mercredi 13 octobre 2010

Réunion d'experts anti-terroristes au Mali où Aqmi détient sept otages

Réunion d'experts anti-terroristes au Mali où Aqmi détient sept otages

De Stéphane BARBIER (AFP)
photo :Droukdel Emir d'Aqmi

BAMAKO — Des experts de la lutte anti-terroriste des pays du G8 ont entamé symboliquement mercredi une réunion à Bamako, capitale d'un pays dont la partie nord est un des théâtres d'opération d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui y détient sept otages, dont cinq Français.
Que ces experts se réunissent au Mali à ce moment précis pour étudier les moyens de renforcer la lutte anti-terroriste, "est une marque d'estime et de confiance", a déclaré Moctar Ouane, ministre malien des Affaires étrangères, à l'ouverture des travaux d'experts du Groupe d'action contre le terrorisme du G8 (GACT).
Une réunion de deux jours élargie à plusieurs pays de la bande sahélo-saharienne et d'Afrique de l'Ouest, ainsi qu'à l'ONU, l'Union africaine (UA), l'Union européenne (UE) et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
L'Algérie, pays le plus puissant de la bande sahélo-saharienne, a boycotté la rencontre à laquelle participe son plus grand rival régional, le Maroc.
Alger, qui a régulièrement critiqué Bamako par le passé pour son laxisme à l'égard d'Aqmi, considère en outre que la lutte contre cette organisation est l'affaire des seuls pays du Sahel et ne souhaite pas l'implication de pays qui y sont étrangers.
"Je suis attristée par les circonstances qui nous réunissent aujourd'hui, la menace constante et inquiétante du terrorisme", a déclaré Virginie Saint-Louis, ambassadrice du Canada à Bamako, présidente de la rencontre.
La diplomate canadienne a rappelé l'attentat commis le 1er octobre à Abuja lors de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance du Nigeria (12 morts) et l'enlèvement mi-septembre, dans le nord du Niger, de sept étrangers (cinq Français, un Malgache et un Togolais), transférés dans le nord-est du Mali où ils sont retenus en otage par Aqmi.
"Aqmi ne respecte pas plus les frontières qu'elle ne respecte les règles internationales, la souveraineté nationale ou, bien sûr, la vie de gens innocents", a noté l'Australien Mike Smith, directeur exécutif du comité contre le terrorisme de l'ONU.
"Au contraire, Aqmi exploite l'existence des frontières" en implantant "des abris et des camps d'entraînement dans les coins reculés de la région, d'où elle lance des attaques dans les territoires d'autres pays," a-t-il souligné.
Selon lui, "le seul moyen pour les Etats du Sahel d'être capables de contrer cette menace de manière efficace sur le long terme", c'est d'agir "collectivement" par une "coopération opérationnelle dans des domaines comme le renseignement" et "le contrôle des frontières".
Il a également encouragé ces Etats à travailler avec des puissances "en dehors de la région" et à construire "une confiance mutuelle par le biais d'exercices et d'entraînements communs".
Le manque de coopération régionale dans la lutte anti-Aqmi et les réticences à l'égard de l'implication de pays comme la France ou les Etats-Unis, favorise les activités d'Aqmi qui commet attentats et enlèvements dans le Sahel, mais est également soupçonnée d'entretenir des liens avec d'autres groupes radicaux islamistes en Afrique de l'Ouest.
La multiplication des activités d'Aqmi semble avoir cependant entraîné une prise de conscience dans ces pays sur la nécessité de s'entendre face au groupe.
Fin septembre, en l'espace de quatre jours, les états-majors des armées du Mali, du Niger, de l'Algérie et de la Mauritanie se sont réunis à Tamanrasset (sud de l'Algérie) où a été établi un commandement militaire conjoint, et ont créé à Alger un centre conjoint du renseignement.



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