jeudi 30 avril 2009

Association Targuinca : Bulletin d’information n°9 - Avril 2009


Association Targuinca : Bulletin d’information n°9 - Avril 2009

L’espoir de paix au Niger se confirme. Le 23 avril, le premier ministre nigérien, Seini Oumarou, a appelé les factions rebelles à déposer les armes. Il a souligné : "qu’on observait une tendance à l’accalmie avec le renoncement à la lutte armée par de nombreux éléments dissidents du M.N.J". Début avril, le ministre de l’Intérieur a affirmé de son côté que les rebelles, divisés en trois mouvements distincts, avaient accepté de participer à des négociations conduites en Lybie par Mouammar Kadhafi. Selon des images diffusées par la télévision nigérienne, lors des consultations à Tripoli, Aghali ag Alambo, président du M.N.J., a affirmé de son côté l’engagement de son mouvement et des autres groupes pour une paix durable au Niger.

Il est donc permis d’espérer que les négociations aboutissent. Cependant, il y à fort à parier que les rebelles ne se contenteront pas d’une amnistie qui les ramènerait à leur point de départ ; il faudra aussi et surtout que le gouvernement nigérien prenne en compte les revendications des différents mouvements.

Pourtant, comment imaginer qu’une paix durable s’installe au Niger tant que des milliers de personnes, essentiellement des jeunes, n’ont accès ni à l’éducation ni au travail ? Tous ces jeunes analphabètes, sans formation professionnelle et coupés des savoir-faire traditionnels, constituent une véritable pépinière pour des rébellions futures. Si le Niger veut vivre en paix, il lui faudra faire de l’éducation la priorité des priorités. Ce devrait être également un objectif à privilégier pour les différentes O.N.G., nigériennes ou étrangères.

Le 27 mars 2009, le président Nicolas Sarkozy a rendu une visite de quelques heures au président Tandja et tenu une courte conférence de presse au cours de laquelle il a affirmé son soutien au gouvernement nigérien : « Le Niger est une démocratie vivante dans laquelle il existe de nombreux canaux pour faire valoir son point de vue ou ses revendications sans avoir besoin de poser des mines », a-t-il déclaré aux journalistes nigériens de Libération-Niger, Alternative, Le Républicain et La Roue de l’Histoire.

Le 31 mars, Idi Abdou, militant des Droits de l’Homme dans l’O.N.G. nigérienne Alternative espace citoyens, et, le 1er avril, Habibou Garba, directeur général de la radio et télévision Dounia, ont été placés en garde à vue à Niamey pour « diffamation et propagation de fausses nouvelles ». Selon Ali Idrissa, directeur adjoint du groupe Dounia, leur garde à vue fait suite à la visite de Nicolas Sarkozy, visite qu’Idi Abdou avait qualifiée, lors d’un débat sur la télévision Dounia, « d’escale technique et de pillage des ressources du Niger », l’exploitation de l’uranium ayant été au cœur des discussions du président français avec les autorités nigériennes. Les deux hommes interpellés devaient comparaître devant un juge.

Le 4 mai, le gisement uranifère d’Imouraren (5000 tonnes d’uranium par an pendant 35 ans, pour un investissement d’1,2 milliard d’euros) sera officiellement lancé, en présence d’Anne Lauvergeon, directrice d’AREVA, et des autorités nigériennes.

Dans cette zone du nord du Niger où AREVA exploite l’uranium depuis 40 ans et s’apprête à ouvrir le gisement d’Imouraren, d’autres nouvelles compagnies se sont aussi implantées, à la faveur de la politique de diversification des partenaires engagée par le gouvernement nigérien. Parmi ceux-ci figurent les Chinois qui interviennent à Azelik. L’uranium étant très dangereux pour la santé du fait de ses effets radioactifs, les autorités communales d’Agadez ont décidé de se renforcer pour mieux gérer les problèmes environnementaux et sanitaires qui découleront inévitablement de l’exploitation des nouveaux gisements. Ces problèmes se posent déjà avec acuité à Arlit et Akokan.

C’est pour poursuivre cet objectif que des membres de l’Association des municipalités du nord-Niger ont sollicité le concours de la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la RADioactivité (CRIIRAD) pour une formation sur les problèmes liés à l’extraction de l’uranium. La formation, qui s’est déroulée les 6 et 7 avril derniers à Agadez, a été conjointement assurée par Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, directeur du laboratoire de la CRIIRAD, et l’O.N.G. Aghir’Iman d’Almoustapha Alhacen, basée à Arlit. Elle a regroupé des maires, des secrétaires généraux et des acteurs de la société civile de la région. Pour Bruno Chareyron, la contamination radioactive dénoncée régulièrement par les acteurs de la société civile basée dans la région n’est pas une vue de l’esprit ; elle est d’une grande ampleur, avec des concentrations en uranium qui dépassent dans certains puits, dont l’eau est consommée par les populations ou les travailleurs des mines, 10 fois les normes de l’OMS. A Akokan, les tas de stériles engendrent sur la piste un niveau de radioactivité 100 fois supérieur à la normale. Autour des mines, l’air est également pollué par les poussières radioactives et le gaz (le radon) qui sort en permanence des bouches d’aération des galeries souterraines de la COMINAK. « Cette contamination de l’eau, de l’air, des sols, peut et va très probablement induire sur le long terme des effets sanitaires en terme de cancers, de malformations génétiques, mais aussi des problèmes sur le système cardiovasculaire, le cerveau, sur l’ensemble de l’être humain. » explique Bruno Chareyron. Il préconise de prendre dès maintenant des mesures simples de protection : enlever les ferrailles et les plastiques contaminés qui sont chez les habitants, enlever les stériles radioactifs des rues, fermer les puits les plus contaminés, etc…

Actuellement, les habitants du nord du Niger, zone de transit pour les migrants subsahariens qui se rendent en Afrique du nord et au-delà, sont aux prises avec un autre problème de santé. Les travailleurs de la santé ont fait état d’une augmentation du nombre de migrants admis à l’hôpital public régional pour des cas de méningite. Cette année, en Afrique subsaharienne, l’épidémie de méningite s’est propagée plus tôt et plus rapidement que l’an dernier, selon l’OMS. Au Niger, près de 10 000 personnes avaient contracté la maladie au 12 avril et près de 400 y avaient succombé, contre 91 décès sur 1338 cas d’infection, à la même période, l’année dernière. Un tiers des cas de méningite ont été signalés dans le département de Zinder (sud), limitrophe du Nigeria. Au nord d’Agadez, moins densément peuplé, moins de 150 cas et 12 décès ont été répertoriés. Abari Ezeï, des autorités sanitaires régionales d’Agadez, a indiqué que près de 140 000 personnes avaient été vaccinées. Mais, selon les estimations de Médecins sans frontières, ce sont 2 millions de personnes qui auraient besoin de l’être au Niger.

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