mercredi 18 mars 2009

Niger: Les sociétés civiles se politisent


18 mars 2009, 11:58

Malgré l’déclaré conforme à la Constitution du 9 Août 1999 la nouvelle loi portant indemnités et avantages parlementaires, la société civile refuse de clore le débat continuant à s’en prendre à l’Assemblée Nationale. Quand le Mouvement Citoyen pour la Paix, la Démocratie et la République (MCPDR) de Nouhou Arzika s’accroche au boubou du Président Tandja demandant à ce dernier de ne pas promulguer la nouvelle loi portant indemnités et avantages parlementaires, le Collectif de la Société Civile Nigérienne (CSCN) de Mahaman Hamissou Moumouni lui demande la disqualification de cent treize (113) députés lors des prochaines consultations électorales.

Mais malgré leur point de vue commun sur les avantages et indemnités des députés, ces deux regroupements d’organisations de la société civile ne semblent pas être sur la même longueur d’onde politique.

Le MCPDR roule-t-il pour le Président de la République ? Pour une bonne partie de l’opinion nationale, Nouhou Arzika et son Mouvement Citoyen pour la Paix, la Démocratie et la République (MCPDR) roulent pour le Président de la République, Mamadou Tandja. Cette thèse serait étayée par la position du MCPDR sur le fameux « Tazarce ». De toutes les organisations de la Société Civile Nigérienne, seule l’organisation de Nouhou Mahamadou Arzika a eu une réaction mitigée sur le « Tazarce ».

Au lendemain de la création du Front Uni pour la Sauvegarde des Acquis Démocratiques (FUSAD), le coordonnateur de cette nouvelle organisation, Marou Amadou avait appelé à la création d’un large front de la Société Civile Nigérienne pour protéger la Constitution du 9 Août 1999 et préserver ainsi les acquis démocratiques. Il s’agissait ici de constituer un rempart pour contrecarrer le mouvement « Tazarce ».

Le mouvement citoyen aurait alors balayé d’un revers de la main cette proposition. Qu’aujourd’hui, Nouhou Arzika accepte de composer avec le FUSAD et la Convergence Citoyenne sur le débat portant indemnités et avantages parlementaires laisse penser qu’il y tient à un sujet moins important que la préservation des acquis démocratiques. C’est donc à juste titre que des nombreux Nigériens commencent à douter de la sincérité de la lutte du Mouvement Citoyen. Surtout que les préoccupations ne manquent pas pour lesquelles les Nigériens attendent beaucoup de réponses : c’est notamment la cherté de la vie, la question scolaire, l’organisation des prochaines élections, la transparence dans les industries extractives, les affaires MEBA, SONITEL et de l’or de Samira…

Du reste, la législature actuelle étant presque à son terme, la lutte de la société civile devrait se porter essentiellement sur la question des élections et l’émergence d’une prochaine Assemblée Nationale moins commerçante, plus consciente et plus proche des préoccupations du peuple. A moins que Nouhou Arzika et ses camarades ne soient en train de jouer aux fous du roi, auquel cas beaucoup de choses seraient compréhensibles.

Le CSCN proche du Hamisme ! S’il y a un point sur lequel le Collectif de la Société Civile Nigérienne (CSCN) de Mahaman Hamissou Moumouni tient mordicus, c’est l’audit du Programme Spécial du Président de la République. Chemin faisant sont venus se greffer d’autres points à cette principale revendication : Il s’agit de la cherté de la vie, de la question des déguerpis, de la liberté de presse, de la justice, de l’affaire MEBA, de l’effectivité de « l’opération mains propres » des avantages des députés et tout récemment de la libération de Hama Amadou et de Maty Elhadji Moussa respectivement détenus à la Prison de Haute Sécurité de Koutoukale et de la prison civile de Say.

Dès le départ, il y a eu ceux pour dire que l’exigence de l’audit du Programme Spécial n’est qu’une réponse à l’arrestation de l’ancien Premier Ministre, Hama Amadou. Autrement dit que Mahaman Hamissou Moumouni roulerait pour le compte du célèbre prisonnier de Koutoukalé. L’un dans l’autre les revendications du CSCN en vue d’une justice équitable, de l’audit du Programme Spécial du Président de la République, de la libération de Hama Amadou et de Maty Elhadji Moussa, du traitement de l’Affaire MEBA, de l’impartialité de « l’opération mains propres » font bien les affaires des partisans de Hama Amadou. Au sein de l’opinion, on pense que la revendication du CSCN de la disqualification de cent treize (113) députés tient plus à un camouflage qu’à une véritable exigence.

Ceci nous amène à voir que de toutes les organisations de la Société Civile Nigérienne, seul le Réseau des Associations de Développement et des Organisations de Défense des Droits de l’Homme et de la Démocratie (RODADDHD) de Tsayabou Laoual Salaou semble ne pas trop s’intéresser au jeu politique.

Mallam Abba
Action-Niger

saharamedia

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