dimanche 6 février 2011

Être Touareg en Libye

Être Touareg en Libye


Le Livre
Qui es-tu, toi, l’ange??
par Ibrahim Al-Kouni
Al-Mouassassa al-arabya lil dirassat wal nachr
http://www.booksmag.fr/breves/tre-touareg-en-libye-335/

photo:Touaregs Libye

Il est des prénoms qui n’ont pas droit de cité dans la Libye de Kadhafi. Comme celui qu’a choisi Massi, un Touareg Amazigh sédentarisé, pour son premier fils : « Un nom qui n’est pas des nôtres, dans une langue d’un autre temps pour un homme d’une autre civilisation », lui lance l’officier d’état civil. Ce refus de « Jurgerten » (« le grand héros » en berbère), parce que païen et non arabe, lance le héros du dernier roman de l’écrivain libyen Ibrahim Al-Kouni dans un combat acharné pour la reconnaissance de son identité.
« C’est probablement le premier livre d’Al-Kouni à faire le récit d’une expérience réelle sur une question actuelle », note l’écrivain égyptien Hamdi Abou Galil dans le supplément littéraire du quotidien libanais As-Safir. Jusqu’alors, l’auteur d’une soixantaine de romans et nouvelles s’inspirait essentiellement des contes populaires du désert pour écrire des fables symboliques. Avec « Qui es-tu, toi, l’ange ? », Al-Kouni se fait le porte-voix de son peuple, et dénonce le traitement dont il est victime. Comme le dit un personnage du roman, les Touaregs sont considérés comme des « infiltrés, représentant un danger plus grand pour l’unité et l’identité du pays que des armées ennemies ».

Son obstination à enregistrer le prénom de son fils fera perdre à Massi sa nationalité et l’échoppe qui le faisait vivre. L’enfant, devenu jeune homme, finira par haïr son prénom, au point de trahir son père et ses racines…

Al-Kouni parviendra-t-il à faire reculer l’intolérance par la fiction ? Rien n’est moins sûr. En voulant défendre son identité, « il en vient à nier celle des autres », estime Abou Galil. Ce dernier rapporte dans sa critique deux commentaires trouvés sur Internet à propos du roman, l’un d’un Amazigh libyen et l’autre d’un Arabe, qui reflètent parfaitement l’incompréhension totale qui règne entre les deux groupes.

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