TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
lundi 11 mai 2009
PREMIERE JOURNEE ANTI- TAZARTCHE (JAT)...NIAMEY LE 09 MAI 2009...
PREMIERE JOURNEE ANTI- TAZARTCHE (JAT)...NIAMEY LE 09 MAI 2009...
Ecrit par CEN-PNDS.TARAYYA,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs
Le Conseil Supérieur de la Communication a décidé que les medias publics ne couvriront pas le présent meeting. Nous dénonçons cette décision liberticide du pouvoir. Comme toutes les dictatures, celle qui s’installe au Niger a peur de la vérité. Elle a peur que l’opinion sache de quel côté se trouve le peuple. A l’heure d’internet et du téléphone portable les néo-dictateurs nigériens, qui ont la tête dans les années 70, ne savent pas que le monde entier est devenu un village. Ce qui se passe aujourd’hui, sur cette place, sera connu, inchah Allah, du monde entier. Par ailleurs, les médias publics n’étant pas une propriété privée, le combat pour y avoir accès s’inscrit dans le cadre global de notre combat démocratique.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs
Dans exactement trois mois, la constitution du 09 Août 1999 aura dix ans. Elle détient le recors de longévité de l’ère démocratique. Cette longévité relativement exceptionnelle tient à deux facteurs : la maturité de la classe politique et la constitution elle-même.
En effet, la classe politique a, en partie, tiré des leçons des échecs de la décennie 90. Elle n’a certes pas pu mettre fin à toutes les tares de notre pratique de la démocratie, loin s’en faut, mais elle a su décrisper les rapports en son sein, notamment par la mise en place du Conseil National de Dialogue Politique (CNDP). En particulier, l’opposition n’a ni brûlé des pneus, ni saccagé des édifices publics comme ce fut le cas dans les années 1993- 1994.
Elle avait certes organisé des marches et des meetings pour dénoncer la mal gouvernance politique et économique, mais considérant que l’opposition peut aussi revêtir une autre forme, elle avait privilégié, depuis 2006, le dialogue politique à tous les niveaux : à l’Assemblée nationale où l’accent a été mis sur la mise en place des commissions d’enquêtes parlementaires, au CNDP ainsi que dans les rencontres avec le Président de la République. Sans conteste, cela a contribué à créer un climat de démocratie apaisée permettant une stabilisation des institutions démocratiques.
Personne ne peut nous reprocher d’avoir voulu la paix pour notre pays. Le Gouvernement lui-même a reconnu, à diverses occasions, que l’opposition a eu un comportement responsable. Mais, malheureusement, avec le « tazartché » qui déclare la guerre à la démocratie, nous n’avons pas d’autre choix que de tirer notre sabre du foureau.
Mesdames, Messieurs
L’autre facteur de stabilité est la constitution elle-même. Partant de l’idée que le principal danger qui guette notre fragile régime démocratique est la restauration autoritaire, elle a décidé de l’endiguer au moyen de dispositions rendant impossible la confiscation du pouvoir par un seul homme ou même par une fraction de notre peuple. En particulier, elle a limité le nombre de mandat présidentiel à deux comme aux USA (la plus grande démocratie) et comme, récemment, en France ; elle a défini les conditions du recours au référendum ainsi que les procédures de sa propre révision. Toutes ces dispositions sont connues, y compris du grand public. Néanmoins il est bon de les rappeler afin que personne ne s’aventure à les violer sous le prétexte de ne pas en avoir connaissance.
Mesdames, Messieurs
La limitation des mandats est régie par les dispositions de l’article 36 de la constitution qui stipule que : « le Président de la République est élu pour cinq (5) au suffrage universel libre, direct, égal et secret. Il est rééligible une seule fois». Cet article autorise donc au maximum deux mandats continus et interdit toute prolongation de la durée des mandats
Le référendum est, quant à lui, encadré par les dispositions de l’article 49 : «le Président de la République peut, après avis de l’Assemblée Nationale et du Président de la Cour Constitutionnelle, soumettre au référendum tout texte qui lui paraît devoir exiger la consultation directe du peuple à l’exception de toute révision de la présente constitution qui reste régie par la procédure prévue au titre 12 ».
L’article 136 définit les dispositions de la constitution qui ne sont pas susceptibles d’être révisées. Concernant ces dispositions, aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie. L’article 36, relatif à l’élection et au mandat du Président de la République, figure parmi ces dispositions.
Par ailleurs, la loi n° 2004-46 du 16 Juin 2004 déterminant les conditions du recours au référendum dispose en son article 2, alinéa 4 : « aucun texte relatif aux dispositions de l’article 136 de la constitution ne peut être soumis au référendum ». En particulier, cela veut dire q’aucun texte relatif à l’article 36 ne peut être soumis au référendum. On ne peut être plus clair.
Toutes ces dispositions constituent autant de digues en vue de contenir toute tentative de retour à un régime de dictature. Or, c’est précisément à la destruction de ces digues que s’attaque le Président de la République. Cette agression contre la constitution justifie, à posteriori, la pertinence de ces dispositions dont la valeur prémonitoire est aujourd’hui incontestable.
Mesdames, Messieurs
Que veut le Président de la République ? Il veut une nouvelle constitution pour se maintenir au pouvoir.
Pour quoi veut-il se maintenir au pouvoir ? Il semble que c’est pour lui permettre de terminer les chantiers qu’il a engagés. Il semble aussi que c’est parce qu’aucun autre nigérien n’est, pour le moment, digne de la fonction présidentielle. Je ne commenterai pas ce dernier point : je laisse à chacun des 15 millions des nigériens le soin de réfléchir à la réponse que réclame une telle insulte, insulte qui s’adresse, au premier chef, aux militants du MNSD et ensuite aux autres militants de l’alliance qui l’a porté au pouvoir.
Comment compte-t-il s’y prendre pour faire aboutir ce projet ubuesque? Le président de la République lui-même, dans une interview accordée à France 24 et Libération, le 4 Mai à Imouraren, a répondu à la question, je cite : « mais la constitution autorise un référendum. Le peuple demande que je reste, je ne peux pas rester insensible à son appel ». Le « tazartché » a désormais un chef déclaré : le Président de la République lui-même. Il est devenu, comme on dit en mathématiques, le PGCD, c'est-à-dire le Plus Grand Diviseur Commun : après avoir divisé son parti, le MNSD, voilà qu’il tente de diviser les Nigériens.
Du reste, c’était un secret de Polichinelle car on soupçonnait depuis longtemps que le projet avait reçu sa bénédiction. On le soupçonnait depuis qu’il disait aux uns qu’il prendrait sa retraite le 22 Décembre 2009, ajoutant, s’adressant aux autres : «sauf si le peuple me retenait par le grand boubou ». On le soupçonnait depuis que les Gouverneurs et autres préfets faisaient organiser des manifestations précisément pour apporter la preuve que le peuple a décidé de le retenir « par le grand boubou ». On le soupçonnait depuis que le Gouvernement au grand complet a patronné, le 22 Décembre 2008, la cérémonie du 4ème anniversaire de son deuxième mandat, cérémonie au cours de laquelle le mémorandum du « tazartché » a été rendu public, avant d’être transmis à l’Assemblée Nationale. On le soupçonnait depuis que celle-ci était soumise à des pressions et autres chantages pour qu’elle réponde au mémorandum du « peuple ».
Mesdames, Messieurs
Le « tazartché » n’est motivé ni par les « chantiers », ni par le patriotisme. C’est une escroquerie politique soutenue à coup de propagande pour berner les Nigériens.
La première preuve de ce que nous venons d’affirmer c’est que l’opération « mains propres », qui est hautement patriotique, s’est transformée en opération « tazartché contre impunité ». Le soutien au « tazartché » vaut absolution de tous les crimes économiques. Nous savons, par exemple, que des pressions « patriotiques », à partir d’un niveau élevé, sont exercées sur des députés pour qu’ils refusent la mise en place de la commission d’enquête parlementaire sur les conditions d’attribution des titres miniers et pétroliers.
Or, des commissions d’un montant de 400 à 500 millions de FCFA et, pour certains cas, d’un montant de plusieurs milliards auraient été versées à des « patriotes ». Le « tazartché » est donc une association dont l’objectif est de faire fructifier des intérêts privés, une association de tous ceux qui bénéficient des marchés de gré à gré, de tous ceux qui s’engraissent des surfacturations et des fausses factures. Le récent scandale de la compagnie aérienne Arik-Niger, impliquant un partisan du « tazartché » bien connu, est là pour confirmer que la République Démocratique que nous voulons est devenue la république du business.
La deuxième preuve, c’est que pour construire l’image du « patriote modèle », on a inventé la fable du monopole d’Areva auquel on aurait mis fin à l’occasion des récentes négociations. A la question : « êtes-vous satisfait de l’accord avec Areva sur la mine d’Imouraren qui permettra la production de 5000 tonnes d’uranium d’ici trois ans ? », le Président de la République a répondu : « c’est ce qu’attendait le Niger depuis l’indépendance : un accord à égalité entre nous et notre partenaire. Nous vivons dans un monde d’intérêts, chacun lutte pour défendre les siens ».
Voilà comment on déforme l’histoire, l’objectif étant, ici, de convaincre les Nigériens de ce que les régimes précédents, notamment ceux de Diori et de Kountché n’ont pas correctement défendu les intérêts du pays. Or, Areva, et avant elle Cogema, n’a jamais eu de monopole au Niger. La diversification des partenaires et la sauvegarde des intérêts du Niger dans le secteur de l’uranium ont été le souci constant de tous les régimes qui se sont succédé avec des succès divers, en fonction de l’évolution du rapport des forces sur le marché de ce produit. Ainsi, la Somaïr, créée en 1968, avait comme actionnaires, la Cogema, l’ONAREM, une société allemande et une société italienne.
L’Allemagne et l’Italie ayant décidé de renoncer à leur programme nucléaire au début des années 80, les sociétés de ces deux pays ont décidé de se retirer du capital de la Somaïr. Après ce retrait, le capital de la Somaïr fut reparti de la manière suivante : 64,4% pour Cogema (maintenant Areva) et 36,6% pour ONAREM (maintenant SOPAMIN). Quant au capital de la Cominak, créée en 1974, il était et est toujours reparti comme il suit : 34% pour Cogema (maintenant Areva), 31% pour l’ONAREM (maintenant SOPAMIN), 25% pour OURD (société japonaise), 10% pour ENUSA (société espagnole).
Je répète donc, Areva n’a jamais eu de monopole, contrairement à ce que dit la propagande officielle qui s’est fixée pour objectif la valorisation des actions du régime: des Allemands, des Italiens, des Japonais, des Espagnols étaient actionnaires, au côté de la France et du Niger, dans les sociétés de production d’uranium. Les Américains (à travers Conoco) étaient présents dans l’Association Imouraren qui avait découvert le gisement dont la pose de la première pierre, pour sa mise en exploitation, a été faite le 4 Mai dernier. Cette exploitation est rendue possible aujourd’hui grâce aux conditions du marché qui la rendent rentable.
La répartition du capital d’Imouraren est de 66,7% pour Areva et 33,3% pour le Niger. Je ne vois donc pas comment on peut dire qu’on a mieux fait que les régimes de Diori et de Kountché. Ces régimes ont eu, eux, au moins le mérite de n’avoir pas introduit dans le secteur minier des sociétés qui, en plus de répandre la corruption, n’ont pas les capacités techniques leur permettant d’honorer leur engagement de programme minimum de travaux à exécuter sur le terrain.
Une autre fable inventée pour les besoins de la propagande, c’est celle du droit d’enlèvement de la production d’uranium que le Niger n’aurait pas avant et qu’il n’aurait acquis qu’aujourd’hui. Or, le Niger avait le droit d’enlever l’uranium, comme les autres actionnaires, au prorata de sa participation au capital de la Somaïr et de la Cominak. Notre pays a usé de ce droit jusqu’au moment où la situation du marché ne lui permettait plus de revendre ses enlèvements.
On voit que, à l’image de toutes les entreprises de confiscation du pouvoir, le « tazartché » a recours au travestissement de l’histoire.
Mesdames, Messieurs
La propagande du « tazartché » nous présente le Niger comme un paradis terrestre où coule le lait et le miel. Elle nous parle de ces Nigériens heureux qui supplient le Président de la République de continuer à les diriger avec sa paternaliste bienveillance. Or, ces Nigériens heureux, je ne les ai pas rencontrés dans les mille cent quinze (1115) villages du Niger profond, que j’ai visités depuis Septembre 2007. Ces villages constituent bien un échantillon représentatif des douze mille (12000) que compte le pays. En lieu et place d’hommes heureux, j’y ai plutôt vu des nigériens pris à la gorge par la pauvreté, notamment ceux qui ont soif et ceux qui ont faim, ceux qui n’ont accès ni à l’école ni aux soins de santé et ceux qui n’ont pas de routes.
Même dans la capitale, Niamey, des milliers de nos compatriotes gémissent sous l’extrême pauvreté avec parfois un repas tous les deux jours. Pourtant pendant ces dix dernières années des centaines de milliards de FCFA destinés à la sécurité alimentaire, à l’eau, à l’école, à la santé et aux routes ont été dissipés par la corruption, par les fausses factures et autres surfacturations. Ma conviction est que, bien gérées, ces ressources financières auraient permis de moderniser la production agricole, de faire trois fois plus de puits, d’écoles, de centres de santé et de routes. Les poses de premières pierres ne règlent pas le quotidien des populations. On aurait d’ailleurs d’avantage posé des premières pierres si le pays avait connu une meilleure gouvernance économique.
Par ailleurs, le « tazartché », qui réduit la gestion du pays à un seul homme, fait peu de cas de l’existence des institutions de la République. Or, pour lutter contre la pauvreté, pour assurer la paix et la sécurité aux nigériens, nous avons besoin, au-delà des hommes, d’institutions démocratiques stables et crédibles
Mesdames, Messieurs
Le premier devoir d’un patriote c’est de respecter la constitution de son pays. Or, le « tazartché » est un projet de coup d’Etat contre la constitution. Comme dans un scénario de coup d’Etat classique, le Président de la République a promis un message à la nation pour annoncer son référendum anticonstitutionnel. Le scénario se poursuivra avec la dissolution de l’Assemblée nationale et l’organisation d’un référendum sur une nouvelle constitution comme annoncé, hier, par le porte-parole du Gouvernement.
L’objectif est de fonder une nouvelle république qui ne prévoit ni serment coranique, ni limitation des mandats présidentiels, une nouvelle république qui mettra en place un régime présidentiel qui permettra au Président Tanja de régner éternellement sur le pays. Le Président de la République du Niger n’est pas le roi du Maroc. Même celui-ci n’a pas le pouvoir de changer la constitution de son pays à sa guise bien que son pouvoir obtenu par l’épée soit assis sur l’héritage de ses ancêtres, à plus forte raison celui-là qui n’avait aucun pouvoir avant d’être Président de la République, par la grâce de la constitution qui le dépasse et le contient.
Devant l’impossibilité de changer l’article 36 de la constitution, le Président de la République décide donc d’en changer les 143 articles. Ce n’est ni plus ni moins qu’un pronunciamento qui lui enlèvera, désormais, toute légitimité, pire qui fera de lui un parjure. Son acte est un acte de haute trahison comme le stipule l’article 118 de la constitution. Pourquoi conclure dix ans de mandat en posant un acte aussi grave ? Pourquoi mettre fin à un climat politique apaisé, gage de progrès économique et social pour le pays? En plus des explications données plus haut, il y a certainement cette griserie du pouvoir, cette hybris, cette démesure dans laquelle tombent souvent ceux que les courtisans finissent par convaincre qu’ils sont le messie ou des hommes providentiels irremplaçables. Qu’ils sachent que Dieu n’aime pas l’arrogance. Les peuples non plus.
Mesdames, Messieurs
Le peuple Nigérien n’aime ni le parjure, ni l’injustice. Il aspire au respect des règles du jeu démocratique. C’est pourquoi le « tazartché » est manifestement impopulaire. Notre peuple se battra pour sauvegarder son trésor le plus précieux : la démocratie. C’est certainement pourquoi vous êtes rassemblés si nombreux aujourd’hui, sans distinction partisane. Je vois les militants du MNSD qui ont décidé de se démarquer résolument du coup d’Etat contre la constitution. Je les salue et les encourage. Je vois les militants du PNDS et ceux des autres partis de la CFD, résolument déterminés à barrer la route à la dictature que le Président de la République veut imposer à un peuple qui l’a démocratiquement élu par deux fois à la tête du pays.
Je les salue et les encourage de la même façon que je salue et j’encourage les militants des autres partis et ceux de la société civile, cette société civile qui était la première à tirer la sonnette d’alarme et à lever l’étendard du combat. Il est possible que ce combat soit long et dur mais nous l’assumerons sans faiblesse, car c’est le combat de la démocratie contre la dictature, c’est le combat de l’honneur contre le parjure, c’est le combat de la vérité contre le mensonge, c’est le combat de la justice contre l’injustice, c’est le combat de l’arrogance contre l’humilité, c’est le combat des vrais patriotes contre une association d’intérêts privés.
Ce combat, nous le gagnerons avec l’aide de Dieu. Pour ce faire, nous devrons mettre en place une organisation forte, un vaste front rassemblant tous les partis politiques et toutes les organisations de la société civile. Aussi, lance-je un vibrant appel à tous les partis politiques, à toutes les organisations de la société civile ainsi qu’ à l’ensemble des citoyens pour qu’ils se mettent debout comme un seul homme pour barrer la route aux ambitions monarchiques du Président de la République. Les Nigériens ont besoin d’un régime démocratique et non d’une monarchie ! Ils ont besoin d’un Président et non d’un roi !
VIVE LE NIGER !
VIVE LA DEMOCRATIE !
VIVE LA REPUBLIQUE !
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