mardi 21 avril 2009

Nord-Mali : une nouvelle vague d’ex-combattants dépose les armes


M. N. TRAORE-l’Essor - 2009-04-20
Une atmosphère particulière flottait jeudi dernier sur la commune rurale de Tessit. Et pour cause.

D’ex-combattants issus de la communauté Imrad dirigés par Akli Iknan Ag Souleymane, remettaient leurs armes. Imitant ainsi d’autres communautés touarègues. Par cet geste, ils adhérent pleinement au processus de paix enclenchée dans le Septentrion. La cérémonie de remise des armes s’est déroulée au bord de la mare de Galgali, à 5 kilomètres de la localité de Tessit. C’était présence des membres de la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères dont le colonel Sirakoro Sangaré, président de la Commission et le colonel Yaya Ouattara, Haut fonctionnaire de défense auprès du ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales. Une délégation de la Libye, initiatrice de cette opération était présente. Elle était conduite par le consul général libyen au Mali, Moussa Al Koni. La délégation libyenne comprenait également une équipe de télévision.

Le Lieutenant colonel Timbiné, conseiller du gouverneur de la Région de Gao et le préfet d’Ansongo Hamadoun Barry représentaient l’exécutif régional. Les forces armées et de sécurité étaient représentées par le colonel Sitapha Traoré, chef d’état-major de l’opération « Djiguitougou ». Le point focal de l’évènement, Mohamed Ag Attabo, les autorités municipales et une foule nombreuse étaient présents. Bref, il y avait du beau monde ce jeudi à Tessit pour témoigner de la volonté de paix de 489 ex-combattants de la tribu Imrad. Au total, 400 armes de différentes catégories (carabines, pistolets mitrailleurs, lances roquettes etc…) ont été remises.

Souhaitant la bienvenue aux invités, Abdallah Malick Ag Inen, maire de la commune rurale de Tessit, a souligné que cette cérémonie consacrait le retour de ceux qui avaient choisi la voie des armes pour s’exprimer. Cette situation selon le maire est attribuable à un déficit de développement du terroir, notamment les infrastructures routières, l’adduction d’eau, le téléphone et la couverture télévisuelle. La commune de Tessit est peuplée de 14 000 habitants, mais ne dispose que d’un CSCOM, trois écoles de premier cycle et deux medersas. Les conflits intercommunautaires sont donc devenus monnaie courante dans cette localité jadis réputée comme un havre de paix.

« Avec ce retour de nos frères et enfants dans le processus de paix, nous nous engageons désormais à combattre toute formes de violences et de banditisme dans notre communauté », a promis l’édile.

Pour le leader des ex-combattants, cette cérémonie est la conclusion d’un engagement pris par lui, le 2 mars dernier à Syrte, devant le Frère Guide lors des festivités commémoratives de la révolution libyenne. Cette cérémonie avait enregistré la présence de nombreuses tribus touarègues. Tous s’étaient alors engagés à mettre fin à la lutte armée comme moyen d’expression et à combattre le sous-développement dans la paix et le dialogue. « Je salue les efforts du président de la République, Amadou Toumani Touré pour ce retour de la paix et la sécurité dans les régions du nord. Par ma voix, les jeunes de notre communauté installés à Gao et Tombouctou déposent leurs armes afin de consacrer leur volonté de mettre fin à la lutte armée », a ajouté l‘élu communal.

Dans la déclaration qui a suivi l’allocution du chef des ex-combattants, la communauté Imrad de Tombouctou et Gao, a exprimé toute sa gratitude au gouvernement et à la Libye, avant de s’engager à toujours œuvrer pour la paix, le développement et de combattre l’insécurité.

« Toutes les communautés réaffirment leur adhésion totale à la paix et renouvellent leur soutien et remerciement à tous les acteurs impliqués dans ce processus, notamment le président Amadou Toumani Touré et le Guide de la révolution libyenne qui ont toujours œuvré pour la paix dans le Nord de notre pays », a-t-il assuré.

Le consul général de la Libye au Mali, Moussa Al Koni a salué cette volonté d’adhésion des membres de la communauté Imrad au processus de paix, avant de les exhorter à se retourner résolument vers les actions de développement.

Le colonel Sirakoro Sangaré, président de la Commission de lutte contre la prolifération des armes légères, insistera pour sa part sur la nécessité d‘instaurer un climat de paix et de sécurité dans le Septentrion. « Aucune action de développement ne saurait intervenir au Nord dans cette situation d’insécurité. Les populations doivent comprendre cela. Il faut créer les conditions pour l’Etat et ses partenaires au développement, afin d’effectuer la mise en route des grands projets de développement destinés au Nord. Rien n’est possible en la matière tant que règnera l’insécurité », a-t-il poursuivi.

Le colonel Sitapha Traoré a salué au nom du chef d’Etat-major général des armées et du commandant du théâtre des opérations, cette décision des ex-belligérants d’adhérer au processus de paix. Le colonel Traoré a aussi précisé que les forces armées et de sécurité prennent acte des déclarations d’intention faites par les responsables des « bandits repentis », avant de les inviter à tout mettre en œuvre pour que les forces armées puissent poursuivre correctement leurs missions traditionnelles de sauvegarde de l’intégrité du territoire et de sécurisation des populations et leurs biens .

Le clou de la cérémonie a été la remise symbolique d’un pistolet mitrailleur par le leader du groupe d’ex-belligérants au facilitateur libyen qui le remettra ensuite au président de la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères. Le colonel Sirakoro Sangaré remettra à son tour la même arme au chef d’état-major de l’opération « Djiguitougou », le colonel Sitapha Traoré.

Correspondance particulière M. N. TRAORE

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