jeudi 28 janvier 2010

La France, cible d'Al-Qaeda


Terrorisme
La France, cible d'Al-Qaeda
Par Eric Pelletier, publié le 28/01/2010
L'EXPRESS.fr
Alors que Ben Laden a renouvelé ses menaces contre les Etats-Unis, Loïc Garnier, chef de l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat), décrypte les risques pour l'Hexagone.

Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) détient six otages occidentaux, dont un Français, Pierre Camatte. Avez-vous obtenu des preuves de vie du ressortissant français?
Nous pensons qu'il est vivant. Nous travaillons activement à sa libération. La zone sahélienne aux confins du Mali, de la Mauritanie et de l'Algérie est devenue très dangereuse pour les Occidentaux, en particulier les Français. Les katibat, unités combattantes d'Aqmi, se livrent à une surenchère.

Les débats sur le port du voile intégral et sur l'identité nationale accroissent-ils la menace terroriste?
Al-Qaeda compte exploiter la situation, au moins à des fins de propagande. Dès le 3 août 2009, dans un communiqué, Ayman el-Zawahiri, n°2 de l'organisation, avertissait : "Cette France qui combat le hidjab paiera le prix de tous ses crimes." Il n'y a donc aucune raison de baisser la garde.

Le dernier attentat islamiste sur le sol français date cependant de 1996...

Plusieurs actions ont pu être évitées, grâce à une neutralisation judiciaire des filières et à la coopération internationale. Mais, depuis 1996, d'autres attentats ont visé les intérêts français à l'étranger. Ainsi, le 8 août 2009, un kamikaze de 22 ans, cherchant à pénétrer dans notre ambassade en Mauritanie, faisait exploser sa ceinture d'explosif, blessant deux gendarmes...

Quels enseignements tirez-vous de la tentative d'attentat contre le vol Amsterdam-Detroit, le 25 décembre dernier?Le marché aux otages continue
Humanitaires au Darfour, journalistes en Afghanistan, agent de la DGSE en Somalie... d'après le Quai d'Orsay, huit Français se trouvent toujours entre les mains de preneurs d'otages. Au total, en 2009, 30 ressortissants ont été enlevés, contre 59 en 2008. Cette année-là, les Français représentaient la nationalité la plus kidnappée au monde après les Chinois, selon l'assureur Hiscox.

E. P.Les autorités françaises travaillent au renforcement des règles de sûreté aérienne, par l'exploitation des "données passagers" dès la réservation ou par l'installation de portiques de détection plus performants. Nous portons aussi une grande attention au dispositif utilisé par le terroriste : il ne comportait aucune pièce métallique, ce qui le rend difficilement détectable, mais complique sa mise à feu. Cette tentative présente des similitudes avec l'attaque qui a visé le prince Ben Nayef, vice-ministre de l'Intérieur d'Arabie saoudite, en août 2009. Le terroriste, venu lui aussi du Yémen, avait caché de la pentrite dans ses sous-vêtements. Les deux actions ont d'ailleurs été revendiquées par Al-Qaeda dans la péninsule arabique (Aqpa).

Au Yémen justement, des Français combattent-ils au côté d'Al-Qaeda?Nous n'en avons pas connaissance. Mais il convient de faire la distinction entre le djihad combattant et le parcours de Français désireux d'étudier l'arabe littéraire et la théologie à l'étranger. Plusieurs dizaines de jeunes gens sont dans ce cas au Yémen. D'autres font le voyage jusqu'aux universités coraniques d'Egypte ou d'Arabie saoudite. Ceux qui prennent les armes restent marginaux: une dizaine de Français se trouvent actuellement dans la zone pakistano-afghane.

Pourquoi un imam officiant en Seine-Saint-Denis a-t-il été expulsé vers Le Caire, le 7 janvier?
Pour une raison simple: nous ne tolérons pas les appels au meurtre. En 2009, 14 islamistes radicaux ont été renvoyés dans leur pays d'origine après avoir purgé leur peine de prison.

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