mercredi 26 mai 2010

Dans l'enfer des enfants chercheurs d'or

Dans l'enfer des enfants chercheurs d'or
Afrique, or, près de chez moi, témoignage, Insolite
Par toganim le 26/05/2010 à 13:17, 
Le post 
Une étendue désertique nous fait face. De chaque côté de la route, des monticules de terre et de temps à autre, une tête qui émerge. Nous venons d'arriver chez les forçats de l'or.
Gorom Gorom à l'extrême nord du Burkina Faso est une ville du Sahel. C'est un lieu touristique qui fut très prisé il y a bien longtemps. Des avions charter y déposaient chaque semaine leurs flots de passagers.
L'hôtel tombe en ruine, on dort dehors sur un matelas posé à même le sol, protégé par une moustiquaire trouée. Après 1.500 kilomètres en voiture, je viens, une fois de plus, passer quelques jours dans le désert qui commence juste après la ville.
La région est superbe et notamment les magnifique dunes d'Oursi, où le coucher du soleil est à nulle part ailleurs comparable. De nombreux touaregs vivent dans cette région. Hommes et femmes superbes et fiers qui viennent à dos de dromadaires vendre leur artisanat sur le grand marché.
Ce matin, Abdoulaye, mon jeune guide, me demande si je souhaite visiter la mine d'or, proche de Markoy, qui se trouve une soixantaine de kilomètres plus à l'est, en direction du Niger. Ne connaissant pas cette partie du Burkina Faso, j'accepte avec entrain.
Sur la route qui traverse des étendues désertiques, nous visitons de magnifiques villages colorés. Après deux heures de trajet, nous arrivons au milieu de nulle part. Seuls des monticules de terre indiquent une activité intense.
Abdoulaye me demande de me garer et me précise que la mine d'or ne se visite pas car elle appartient à l'Etat. Cependant, quelques kilomètres avant la mine officielle, un cohorte d'hommes et de femmes tentent à main nue de s'offrir une part du gâteau.
Nous nous approchons d'un trou d'une dizaine de mètres de profondeur. Au fond de celui-ci, une jeune fille creuse le sol avec une houe, pendant qu'un garçon d'une douzaine d'années remonte au bout d'une corde la terre ainsi prélevée. Tout autour de nous ce sont des centaines d'enfants qui s'activent de la sorte sous une température qui dépasse les 45°C.
Ici, tous croient à la bonne étoile et au filon qui les rendra riches. Dans ces plaines désertiques où le travail est rare et la culture difficile, la recherche de l'or est l'alternative des plus pauvres. Sans équipements, dans une anarchie complète, ils cherchent de l'or au fond de galeries qui atteignent parfois 20 mètres de profondeur et qui sont si étroites que seuls les enfants peuvent s'y glisser.
Chaque année, à la saison des pluies, les eaux de ruissellement font s'effondrer nombre de ces frêles cavitées, ensevelissant les malchanceux qui s'y trouvent ( source parisien.fr et lefaso.net ). Ces risques n'arrêtent pas ceux que l'on nomme désormais les "s'en fout la mort" en référence aux chauffeurs routiers qui avec leurs engins foncent sur les pistes africaines sans se préoccuper ni des passants ni de leur propre vie.
La rumeur d'un filon est souvent à l'origine de l'arrivée de milliers de malheureux et ce sont des villages complets qui sortent de terre du jour au lendemain là ou auparavant il n'y avait absolument rien. Ces chercheurs d'or ne respectent pas les populations locales ni la propriété terrienne, mais ces arrivées massives permettent à une petite économie locale de voir le jour..
Chaque gramme d'or est vendu environ 12 euros. A côté de chaque mine à ciel ouvert, des acheteurs rivalisent d'ingéniosité pour attirer les quelques chanceux qui ont trouvé les précieuses paillettes. Promesse d'un meilleur prix, don d'un calendrier ou d'un t-shirt rien n'est trop "beau" pour obtenir l'or qui sera revendu plus tard dans la capitale.
On estime à 27.000, le nombre d'enfants qui travaillent dans ces mines clandestines. La nuit venue, ils s'endorment à même le sol, les uns serrés contre les autres, rêvants des paillettes d'or qui changeront leur vie.

E.F
(Sources: Colibri, Le Parisien, Le Faso)

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