lundi 31 mai 2010

Rapport 2009 d’Amnesty international : L’Afrique encore épinglé pour sa "dictature" et son "insécurité"

Paul Mben-22 Septembre, 31/05/2010

Rapport 2009 d’Amnesty international : L’Afrique encore épinglé pour sa "dictature" et son "insécurité"
lundi 31 mai 2010

Le Rapport 2009, resté plusieurs jours sous embargo, a été révélé à la presse malienne, le vendredi 28 mai, au siège d’Amnesty International Mali. Un document de plus de 480 pages qui rassemble des informations sur la situation en matière de droits humains de 157 pays et territoires en 2008.
Selon les explications du Directeur Exécutif d’Amnesty International Mali, Saloum B. Traoré, ledit rapport "dénonce les discriminations et l’insécurité structurelles qui empêchent les progrès dans le domaine législatif de se concrétiser sur le terrain". Selon toujours lui, "le Rapport 2009 révèle un monde où, bien souvent, les États choisissent à leur gré les droits qu’ils sont disposés à défendre et ceux qu’ils préféreraient étouffer".
Et dans cette catégorie, le document que nous nous sommes procurés et que nous avons parcouru, n’épargne pas l’Afrique. "De nombreux autres Africains, ont subi de plein fouet la hausse des prix des denrées alimentaires et des produits de base. Des manifestations ont été organisées et les autorités ont tué…À travers tout le continent, les citoyens ont manifesté contre une situation socioéconomique insupportable et la flambée du coût de la vie. Certaines manifestations ont dégénéré et des biens privés et publics ont été détruits ; de leur côté, les autorités ont souvent fait usage d’une force excessive pour les réprimer. Un grand nombre de personnes qui affirmaient leur droit à un niveau de vie décent et, notamment, leur droit à l’alimentation ont été blessées ou tuées par les forces de sécurité. Des manifestants ont été arbitrairement arrêtés et placés en détention, et certains ont été maltraités ou condamnés à des peines d’emprisonnement à l’issue de procès inéquitables. Dans la plupart des cas, aucune enquête n’a été menée pour identifier les membres des forces de sécurité qui avaient porté atteinte aux droits humains pendant les opérations de maintien de l’ordre liées aux manifestations" relève le rapport.
Côté sécurité, le diagnostic de l’organisation internationale n’est, non plus, tendre : "Les habitants de nombreux pays d’Afrique subissaient les conséquences des conflits armés et de l’insécurité…Dans certains conflits armés particulièrement âpres, les forces gouvernementales et les groupes armés n’ont manifesté aucun respect ni pour la dignité ni pour l’intégrité physique des populations. Les civils étaient très régulièrement pris pour cibles, le viol et d’autres formes de violences sexuelles restaient monnaie courante, des enfants ont bien souvent été enrôlés pour participer aux hostilités et des employés d’organisations humanitaires ont été attaqués. Lorsque des crimes relevant du droit international ont été perpétrés au cours de ces conflits armés, les responsables n’ont quasiment jamais été inquiétés". Le rapport de conclure qu’il existe toujours "un énorme décalage entre les discours des dirigeants africains- qui affirment protéger et respecter les droits humains- et la réalité quotidienne sur le terrain, où les atteintes à ces droits restent la norme…La situation déjà très difficile des populations est aggravée par les carences des États, qui ne leur fournissent pas les services sociaux essentiels, ne garantissent pas le respect de l’état de droit, ne combattent pas la corruption et ne rendent pas de comptes aux citoyens. Alors que les perspectives de l’économie mondiale semblent de plus en plus sombres, l’espoir réside dans la vitalité dont les sociétés civiles du continent ne cessent de faire preuve et dans la détermination des défenseurs des droits humains qui, malgré les risques encourus, sont prêts à remettre en cause des intérêts bien établis".

Mali : Nord, manif, peine de mort…

Dans le chapitre qui concerne notre pays, à la page 286, on note plusieurs points soulevés par le document, dont trois. Il s’agit du conflit au Nord, de la manifestation contre la vie chère et de la loi abolissant la peine de mort. Ainsi, on peut noter que des manifestations pacifiques ont été organisées pour protester contre la hausse du prix des produits de base, ainsi que contre les projets de privatisation de la distribution de l’eau dans le nord-ouest du pays. Dans la région de Kidal, dans le nord-ouest du pays, le conflit a redoublé d’intensité, en particulier en mars et en avril.
Pour ceux qui ne l’ont pas encore découvert, l’ouvrage s’ouvre sur cinq résumés régionaux présentant les tendances et événements essentiels qui ont dominé l’actualité des droits humains dans chaque région en 2008.
La partie principale est une étude de la situation des droits humains, pays par pays, de l’Afghanistan au Zimbabwe. Chaque entrée commence par un résumé de l’état des droits humains dans le pays traité. Elle expose ensuite les préoccupations d’Amnesty International sur un certain nombre de questions, au besoin en citant des cas concrets.
"Le fait qu’un thème ne soit pas abordé pour un pays donné ne signifie pas qu’aucun acte relevant de ce sujet de préoccupation n’y a été commis, pas plus que l’absence d’un pays ou territoire n’implique qu’aucune atteinte aux droits humains n’y a été perpétrée", a précisé Saloum B Traoré, lors de la conférence de presse.
Amnesty International, il faut le rappeler, est un mouvement mondial réunissant des personnes qui œuvrent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. La vision d’Amnesty International est celle d’un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains.
Afin de poursuivre cet idéal, Amnesty International mène de front ses missions de recherche et d’action dans le but de prévenir et de faire cesser les graves atteintes aux droits humains, quels qu’ils soient (civils, politiques, sociaux, culturels ou économiques). De la liberté d’expression et d’association à l’intégrité physique et mentale, de la protection contre les discriminations au droit au logement, ces droits sont indivisibles.
Amnesty International est financée essentiellement par ses membres et par les dons de particuliers. Elle ne cherche à obtenir ni n’accepte aucune subvention d’aucun gouvernement pour mener à bien ses recherches et ses campagnes contre les atteintes aux droits humains. Amnesty International est indépendante de tout gouvernement, de toute idéologie politique, de tout intérêt économique et de toute religion.
Amnesty International est un mouvement démocratique. Les principales décisions politiques sont prises par un Conseil international (CI) qui se réunit tous les deux ans et qui est composé de représentants de toutes les sections nationales.
Le CI élit un Comité exécutif international (CEI), chargé de mettre en œuvre ses décisions et dont la composition est la suivante : Soledad García Muñoz (Argentine, vice-présidente), Deborah Smith (Canada anglophone), Imran Riffat (États-Unis, membre coopté), David Stamps (États-Unis, trésorier international), Pietro Antonioli (Italie), Vanushi Rajanayagam Walters (Nouvelle-Zélande), Lilian Gonçalves-Ho Kang You (Pays-Bas), Tjalling J. S. Tiemstra (Pays-Bas, membre coopté), Peter Pack (Royaume-Uni, président), Christine Pamp (Suède) et Levent Korkut (Turquie). Le poste de secrétaire général d’Amnesty International est actuellement occupé par Irene Khan (Bangladesh).

Paul Mben

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