Le Nouvelliste - 04/03/2009
mercredi 4 mars 2009
Du mercredi 24 au jeudi 25 février 2009, s’est tenu dans la capitale nigérienne un forum consacré à la recherche de la paix dans le vaste désert que nous partageons avec le Niger. Ce forum, premier du genre, a enregistré la participation d’une centaine de personnes composée de notables, d’autorités administratives et politiques des zones frontalières. Le souci premier de ce beau monde se résume à la problématique de l’insécurité dans leur zone frontalière.
Au sortir des deux jours de travaux, les autorités nigériennes et les nôtres ont formulé plusieurs recommandations qui seront soumises aux présidents Tandja et Touré pour exécution.
La première recommandation sur laquelle les deux sommités auront à étudier est la levée de l’état d’alerte dans le nord du Niger. Cet état d’alerte, faut - il le rappeler a été instauré par le Niger depuis un an et demi, avant d’être prolongé de trois mois en début de semaine par le président Tandja.
La suivante recommandation sonne comme une victoire du président ATT. Le forum a chaleureusement apprécié sa stratégie de gestion de la crise touarègue ; toute chose qui a poussé la centaine de participants a demande aux autorités nigériennes de s’inspirer du cas malien dans le règlement de la crise touarègue. Il s’agit d’accepter et de privilégier le dialogue plutôt que les armes. Ce qui semble ne pas être du goût de Niamey qui a toujours mis en avant l’affrontement armé avec les touaregs, toujours assimilés à des bandits armés.
Pour arriver à cette fin, le forum a proposé la création d’un comité qui sera investi du pouvoir d’amener les deux parties (autorités nigériennes et rébellion touarègue) à s’asseoir autour d’une table. Cependant, le forum a pris soin d’écarter toute implication de citoyen qui, se cachant derrière le trafic de drogues et d’armes, revendique une quelconque rébellion. Seules, les revendications politiques sont recevables, a indiqué un membre influent du forum.
Dans l’immédiat, le forum a demandé l’arrêt des hostilités et la pose des mines dans le nord du Niger. La libération des prisonniers de part et d’autre, à commencer par les femmes détenues qui sont les premières victimes de cette insécurité. L’amnistie des militaires et combattants responsables de crimes a été aussi évoqué.
Pour finir, des mesures concrètes ont été prises du côté des frontières. Il s’agit pour les deux Etats d’élaborer des stratégies et de trouver des moyens leur permettant de combattre côte à côte le grand banditisme et le trafic.
Le forum pour la paix aura vécu, seulement nous avons regretté le fait que les participants à cette grandiose rencontre ont tout fait pour éviter la délicate question de l’islamisme, un phénomène qui s’étend de plus en plus dans le no man’s land que partagent nos deux Etats. C’est vrai que le forum a parlé de " combattre le grand banditisme " mais à savoir si ce grand banditisme veut dire " islamisme " ou s’il faut en chercher d’autre.
En tout cas, le danger imminent qui plane sur nos têtes est cet islamisme incarné par le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat, baptisé aujourd’hui Al-Qaïda au Maghreb islamique.
Seybou KEITA
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