samedi 14 mars 2009

Rébellion touaregue au Niger : Les incertitudes d’un schisme


Mahorou Kanazoe Le Pays 12-03-09

samedi 14 mars 2009

Le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ) vit de nouvelles heures de turbulences. Comme chaque fois qu’une scission intervient en son sein, des questions fusent, sur la capacité du principal groupe rebelle touareg du Niger, à survivre. Mais en dépit des différentes épreuves successives, on a vu que le mouvement a su résister à ses démons internes pour continuer à être une épine dans le pied du gouvernement nigérien. Il doit faire face à une nouvelle fracture, provoquée par le Front patriotique nigérien. Qu’en sera-t-il cette fois-ci ? Au contraire de l’autre aile dissidente du MNJ, le Front des forces de redressement, qui a gardé les armes, le nouveau mouvement a décidé d’entrer dans un processus de dialogue. C’est la marque qui fait sa différence d’avec les autres. Tout dépend cependant du poids de ces partisans du dialogue, au sein de l’ensemble du mouvement rebelle. S’ils représentent une frange très importante, on peut croire que la rébellion vient de subir un coup dur et que le président Mamadou Tandja est en passe de remporter la guerre d’usure qui l’oppose au MNJ. Toujours est-il que le Niger n’a pas pour autant gagné la bataille de la paix. Car le nouveau groupe qui se dit disposé à négocier, a posé des conditions dont l’application implique de facto la reconnaissance par le gouvernement de la réalité d’une opposition armée touarègue. Or Mamadou Tandja est toujours resté inflexible sur ce point, préférant assimiler les rebelles à des bandits armés. On le voit mal donc discutant de questions politiques avec des interlocuteurs considérés comme des bandits. Mais cette main tendue du nouveau front rebelle peut constituer une opportunité pour le régime nigérien, d’expérimenter le modèle malien de résolution de sa question touarègue. Fait de réalisme et de pragmatisme, il a permis, par un savant dosage associant la fermeté et la diplomatie, de venir à bout de l’hydre de la rébellion. Toutefois, cela suppose une reconnaissance du caractère politique des revendications des insurgés. C’est la première étape vers tout processus de négociation. Le président Tandja est-il prêt à faire cette concession au risque de remettre en cause toute sa doctrine dans le dossier touareg ? Il faudra bien que Tandja se fasse une raison et opte une bonne fois pour toutes pour la sortie de crise. La situation actuelle de ni paix ni guerre nuit à l’image du pays dont il a la charge. Aucun investisseur ni touriste ne s’aventurerait dans une région minée par l’insécurité. L’autre menace liée à la persistance de la crise touarègue, c’est l’apparition de l’islamisme intégriste. Les derniers faits d’armes de la branche africaine d’Al-Qaida montrent bien que le terrorisme se nourrit aussi de la déliquescence de la situation sécuritaire d’un pays. Le pouvoir a donc intérêt à agir au plus vite. Et comme les rebelles sont ses adversaires connus, et qu’ils sont, en ce qui concerne le Front patriotique nigérien, disposés à négocier, il est plus aisé pour le président nigérien de commencer à régler ce problème. Sinon, à trop jouer les fiers, il pourrait être amené un jour à constater avec impuissance les dégâts de son intransigeance.

Par Mahorou KANAZOE

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