vendredi 29 mai 2009

Incendie du marché de Niamey : Un autre chantier pour Tandja


Séni Dabo Le Pays N°4375 du 29-05-09
vendredi 29 mai 2009


Le sort s’acharne-t-il sur le Niger ? C’est la question que l’on n’arrête pas de se poser après l’incendie qui a ravagé le grand marché de Niamey, Habou-Béné, le 27 mai dernier. Certes, on ne déplore pas de perte en vie humaine. Mais les dégâts sont énormes. Il est notamment question d’au moins 1 500 échoppes consumées. Ce troisième incendie du marché, dont l’origine, inconnue pour le moment, est sans doute à chercher du côté de l’anarchie qui s’y était installée. Il pourrait éclipser la crise politique consécutive à la dissolution de l’Assemblée nationale, le 26 mai, par le président Mamadou Tandja, décidé à contourner les lois pour rester au pouvoir. On peut, en effet, s’attendre à ce que les Nigériens oublient - ne serait-ce que momentanément - cette crise et se préoccupent des conséquences de ce drame qui, pour rappel, a aussi frappé d’autres pays voisins. Au Burkina par exemple, on a encore en mémoire l’épaisse fumée noire s’élevant au-dessus de Rood Woko dans la matinée du jeudi 27 mai 2003. Et c’est une préoccupation d’une extrême importance quand un poumon économique est hors d’usage. Sa réhabilitation dans les plus brefs délais devient même une priorité nationale.

C’est dire que, toutes affaires cessantes, les autorités nigériennes s’emploieront au plus vite à reconstruire le marché pour que tous ceux qui y gagnaient leur pain puissent reprendre leurs activités. Tout cynisme mis de côté, on pourrait dire que ce sinistre tombe bien pour le président Mamadou Tandja qui veut justement rester au pouvoir pour achever ses chantiers. Voilà un chantier de plus pour le "bourreau" du travail Tandja. Mieux, la reconstruction du marché qui vient d’être brûlé est un chantier de la plus grande importance. Cela devrait préoccuper au plus haut point le chef de chantier qu’est Tandja. Le référendum qu’il veut organiser pour faire adopter une autre Constitution taillée sur mesure passera-t-il après, à présent que le devoir de reconstruction du marché central l’appelle ? En tous les cas, l’argent qu’il mettrait dans l’organisation d’un tel référendum serait d’une grande utilité pour ce chantier imprévu. Reste à savoir si le premier des Nigériens est habité par cette préoccupation. On peut en douter vu qu’il s’entête à se maintenir au pouvoir malgré la limitation constitutionnelle du mandat présidentiel, malgré son serment et ses promesses de s’en aller à terme échu. Mamadou Tandja surseoira-t-il à son projet controversé pour s’occuper de reconstruire un marché brûlé ? La question reste posée et on attend donc de voir.

Par Séni DABO

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