vendredi 1 mai 2009

Mouvement Tararche : Il faut sauver le Président Tandja !


Ayouba Karimou, Alfa et Zak -OPINIONS - 27 AVRIL 2009
Mouvement Tararche : Il faut sauver le Président Tandja !
vendredi 1er mai 2009

Depuis la fracassante déclaration historique du principal parti de l’opposition du 12 Avril 2009, les choses se sont accélérées dans la marche vers le ’’Tazarché’’ avec la sortie sur DOUNIA de Ibrahim Hamidou, Directeur de Publication de Tribune de Tandja, aujourd’hui le héraut patenté de cette basse manoeuvre pour fouler aux pieds les dispositions claires et nettes de notre Loi fondamentale, et également avec le coup d’envoi donné par l’obscur ‘’affairiste’’ Dan Dubaï de la série de ‘’manifestations’’ qui devront s’étendre aux autres régions du pays. Aujourd’hui, face à cette nouvelle donne, nous sommes aux regrets de vous faire notre mea culpa pour n’avoir jamais cru à l’authenticité du projet tazarché, pour la simple raison que le Président de la République, lui-même, en homme d’honneur, avait donné sa parole quant au respect de son serment coranique. Dès lors, évoluant dans une société façonnée par les valeurs de la gérontocratie africaine, il ne seyait point de mettre en doute les paroles du Dotijo (l’ancien). En outre, pour aider le Président Tandja dans l’accomplissement de son engagement, nous avions même estimé, qu’en tant qu’observateurs de la scène politique nationale et citoyen de la République, il était de notre devoir de l’accompagner par des écrits lui permettant de mesurer le désastre qu’une prise de conscience de ses responsabilités historiques lui éviterait si d’aventure, une quelconque tentative de trituration de la Constitution pour rester et mourir au pouvoir lui venait, même en rêve !

Nous avions fait de notre mieux, parfois à notre corps défendant, pour essayer de maintenir le Président Tandja sur la voie de la sagesse et de la responsabilité politique, non pas que nous eussions voulu avoir raison contre x ou y dans un débat, qui de notre point de vue, n’était même pas posé, mais simplement pour que nous pussions donner des réelles chances de survie à notre démocratie contre les visées funestes des apprentis sorciers, véritables croque-morts, charognards de la pire espèce, parasites politiques, prêts à tout pour sauvegarder leurs intérêts personnels et égoïstes, qui ne sont pas propres à la seule Cinquième République, mais qui ponctuent, généralement, les fins de règnes sur le continent africain. Ces charognards politiques avaient déjà tenté de sévir au Bénin à l’occasion de la fin du deuxième et dernier mandat du Président Kérékou.

La démocratie étant bien enracinée dans les moeurs de l’ancien Dahomey, hélas nos charognards n’avaient pas pu avoir droit à leur banquet macabre, car il n’y eut jamais de bain de sang et devant la levée de boucliers des démocrates béninois ( l’Association ‘’Touche pas à ma constitution’’ ) , le Président Kérékou se résolut, finalement, à accepter la raison et il s’en alla, plutôt que de verser inutilement le sang de ses compatriotes. Avant, c’était le Mali avec la fin du se- cond mandat de Konaré. Là aussi, les parasites politiques furent renvoyés à leurs désillusions lorsqu’ils rencontrèrent sur leur chemin un certain Konaré, démocrate dans l’âme. Le ‘’Koro’’ (grandfrère) partit au grand bonheur de la démocratie malienne. Mais le cas le plus emblématique de l’activisme de ces bandits, reste la tentative avortée du Général Obasanjo de modifier la Constitution fédérale du Nigeria pour briguer un troisième mandat.

Chers lecteurs, coïncidence ou pas, là-bas aussi, un certain Dan Dubaï avait offert ses services pour la basse manoeuvre. Est-ce le même que nous avons aujourd’hui au Niger ? Ce personnage, dans tous les cas, est reconnu pour sa nationalité élastique, variant en fonction des intérêts du moment. On sait aujourd’hui que c’est un looser qui a pris sur lui la promotion du tazarché au Niger. Donc nulle inquiétude sur l’issue finale de cette entreprise déjà vouée à l’échec.
Le tazarché ou la prime à illégalité.

L’on se souvient qu’au lendemain de la commémoration du cinquantenaire de la République le 18 décembre 2008, une bande d’illuminés, deux pelés, quatre tondus, s’étaient rassemblée sur la Place de la Concertation pour lire une déclaration dans laquelle, coupant avec les revendications des autres régions qui demandaient un troisième mandats, elle demandait, sans rire, ‘’une prolongation de trois ans’’ pour Président Tandja. C’est ce jour-là que les Nigériens découvrirent l’existence officielle d’un prétendu comité de soutien pour la violation de la Constitution. Nous escamotons volontiers les arguments, à la limite, imbéciles développés à cet effet.

Ce qui nous intéresse ici, c’est le fait de découvrir ultérieurement, plus précisément à l’occasion de la visite éclair du Président français, Nicolas Sarkozy, la connexion entre le Président Tandja et cette demande de prolongation. La découverte fut terrible pour nous. Ici, il conviendrait de souligner le caractère débile de la démarche consistant à demander à l’Assemblée Nationale, via ‘’le peuple’’ que ces manifestants pro tazarché étaient censés incarner, à examiner ‘’la possibilité d’une prolongation de trois ans du mandat du Président’’. Naturellement, si l’orateur est dépourvu de bon sens, celui qui l’écoute ne doit point l’être, dit un adage de chez nous ! En termes clairs, en sa qualité de faiseur de loi, l’Assemblée leur opposa une fin de non-recevoir pour la simple et bonne raison que la Constitution du 09 août 99, en ses dispositions de l’article 36 et de l’article 141, est ferme :

le Président de la République est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois ; cet article ne peut être révisé. ‘’L’astuce’’, quoique cousue de fil blanc, avait cependant l’avantage de permettre à Tandja de violer indirectement la Constitution en demandant au Parlement de le faire à sa place et à son nom ! Ouvrons ici une parenthèse pour signaler l’attitude de réserve que nous avions observée vis-àvis des péripéties auxquelles étaient en proie la représentation nationale avec ses histoires de délibérations et de trop perçus, car nous avions pressenti une manoeuvre souterraine. Notre position se justifiait par le fait qu’il ne faut jamais jeter le discrédit sur les institutions de la République dans leur ensemble, car elles constituent le socle de la démocratie et l’émanation de la volonté populaire.

Cela ne signifie point qu’il ne faille pas stigmatiser tel ou tel comportement du député, mais gardons-nous toujours de franchir le rubicond pour attaquer l’institution parlementaire en tant que telle. Aujourd’hui, avec ce qui est en train de se passer, c’est-à-dire les menaces qui pèsent sur notre démocratie, l’Assemblée reste un des remparts infranchissables contre le despotisme rampant qui nous entoure. Voilà la nécessité de garder crédible l’institution parlementaire pour qu’elle puisse jouer véritablement son rôle de contre-pouvoir en faisant échec à la revendication du Président de la République qui voudrait lui faire porter le chapeau de la forfaiture, tout en s’abritant derrière une aura de sainteté qu’elle est loin d’avoir.

Les délibérations dont l’Assemblée s’était rendu coupable sont, certes, condamnables, mais comparées à un coup d’Etat constitutionnel, le choix est clair et net. D’ailleurs, ils ont été sommés de réparer en remboursant le trop perçu. Qu’en sera-t-il des auteurs du coup d’Etat constitutionnel pour réparer leur forfaiture ? Quelle justice humaine réparera toutes les conséquences dramatiques qu’engendrera cette voie de fait envisagée par le Président Tandja pour gouverner audelà de la légalité républicaine ? C’est ce qui explique la haute pression à laquelle est soumise aujourd’hui l’Assemblée Nationale afin qu’elle prenne en charge les desiderata des illuminés du tazarché.

On sait que l’Assemblée a déjà montré des velléités d’indépendance par son refus de lever, hier, l’immunité parlementaire de trois députés cités dans l’affaire MEBA, et aujourd’hui, la décision rendue par la Haute Cour de Justice accordant la liberté provisoire à Hama Amadou. Résultat : à défaut de faire plier l’Assemblée par des arguments légitimes, on fait planer le spectre de la dissolution pure et simple. A supposer même que l’Assemblée soit dissoute, on est d’ailleurs à quelques mois de la fin de la législature, qu’est-ce que cela changerait dans le sort du tazarché, à moins que ce ne soit les tazarchistes qui viendraient siéger dans la nouvelle Assemblée ? C’est vraiment débile, et ces gens nous confortent dans notre position que décidément l’imagination n’est pas au pouvoir.

On a l’impression qu’ils n’ont jamais été à l’école pour ne pas comprendre les mécanismes institutionnels sur lesquels repose le fonctionnement d’un Etat moderne En effet, il n’existe aucune parade dans la Constitution du 09 août 99 qui puisse permettre de briguer même un troisième mandat, a fortiori mendier un bonus de trois ans supplémentaires, et ce n’est point une éventuelle dissolution de l’Assemblée qui y ouvrira la voie !
Pourquoi il faut sauver le Président Tandja ?

L’analyse de la situation politique actuelle nous amène à la conclusion que le Président Tandja court deux dangers majeurs dont il faut à tous prix le sauver. Le premier danger est relatif à cette fausse représentation de la réalité qui l’amene à croire qu’en dehors de lui, personne, oui personne ne peut diriger le Niger, comme si le pays venait de naître avec lui, gommant ainsi toutes les années que notre chère république a vécues jusque-là ! Ce narcissisme qui allie autoglorification et égotisme semble installer le Président Tandja sur des nuages, loin, très loin de la réalité concrète, d’où ne lui parviennent que les échos de ses propres tam-tams.

C’est extrêmement dangereux, et pour lui, et pour le Niger, lorsqu’un Président, élu au suffrage universel direct, se coupe, non seulement des contacts vivants, mais pires, projette de se poser au-dessus de la Loi fondamentale, source de sa légitimité pourtant ! C’est inédit mais ahurissant ! Cette conception aux antipodes des règles et principes qui fondent la démocratie est aussi inédite, car c’est la première fois en Afrique qu’un chef d’Etat envisage de suspendre la Constitution pour se donner une prolongation de trois ans … comme dans un match de foot ! C’est aussi la première fois qu’un chef d’Etat envisage, sans rire, de faire un coup d’Etat lui-même au régime qui l’a porté au pouvoir !!!

Les Africains auront tout vu, tout essayé, sauf ce plan de Tandja qui va faire école dans le mauvais sens : c’est-à-dire, en termes plus terre à terre, Le Président Tandja, lui-même, organise un coup d’Etat contre la Constitution du 09 août 99 ! Vous me direz que cela nous change des coups d’Etat des militaires, m’enfin, le résultat reste pourtant le même : la confiscation du pouvoir par la force ! Mais qui donc a pu tromper le Président Tandja pour l’empêcher d’être un grand homme d’Etat que l’histoire du Niger et de l’Afrique aurait dû retenir et inscrire dans le marbre des grands démocrates ? Oui, qui sont ces gens, coupables d’un tel désastre, uniquement pour satisfaire leur soif du pouvoir, leur trafic d’influence qui leur permet de s’enrichir illégalement ?

Leurs pareils, c’està- dire les mêmes vautours avaient entouré le Président Baré jusqu’à le conduire au sacrifice ultime pour la première fois dans l’histoire contemporaine du Niger, confirmant cette assertion qui proclame :’’il faut savoir lâcher le pouvoir au bon moment, sinon, c’est le pouvoir qui vous lâchera’’ ! Certes, le pouvoir est grisant, très grisant, il donne cette impression d’être au-dessus de tout, d’être le meilleur, le seul, le plus, le…, mais le pouvoir trompe aussi quand on est coupé de la réalité. A 71 ans, le Président Tandja, après deux mandats de cinq ans, aurait bien mérité le repos, la retraite dans les honneurs. Pratiquement au même âge, bien que la Constitution française ne proscrive point la limitation de mandats, avant la récente révision introduite par Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, le dernier des grands hommes politiques français, est parti.

En plus, le Président Tandja court un autre danger, qui est celui d’être entouré par ceux que nous avions qualifiés, dans nos précédentes livraisons, de vautours, qui l’ont manifestement pris en otage, lui faisant croire, à longueur de journées, tels des griots mandingues qui chantent les louanges des princes Bambara, qu’il est le timonier, le baobab du Niger. Maîtrisant avec doigté toutes les cordes de la flagornerie, ces mauvais courtisans, en dépit de leur déclaration d’amour pour Tandja, en réalité ne l’aiment pas, pas plus qu’ils n’aiment le Niger. Tout ce qui les meut, ce sont uniquement leurs intérêts mesquins, leurs affaires fumeuses, leur vertigo du pouvoir, et même si il faut marcher sur le cadavre du dernier Nigérien pour parvenir à leurs tristes fins, ils n’hésiteront pas un seul instant à le faire.

Mais qu’ils sachent, et ceci est le premier avertissement, qu’ils ne l’emporteront guère au paradis : les démocrates nigériens, la Société Civile nigérienne, les patriotes ont décidé, quand ils auront fini leur cirque, quand sonnera l’hallali de la fin de la récréation, de leur présenter la facture à payer, rubis sur ongle. Ils sont tous démasqués et connus, et le jour j ils devront s’assumer. On ne peut pas trahir tout un peuple sans en payer le prix fort, un jour : des promoteurs au réalisateur de la félonie. Au demeurant, si nous avons titré ‘’Il faut sauver le Président Tandja’’, c’est que celui-ci est réellement en danger immédiat et qu’il a nécessairement besoin d’être secouru au plus vite, car comme le dit un adage plein de bon sens de notre terroir :’’Il faut savoir répondre à l’appel au moment opportun, sinon, vous risquez de répondre sans appel’’ ! A méditer Monsieur le Président.

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