dimanche 24 mai 2009

La Société Civile nigérienne interpelle le Secrétaire Général de l’ONU

photo/président tanja
ex colonel(en boubou)
auteur des dizaines de milliers d'éxecutions extra judiciaires des civils au nord Niger


Le Courrier-22-05-09
Lettre ouverte à Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies : La Société Civile Interpelle le Secrétaire Général de l’ONU

La Société Civile Interpelle le Secrétaire Général de l’ONU Le 19 mai 2009, le Réseau des Organisations de Développement et des Associations de Défense des Droits de l’Homme et de la Démocratie (RODADDHD) a soumis à l’appréciation de la société civile une lettre au Secrétaire Général de l’ONU. Il s’agit d’interpeller les Nations Unies sur la situation politique qui prévaut au Niger avec l’intention du Président de la République de violer la constitution du 9 Août 1999. Selon certaines sources, l’ONU s’apprêterait à dépêcher une mission pour dissuader le Président Tandja de renoncer à son projet « Tazartché ».

Monsieur le Secrétaire Général,

Nous, acteurs de la Société Civile Nigérienne, signataires de la présente lettre, avons l’honneur de vous interpeller dans votre mandat et votre responsabilité afin de vous faire part des sentiments graves qui nous animent au moment où le Niger s’apprête, selon le calendrier constitutionnel établi, à renouveler par voie électorale les principales institutions de la République qui permettent au peuple, à travers ses élus, de jouir de sa souveraineté nationale et de son indépendance, tout en participant à la vie internationale.

En effet, comment, en tant que démocrates soucieux de la défense de la paix et de l’unité nationale de notre pays, nous, qui dans les années 1990, avons ardemment contribué à sortir ce pays du règne de la dictature et des partis uniques, pouvonsnous demeurés indifférents devant les intentions déclarées du Président de la République de violer la Constitution et de troubler l’ordre établi en organisant un ré- Lettre ouverte à Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies, férendum pour une nouvelle République qui lui octroierait un mandat « à vie ». et ce malgré les réprobations des principaux acteurs politiques et de la Société Civile Nigérienne et, depuis peu, du Conseil des sages de la CEDEAO elle-même.

Le peu d’empressement manifesté par le gouvernement et la légèreté mise dans la gestion de ces échéances électorales, comme pour donner corps à ce projet anticonstitutionnel, nous fondent malheureusement à croire qu’une menace sérieuse plane sur la République et, par conséquent, à éprouver de profondes inquiétudes quant à la sauvegarde des acquis démocratiques dans notre pays et quant à l’unité même de notre peuple. Il nous a été donné d’observer au cours des dernières années de ce quinquennat, l’éclosion puis la montée en puissance d’une dérive autoritaire flagrante du pouvoir publique sur les questions des droits de l’homme et qui a atteint son paparoxysme avec la mise en état d’alerte de la région nord du pays. Nous avons pourtant tiré la sonnette d’alarme en ces tempslà mais en vain. Demeuré sourd à tous les appels pressants lancés pour l’ouverture d’un dialogue avec les insurgés, y compris par l’organe ad hoc de conciliation et de prévention des conflits, le CNDP, le pouvoir a déclenché une répression aveugle sur les populations du Nord dont plusieurs ressortissants croupissent encore sans jugement dans les geôles de l’Etat.

Tout média, national ou extérieur, qui tente de lever un pan du voile sur cette question est aussitôt mis en accusation, incarcéré ou expulsé sans autre forme de procès. Nous avons également vu le harcèlement judiciaire contre les militants des droits de l’Homme, les hommes politiques, les journalistes et les syndicalistes, érigé en système de censure pour étouffer les libertés d’expression et de pensée. Nous témoignons aussi que la Justice a perdu ses lettres de noblesse et que les cours de justice ont souvent été transformées en tribunes politiques où le pouvoir juge et persécute ses adversaires.

Ce faisant, le Président et le Gouvernement du Niger se sont délibérément détournés des voies républicaines balisées par la Loi Fondamentale pour instaurer un pouvoir absolu au sommet de l’Etat et refuser l’alternance démocratique du pouvoir politique consacrée par les textes auxquels ils ont souscrit et qui fondent leur légitimité.

Et pourtant, vous le savez bien, le Niger a librement souscrit à tous les principes des Nations Unies et même ratifié des conventions et pactes internationaux concernant la bonne gouvernance et des Droits de l’Homme qui font de nous des citoyens à part entière et non des sujets indignes de respect et reconnaissance.

Comprenez ainsi, Monsieur le Secrétaire Général de l’ONU, que nous vivrons la violation de notre Constitution, si jamais ce référendum se tenait, comme une atteinte grave à notre dignité et comme la négation pure et simple de notre existence en tant que peuple libre et souverain.

Par conséquent, nous en appelons à votre devoir et à votre responsabilité en matière de prévention des conflits et en votre qualité de premier défenseur international de l’Etat de droit et de la Paix dans le monde, pour user de vos bons offices auprès du Président de la République du Niger afin qu’il respecte la Constitution de 1999, qu’il renonce à son projet de référendum et qu’il mette en oeuvre, sans délai, le processus électoral tel que prévu par les lois du pays. Veuillez agréer, Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies, l’expression de notre très haute considération.

Fait à Niamey, le 19 mai 2009

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