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jeudi 16 avril 2009
Assassinat du Président Ibrahim Baré Maïnassara: Une enquête bâclée bâclée, , deux plaintes et toujours rien 10 ans après
Ecrit par Lamine SOULEYMANE (Roue de l’Histoire n° 451 du 08 Avril 2009),
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IBM /Les années s’égrènent vraiment vite, ce 9 avril 2009 cela fait exactement 10 ans que le Président de la 4ème République Ibrahim Baré Maïnassara fut froidement assassiné par les éléments de sa propre garde. C’était le 09 avril 1999 sur le tarmac du Groupement Aérien National de Niamey. Outre le Président Baré qui est la cible principale, cet attentat a aussi coûté la vie à d’autres personnes qui l’accompagnaient à son déplacement, il s’agit de MM. Ali SAHAD un de ses meilleurs amis, Malam Soulèye et le Lieutenant Abdou Idé.
Comme durant les années précédentes, la procédure judiciaire engagée au plan national par la famille Baré n’a pas évolué d’un seul iota, du fait de la protection dont jouissent ses assassins sous le couvert d’une amnistie qu’ils ont arrachée aux forceps au lendemain de la prise de pouvoir par le MNSD-Nassara. Au gré de cette amnistie couchée sur écrit dans une loi de la République et promulguée par le président Mamadou Tandja le 24 janvier 2000, les présumés auteurs en même temps que leurs complices soufflaient depuis lors à leur guise le chaud et froid.
Même si au niveau national l’affaire Baré semble être classée dans le placard des oubliettes, il faut dire qu’au niveau international la famille du défunt président et des organisations de défense de droit de l’Homme continuent de réclamer justice. Si l’on en croit les déclarations du Commandant Wanké rapportées dans un mémorandum écrit par les proches du Président Baré : «l’assassinat du Président Baré serait le résultat d’un complot dans lequel sont impliquées la classe politique et la société civile nigérienne». Qui sont réellement ces personnes impliquées dans ce crime crapuleux ? A la date d’aujourd’hui aucune enquête officielle n’a permis d’identifier ces mystérieux hommes politiques avec l’aide des qui ce crime odieux est commis.
Timide mobilisation de la communauté Internationale L’assassinat du Président Ibrahim Baré Maïnassara a certes été unanimement condamné par la communauté internationale, mais les élans de mobilisation affichés de part et d’autre par des organisations comme la CEDEAO, l’Union Européenne, Amnesty International…, vont s’émousser très tôt. Les quelques sollicitations enregistrées ça et là qui demandaient l’ouverture d’une enquête internationale étaient restées lettres mortes. Du coup, l’espoir fondé par bon nombre des nigériens qui voulaient en savoir plus s’était volé en éclat.
Il est vrai qu’en juin 1999, sous la pression de cette même Communauté Internationale, la junte militaire au pouvoir avait accepté d’ouvrir une enquête indépendante nationale pour élucider les circonstances de la mort du Président Baré. En novembre 1999, ce rapport d’enquête de la Gendarmerie est diffusé dans un journal privé de la place, en l’occurrence le Canard Libéré N°019 du 23 novembre 1999. Seulement voilà, un tel chef d’oeuvre effectué à la va vite avait été battu en brèche par l’opinion nationale qui estimait, à tort ou à raison, que la commission en charge de cette enquête est loin de répondre à leur desiderata qui consiste à épingler les vrais auteurs et ce en raison de sa subordination au CRN de Daouda Malam Wanké.
En effet, dans un mémorandum présenté lors de la commémoration du 4ème anniversaire de cet assassinat, les proches du Président Baré avaient souligné que «Ce rapport d’enquête est manifestement bâclé, rédigé en deux jours pour des faits aussi graves que l’assassinat d’un Président de la République. Il est plein de carences et d’omissions» parmi lesquelles ils ont relevé «l’omission de saisir les bandes vidéo des événements filmés par la télévision nationale, qui était sur les lieux des faits ; absence d’auditions d’importants témoins oculaires des faits tels que le Chef d’Etat Major Particulier du Chef de l’Etat, le Pilote et le Copilote de l’hélicoptère, les reporters des médias, le valet de chambre du Président, le médecin qui a établi le certificat de décès du Président Baré etc.».
Comme on peut le constater, l’enquête de la Gendarmerie n’a ni convaincu la famille du Président Baré ni même l’opinion nationale. C’est pourquoi, elle a jugé utile de demander l’ouverture d’une enquête internationale. A l’appui de cette demande, ils ajoutent que «Cette enquête est devenue nécessaire, car il est inadmissible d’accorder une amnistie à des assassins qui n’ont pas été formellement identifiés». On se souvient, le 30 septembre 1999 soit 6 mois après ce crime odieux, la veuve du Président Baré Madame Clémence Aïssa Baré avait, dans une interview qu’elle a accordée à RFI, lancé un appel à toutes les institutions nigériennes et internationales «qui sont soucieuses des droits humains, ainsi qu’aux Chefs d’Etat africains et d’ailleurs», d’aider sa famille à obtenir cette enquête internationale sur la mort du Président Baré.
Des appels et quelques timides pressions de la communauté internationale s’en ont suivi c’est vrai, mais malheureusement n’ont pas porté leur fruit. Les volontés affichées par les organisations de défense des droits de l’Homme au niveau international ont fini même par se tasser. Des plaintes légitimes restées sans suite Il faut noter que la famille Baré a déposé deux plaintes pour assassinat du Président Ibrahim Baré Maïnassara. La première plainte contre X date de 24 mai 1999, la famille Baré constituée en partie civile l’avait déposée auprès du tribunal de première instance de Niamey.
A l’époque, aucun texte juridique n’accordait une amnistie quelconque pour ledit assassinat, mais plus de 3 mois s’écoulèrent avant que la justice ne réponde à cette plainte qui était pourtant parvenue au ministère de la justice dès le premier juin 1999. En effet, il a fallu attendre le 08 septembre 1999 pour que le procureur de la République près du tribunal régional de Niamey notifie à la famille Baré que sa plainte est classée sans suite en raison de l’amnistie accordée par la constitution promulguée le 25 août 1999, aux auteurs des coups d’Etat des 27 janvier 1996 et 09 avril 1999. Ici la contradiction qu’il faut relever c’est que le 09 avril 1999 il n’y a pas eu de coup d’Etat mais plutôt l’assassinat d’un président, le coup d’Etat n’est intervenu que le 11 avril 1999.
Le 19 mai, la veuve du Président Ibrahim Baré Maïnassara, agissant en son nom et en celui de ses enfants mineurs, déposait une plainte avec constitution de partie civile contre Daouda Malam Wanké et tous les autres complices, pour assassinat et versait la caution de 10 millions qui a par la suite été ramenée à 500.000 FCFA, apprend- t-on. Le 29 novembre 1999, la mère de Ibrahim Baré Maïnassara ainsi que tous les frères et soeurs de la victime se joignaient à ladite plainte. Malheureusement, déplore la famille Baré, le doyen des juges d’instruction, par ordonnance en date du 12 mai 2000, avait refusé d’informer pour raison d’amnistie accordée dans la constitution du 09 août 1999.
Toujours dans le but de lever le blocage de la voie judiciaire, et en vue de dénoncer l’inconstitutionnalité de la loi 2000-01 du 24 janvier 2000, la famille Baré a adressé d’autres correspondances toutes restées sans suite: d’abord au premier ministre en date du 27 mars 2001, ensuite au président de l’Assemblée Nationale le 18 avril 2001 et au président de la Cour Constitutionnelle le 16 mai 2001 pour qu’il se prononce sur l’inconstitutionnalité des articles 136 et 141 de la constitution et de la loi N°2000-001. Il a fallut en 2002 lorsqu’elle est saisie d’une autre requête en date du 24 juin 2002 par le canal du président de la Cour d’Appel de Niamey pour qu’elle déclare dans un arrêt N°2002-013/CC du 7 août 2002, conforme à la constitution du 09 août 1999, la loi N°2000-001 du 24 janvier 2000 portant amnistie relative aux coups d’Etat du 27 janvier 1996 et du 9 avril 1999.
Par cet arrêt de la Cour Constitutionnelle la famille Baré n’a plus aucune autre possibilité de poursuite judiciaire au niveau national. Aujourd’hui encore, tout indique que la famille Baré mettra encore du temps à attendre pour voir la lumière jaillir autour de ce dossier criminel. Est-ce pour autant que les familles de victimes de cet attentat de 9 avril 1999 doivent se résigner sans intenter une action en réparation des dommages causés à elles ? Etant donné que l’action pénale bute dangereusement à l’autoamnistie cautionnée par la classe politique nigérienne au profit des auteurs et complices de ces meurtres crapuleux, à l’exception de RDP-Jama’à, il n’y a pas de raison à ce que les ayants droits des victimes ne puissent pas introduire une requête collective pour demander des dommages intérêts en réparation des préjudices qu’ils subissent actuellement. Seulement la question qu’il faut se poser est de savoir contre qui cette action civile va-t-elle être menée si tant est que les auteurs et leurs complices ne sont pas encore identifiés?
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