libyenne notamment dans l'est. Le matin, les rues étaient désertes et les magasins fermés.

Des journalistes de l'AFP à Benghazi, épicentre de la contestation à 1.000 km à l'est de Tripoli, ont vu un millier de manifestants rassemblés devant le tribunal local, devenu quartier général de l'insurrection. Certains campaient dans des tentes non loin, des enfants jouaient dans un char abandonné.
Dans une ville plus proche de la capitale, à Musratah (150 km à l'est), des informations non confirmées ont fait état de poursuite des combats entre opposants et partisans du régime.
A l'ouest de Tripoli, dans la ville de Zawiyah (60 km), des "terroristes" ont égorgé plusieurs soldats, selon l'agence officielle Jana, alors que selon le journal libyen Quryna basé à Benghazi 23 personnes ont été tuées et plus de 44 blessées dans l'assaut des forces de sécurité contre la ville.

C'est aux habitants de cette ville que s'est adressé jeudi le "Guide" de la révolution libyenne, plus ancien dirigeant du monde arabe au pouvoir depuis plus de 40 ans.

Il a accusé dans un message audio diffusé par la télévision, Al-Qaïda d'orchestrer l'insurrection en donnant selon lui des "pilules hallucinogènes" aux opposants. Il a aussi exhorté les habitants à arrêter les partisans d'Oussama ben Laden et de les traîner devant la justice.
Dans sa première intervention télévisée mardi, le colonel libyen a juré de réprimer dans le sang l'insurrection, qui a déjà fait plusieurs centaines de morts -de 300 à un millier selon les sources.

Selon des témoins arrivés en Tunisie voisine, la ville de Zouara (120 km à l'ouest de Tripoli) a été "désertée par la police et les militaires". L'ouest du pays semblait jusqu'à présent tenu par les autorités.
Les partisans du "Guide" sont concentrés à Tripoli, où la milice Khamis disposerait notamment de 9.000 combattants, de chars et d'avions, selon des informations non confirmées d'habitants anti-Kadhafi dans la ville d'Al-Baïda (est).
L'armée, de son côté, a été affectée par les mutineries, selon ces sources selon lesquelles le sort de 140 officiers de Tripoli qui s'étaient retournés était inconnu.
A l'étranger, l'indignation s'amplifie contre le régime de M. Kadhafi, de plus en plus isolé après avoir été lâché par ses pairs arabes et plusieurs proches et diplomates.
Paris et Londres ont proposé au Conseil de sécurité de l'ONU qui se réunit à 20H00 GMT à New York un projet de résolution prévoyant "un embargo total sur les armes", "des sanctions", et une "saisine de la CPI pour crime contre l'humanité", selon la chef de la diplomatie française Michèle Alliot-Marie.
A Genève, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU devrait adopter une résolution réclamant une suspension du pays de l'organisation ainsi qu'une enquête indépendante sur les violations commises pendant la répression, selon un projet de résolution.

L'Otan doit aussi tenir une réunion d'urgence consacrée à la Libye.

Face au chaos en Libye, les évacuations dans des conditions difficiles par terre, mer et air continuent, plusieurs pays européens, au premier desquels l'Italie s'inquiétant d'une crise humanitaire du fait de l'exode de dizaines de milliers d'étrangers et de Libyens.

Près de 200 Canadiens et une cinquantaine de Roumains ont été rapatriés dans leurs pays ces dernières heures. La Chine a annoncé avoir déjà évacué 4.600 de ses plus de 30.000 ressortissants travaillant en Libye, grâce à une importante opération navale, terrestre et aérienne.
La Libye détenant les plus importantes réserves de pétrole en Afrique, l'or noir a poursuivi jeudi son envolée sur les marchés, atteignant des prix record depuis plus de deux ans, à près de 120 dollars le baril à Londres et plus de 100 à New York.
La Maison Blanche a estimé que les Etats-Unis et le monde pouvaient faire face à une rupture d'approvisionnement en pétrole liée à la crise en Libye.

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