TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
mercredi 11 mars 2009
Niger: Le Lion de Youri Hama Amadou, canditat aux élections prochaines
10 mars 2009, 20:50
Intervenant sur une chaîne de télévision de la place, le nouveau Président du MNSD-Nassara a laissé entendre que le Bureau Politique National de son parti garde à l’esprit les échéances électorales qui s’amènent à pas de géant dans notre pays. Cela a suffit pour relancer l’inévitable polémique sur les potentiels candidats du MNSD- Nassara aux prochaines législatives et présidentielles. Et des scénarios même les plus invraisemblables avancés, impossible pour ce parti d’échapper à l’ombre de Hama Amadou qui hante les esprits au point de transformer les nuits en cauchemar. Mais cette peur- panique des uns et des autres ne finit-elle pas par faire du prisonnier de Koutoukalé le “kadangaran bakin tulu” des hausa ou le “garangaran goungouri” des zarma? Ceci pour dire que la nouvelle direction du MNSDNassara vit un vrai drame : elle calcule avec Hama, elle perd ; elle calcule sans lui, elle perd !
Dans un parti normal, l’on connaît d’avance la place que chacun va occuper. Sans nul doute, la Convention Démocratique et Sociale (CDSRahama) va investir Mahamane Ousmane tête de liste aux législatives et candidat aux présidentielles. Le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS- Tarraya) place Mahamadou Issoufou en tête de liste de ses futurs députés et lui renouvellera sa confiance pour briguer le poste de Président de la République. Par contre, au Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD- Nassara), rien n’est moins sûr ! Les incertitudes n’en finissent pas de grignoter ce parti qui a pourtant su panser rapidement ses plaies de la Conférence Nationale Souveraine pour se hisser au premier rang de toutes les élections de l’ère multipartiste. Aujourd’hui plus qu’hier, les hypothèses sont folles. Ecartons la thèse du ‘’tazarce’’ et de son présumé candidat, il reste trois hypothèses. Les premiers soutiennent que Seïni Oumarou serait le présidentiable logique du MNSD- Nassara. Que nenni rétorquent les seconds qui voient en Albadé Abouba le potentiel aspirant au fauteuil présidentiel.
Ce n’est ni l’un ni l’autre, disent les troisièmes ! Seïni et Albadé travailleraient en fait pour la candidature de Mamane Oumarou que le Président Tandja n’aura pas ramené en surface en le nommant Médiateur National pour rien ! Et dans ses supputations, une quatrième candidature se profile à l’horizon : celle de Hama Amadou. En l’état, ce dernier garde toutes ses chances intactes pour faire plébisciter sa candidature à toutes les élections à venir dans notre pays. Et ce ne sont pas les atouts qui lui manquent. Sur le plan de ses avantages intrinsèques, notons que fougueux, provocateur, stratège et machiavélique (dans le sens où la fin justifie les moyens), Hama Amadou est un adversaire politique redoutable. Alors que certains politiciens parlent de lui comme d’un animal politique, lui-même s’identifie à un taureau.
Ses hauts faits d’arme remontent à la Conférence Nationale Souveraine où il a sauvé le MNSD et la nomenklatura militaro- civile qui ont géré le pays des mains de dictateur depuis le coup d’état du 15 avril 1974. Il s’est ensuite illustré dans la transformation du parti- état en MNSDNassara ce qui lui a valu d’être acclamé Secrétaire Général au congrès de Niamey de 1991. Premier ministre de la nouvelle majorité de 1995, Hama Amadou fera preuve d’un sens de mission à la limite de la naïveté au point de prendre une grande responsabilité dans les circonstances qui ont justifié le coup d’état du 26 janvier 1996. En 1999 et en 2004, son action sera déterminante pour hisser le Président Tandja à la tête de l’Etat et pour conduire avec succès le programme gouvernemental jusqu’au soir fatidique du 31 mai 2007.
Malgré la procédure peu amicale avec laquelle ses compagnons politiques vont le traiter, il acceptera stoïquement un jeu démocratique truqué et des ennuis politico- juridiques à n’en plus finir. Peut-être que Hama Amadou est lui-même conscient qu’il n’a pas fait que des heureux sur son parcours politique. Ils sont légion ceux à qui il a fait vivre un malheur pendant son long “primatoriat” mais comme il aime à le dire : “on ne fait pas des omelettes sans casser les oeufs” ! Paradoxalement, ce style de gouvernance plaît à nombre des Nigériens qui l’idolâtrent. Du reste, les tournées drainant des foules immenses qu’il a initiées au lendemain de sa mise à l’écart de la primature ont été concluantes sur ce point. Un autre paradoxe.
Sa popularité semble monter en flèche au tournant de chaque déboire qu’on lui impose. Et le vulgaire prisonnier qu’on voulût faire de lui se transforma en un martyr de la politique politicienne dont le rang des partisans grossit du jour au lendemain. C’est, d’ailleurs, cette capacité de mobilisation exceptionnelle des hamistes qui effraie leurs adversaires et les rassure dans leur option d’une opposition frontale à la direction issue du congrès du 21 février dernier tenu à Zinder. Un tel capital de sympathie réinvesti dans une campagne électorale peut faire mal. Bien plus. L’atout massue de Hama Amadou est constitutionnel et juridique. En effet, aux termes de l’article 17 de la constitution du 9 août 1999 « toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public durant lequel toutes les garanties nécessaires à sa libre défense lui auront été assurées. »
Cela signifie qu’en l’absence de tout jugement devenu définitif, Hama Amadou garde un casier judiciaire vierge et peut donc légitimement et légalement prétendre déposer sa candidature aux législatives et aux présidentielles. Du coup, cela n’arrange ni les “nassaristes” ni “rahamistes” ni “tarrayaïstes”. Hama Amadou, dans l’arène des élections même privé de la liberté d’aller et venir, sera dangereux. En attendant le verdict de la justice sur le procès engagé par les Salah Habi, il faut vite régler l’équation de la bannière sous laquelle Hama Amadou se présentera : MNSD- Nassara ? Un autre parti déjà existant ? Un nouveau parti ou candidat indépendant ? Comme quoi Hama Amadou est vraiment un ‘’garangaran goungouri’’ pour la classe politique nigérienne.
Canard Déchaîné Niger
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