TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
lundi 9 mars 2009
[Contribution] Resistance Touarègue: Une nouvelle donne
Ecrit par A.Y. BARMA,
Alors que des rumeurs insistantes font état de l’épilogue dans les très prochains jours de la crise sécuritaire qui sévit depuis presque trois ans dans la région nord du Niger, une série d’événements majeurs survenus tout au long de cette semaine semble donner désormais une nouvelle donne au conflit. Certes il n’est plus question de la reprise des hostilités entre les forces loyalistes et les belligérants regroupés pour l’essentiel au sein du MNJ, le principal groupe armé de la rébellion touarègue en activité. Le mouvement de Aghali Alambo étouffé sur le terrain par la grande offensive des Forces de Défenses et de Sécurité (FDS) qui s’est renforcée ces derniers mois fait face à une sérieuse querelle interne alors même que de l’avis de plusieurs sources au parfum de l’évolution de la situation, la reddition du dit mouvement n’est plus qu’une question de jour.
Moins d’un an après le départ d’une partie de ses combattants qui sous la houlette du vétéran Ag Awoutchiki Kriska ont rejoint l’irrédentiste chef de guerre Rhissa Ag Boula au sein d’un Front des Forces pour le Redressement (FFR) et après les multiples désertions des centaines d’autres depuis l’ouverture du bal par les hommes de Elhaj Hammedi Abta ( Mouvement des Jeunes Arabes du Niger) et quelques mois plus tard les FARS ( Forces Armées Révolutionnaires du Sahara ,Toubou) de Bocar Sougouma, le MNJ vient de perdre encore une importante partie de son contingent avec la création ce vendredi 6 mars d’un nouveau groupe armé le Front Patriotique Nigérien (FPN) du capitaine Ajidar Mohamed un ex-commandant de peloton des FNIS ( forces d’intervention et de sécurité , ex-garde républicaine) ;
escorté par des figures de proue de la désormais nébuleuse rébellion touarègue Aklou Sidi, Boutali Tchiwaren,Ghoumour Bidika et le très médiatique et ancien maire de Tchirozerine Issouf Ag Maha. Cette annonce intervient au moment même ou les mêmes sources citées plus haut font état d’une rencontre dans la capitale libyenne Tripoli entre une délégation du gouvernement nigérien mandatée par le président Tandja et des représentants des groupes rebelles sous l’égide du président Kadhafi.
Ce dernier on se rappelle qu’après avoir été auréolé du prestigieux titre de président en exercice de l’Union Africaine lors du 12ème sommet de l’institution panafricaine qui s’est tenu à Addis Abeba du 26 janvier au 3 février dernier, a promit sur requête expresse du président nigérien, de s’engager résolument vers la recherche d’une solution durable au conflit qui déchire la partie septentrionale de l’Afrique principalement au Niger et au Mali.
La médiation n’a apparemment pas tardé à porter ses fruits puisque le 3 mars dernier le président Tandja recevait un émissaire du guide libyen en la personne du secrétaire général de la CEN/SAD SEM. Mohamed Madani Al Azari venu annoncer la libération imminente de tous les otages militaires retenus encore par le MNJ, certains depuis la tristement attaque de Tezerzet le 22 juin 2007. De sources sures les otages se trouvent déjà aux mains des autorités libyennes et seront remis à la délégation dépêchée par le président Tandja actuellement présente a Tripoli.
L’information n’a pas d’ailleurs été démentie par le MNJ qui reconnait toutefois détenir encore un officier de l’armée nigérienne coupable à ses yeux de crimes de guerre. Si cette information se confirme officiellement, on peut indéniablement affirmer qu’ un pas décisif vient d’être franchi vers le chemin de la paix, ce qui constitue assurément le vœux le plus cher de toute la nation nigérienne. Toutefois, de sources dignes de fois et proches de la rébellion, le chef rebelle Aghali Alambo aurait agit sans concertation avec la hiérarchie militaire et politique de son mouvement.
Il aurait même quitté le maquis avec les otages en compagnie de son compère malien Ibrahim Ag Bahanga dont le sort vient à peine d’être scellé dans son propre pays où son front, l’Alliance Touarègue du Nord Mali pour le Changement (ATNMC) avait déposé les armes le mois passé. Ce qui n’aurait pas été du gout de son Etat major d’où la raison du départ du capitaine Ajidar et consorts qui ont donc désormais décidé de créer un nouveau front le énième du genre alors qu’il se susurre qu’une partie des combattants du MNJ aurait même rejoint le FFR de Rhissa Ag Boula.
Ce qui est sur dans un cas comme dans l’autre, le chemin de la paix n’est pas assez loin au vu de l’évolution de la situation et des forces en présence. En effet il est difficile de penser à une reprise des hostilités dans le contexte actuel caractérisé surtout par une dislocation du principal mouvement le MNJ déjà sous l’étreinte des Forces Armées Nigérienne. Déjà dans le préambule de sa constitution, le FPN se réclame comme ‘’un mouvement armé qui vise le retour de la paix au Niger en favorisant le dialogue comme solution entre autres’’.
On ne peut mieux dire. Avec l’implication personnelle du guide libyen et l’ouverture pour la première fois de pourparlers direct et au sommet entre le gouvernement et les rebelles, les ingrédients sont suffisamment réunis pour que le calumet de la paix soit enfin fumer entre les deux parties et la hache de guerre définitivement enterrée dans cette partie vitale de notre pays. La seule inquiétude qui persiste demeure la position du FFR de Rhissa Ag Boula, lequel pourrait dangereusement monnayer ses démêlés ave la justice nigérienne au prix fort.
Même dans ce cas, la tentation sera dangereuse pour lui de rater le train de l’histoire et de vouloir faire cavalier seul dans sa ‘’ bataille de l’uranium’’ à un moment où plus que par le passé, l’histoire a démontré non seulement la limite du langage des armes mais aussi et surtout que tout chemin vers la paix passe avant tout par le dialogue pour reprendre les termes du Dr Hima Badié de l’ANDDH ; il n’y a que le dialogue pour ramener la paix ( Infos de l’Air 01-02 du 31 Juillet 07). Surtout dans un pays résolument engagé vers la sauvegarde de ses acquis démocratiques et la vision d’un avenir plus que jamais prometteur…
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