AFP / 25 février 2010 18h39
La patronne d’Areva, Anne Lauvergeon, sous pression
jeudi 25 février 2010
PARIS - Difficultés de l’EPR, cession à contrecoeur de la filiale T&D, débats houleux sur la filière nucléaire française : la présidente d’Areva Anne Lauvergeon, au centre de nouvelles rumeurs sur son éventuelle éviction, est sous pression depuis plusieurs mois.
Selon le site d’information financière Wansquare, l’Elysée aurait décidé de mettre fin dans les prochains jours à son mandat qui court théoriquement jusqu’en 2011, une information qu’a démentie la présidence et que le groupe a refusé de commenter.
Depuis plusieurs mois, la presse s’interroge régulièrement sur l’avenir de la patronne d’Areva, qui a vu les difficultés s’accumuler en 2009.
Dès février, le groupe allemand Siemens, qui possède 34% dans Areva NP, la filiale de réacteurs du groupe nucléaire, annonce son intention de tourner le dos à son partenaire français pour s’allier au groupe russe Rosatom.
Fin juin, nouveau coup dur : "Atomic Anne", comme la surnomment les Américains, est contrainte, pour assurer le financement du groupe, d’accepter la cession de la division Transmission et Distribution de son groupe, en échange d’une ouverture du capital, actuellement détenu à plus de 97% par l’Etat.
A l’automne, à contrecoeur, Anne Lauvergeon cède donc Areva T&D aux sociétés françaises Alstom et Schneider, qui entendent se partager les deux pôles de la filiale. Une solution qu’elle avait pourtant exclue en juin, assurant qu’il n’y aurait pas de "vente à la découpe".
Et la fin de l’année n’a guère été plus rose : Abou Dhabi a préféré l’offre du groupe sud-coréen Kepco à celle du consortium français regroupant notamment EDF, GDF Suez, Total et Areva, qui tentait de lui vendre le réacteur de 3e génération EPR, fleuron du groupe d’Anne Lauvergeon. Un contrat évalué à 20 milliards de dollars.
Les retards sur les chantiers de l’EPR en Finlande et, dans une moindre mesure, à Flamanville (Manche) et la mise en garde des autorités de sûreté nucléaire britannique, française et finlandaise sur son système de contrôle-commande avaient déjà jeté une ombre sur le réacteur.
L’échec d’Abou Dhabi a conduit certains observateurs à s’interroger sur la stratégie "haut de gamme" d’Anne Lauvergeon : l’EPR, dont les standards de sécurité sont très élevés, est en effet plus cher que d’autres réacteurs concurrents et jugé trop puissant pour certains clients potentiels.
Ce camouflet a plus généralement relancé le débat sur la filière nucléaire française. Celui-ci avait déjà été engagé tambour battant par Henri Proglio lors de son arrivée à la tête d’EDF cet automne.
Avant même sa prise de fonctions, ce dernier avait affirmé vouloir faire d’EDF, qui se dispute avec Areva le leadership du nucléaire français depuis des années, le chef de file de la filière en France.
Il avait même critiqué ouvertement la fusion, menée par Anne Lauvergeon, de Framatome, fabricant de réacteurs, et de la Cogema, fournisseur de combustibles, qui a donné naissance à Areva en 2001. Une remise en cause directe du modèle "Nespresso" vanté par Mme Lauvergeon, Areva vendant à la fois la "cafetière" - les réacteurs - et les "capsules" - le combustible.
Bien que rapidement remis à sa place par le gouvernement, M. Proglio a encore manifesté son désir de faire d’EDF le "capitaine" de l’équipe de France du nucléaire début février. Et les deux groupes se sont à nouveau opposés ouvertement sur la gestion des déchets nucléaires début 2010. Au point que leurs deux patrons ont été convoqués à Matignon.
Au printemps, l’ex-PDG d’EDF François Roussely, nommé par le président de la République, doit d’ailleurs remettre une étude sur l’avenir du nucléaire français.
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