samedi 25 juillet 2009

L’opposition anti-référendum au Niger porte plainte contre la CENI

APA – Niamey (Niger)
vendredi 24 juillet 2009

APA – Niamey (Niger) L’opposition nigérienne réunie au sein de la Coordination des forces pour la démocratie et la république (CFDR), une coalition de partis et syndicats, a déposé vendredi une plainte contre le Président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ainsi que ses collaborateurs, pour leur engagement à organiser le referendum constitutionnel du 4 août, jugé « illégal » par la Cour constitutionnelle

« Nous avons décidé de porter plainte contre le président de la CENI et les membres du bureau pour non respect de l’arrêt de la Cour constitutionnelle (…) alors même que la constitution impose à chaque citoyen de respecter et défendre les arrêts rendus par cette haute juridiction » a dit El hadj Mahamane Ousmane, un des responsables de la CFDR.

Selon lui, leur acte consiste à « amener » les membres de la Commission électorale de « rester dans la légalité républicaine ».

Les délégués des partis et organisations membres de la CFDR ont démissionné début juillet de la CENI, en même temps que la représentante de l’Ordre des avocats du Niger.

« D’autres plaintes seront bientôt déposées contre les membres de la CENI, au niveau communal, départemental et régional » a annoncé Elh Ousmane, également président de la Convention démocratique et sociale (CDS), principal allié du régime en rupture avec le Président Tandja.

Le Président nigérien, Mamadou Tandja, a fixé au 4 août un référendum pour adopter une nouvelle constitution qui lui permettra d’exercer ses fonctions présidentielles jusqu’en 2012, alors qu’il devait se retirer du pouvoir au terme de son deuxième quinquennat qui expire le 22 décembre, selon la Constitution actuelle.

Pour y parvenir, le Chef de l’Etat a d’abord dissout le parlement avant de s’accorder des « mesures exceptionnelles » au terme desquelles il a décidé de gouverner par décrets et ordonnances. En même temps, il a modifié le code électoral et dissout la Cour constitutionnelle qui a déclaré ce referendum « non conforme à la constitution ».

Le nouveau texte, qui sera soumis à référendum, consacre l’entrée dans une sixième république marquée par la non limitation des mandats présidentiels contrairement à l’actuelle loi fondamentale qui limite le mandat présidentiel à deux de cinq ans une fois renouvelable.

Ex-colonel de l’armée de 71 ans, le Président Tandja justifie son projet par les « incessants appels du peuple » qui réclame un référendum pour lui accorder quelques années de plus en vue de « parachever » divers chantiers lancés dans le cadre de la construction nationale

« On est en train de vouloir que je recule (…) parce que l’opinion internationale veut que je le fasse, mais je ne le ferai jamais », a-t-il affirmé, ajoutant que « si le oui l’emporte je suis retenu (…) et si le non passe, je suis libéré » a-t-il lancé, au lendemain d’une rencontre qu’il eue avec une mission conjointe des Nations Unies, de l’Union africaine et de la CEDEAO.

Cette mission avait exprimé à Niamey les « vives préoccupations » de la communauté internationale sur la situation politique au Niger, après avoir rencontré le Président Tandja ainsi que les responsables des partis politiques et associations du pays.

L’opposition a qualifié la tenue de ce référendum de « coup d’Etat » et appelé ses militants à « empêcher » son déroulement dans les huit régions du pays.

Après les condamnations de Paris, Washington, Ottawa et Berne, l’Union européenne, qui a déjà exprimé sa « plus vive préoccupation », a décidé de bloquer le versement d’une aide destinée aux dépenses de l’Etat nigérien. Le montant de cette aide s’évalue, selon des sources officieuses à une dizaine de millions d’euros destinés à appuyer le budget national. DS/of/APA 2009-07-24 19:57:13

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