jeudi 26 mars 2009

Areva défend son action au Niger



Propos recueillis par Gaël VAILLANT
leJDD.fr

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Depuis neuf mois, le réseau Sortir du nucléaire dénonce, en France, les dégâts causés par la mise en exploitation du gisement d'Imouraren au Niger, dans la région d'Arlit. Yves Dufour, porte-parole de la mine d'Areva, a répondu, pour leJDD.fr, aux militants anti-nucléaire, estimant que les populations locales bénéficient des investissement du géant français de l'énergie.
Anne Lauvergeon, patronne d'Areva, sera avec Nicolas Sarkozy vendredi au Niger.

Stéphane Lhomme du réseau Sortir du nucléaire a affirmé mardi, lors d'une conférence de presse en présence de plusieurs personnalités politiques, que la mise en exploitation du gisement d'Imouraren avait entraîné l'expropriation des populations locales au bénéfice d'Areva...
Avant de contrer cet argument, il faut replacer la mine dans son contexte géographique. Le site se trouve en plein centre d'un désert ‘plat', sans aucun relief. Cette immense superficie n'est pas habitée. Et le droit foncier n'étant pas abouti au Niger - même si l'Etat est en train de mener une réflexion de fond sur le sujet -, peu de personne possède un terrain dans les deux tiers nord du pays. Si les populations locales, majoritairement nomades, n'ont quasiment pas de biens fonciers, elles défendent en revanche des zones de pâturages, qui se situent au niveau des oueds [des cours d'eau très irréguliers qui sont alimentés par de rares et fortes précipitations]. Un sujet sur lequel nous avons beaucoup travaillé. Nous avons organisé plusieurs journées d'audience publique et nous avons réussi à délimiter une surface d'exploitation qui ne risque pas de gêner les éleveurs.

Mais une mine demandant beaucoup d'eau, le site d'Areva ne risque-t-il pas de fragiliser les pâturages en pompant leur source d'approvisionnement?
L'eau sera de toute évidence le principal enjeu écologique du XXIe siècle. Et les géologues d'Areva travaillent depuis plus de 40 ans pour minimiser l'impact de l'industrie sur l'environnement. Mais affirmer que nous allons assécher la région d'Arlit n'a pas de sens. Les nappes phréatiques de ce bassin sédimentaire sont alimentées par les oueds. Techniquement, les eaux qui s'écoulent de la surface se retrouvent dans des aquifères [couches souterraines suffisamment poreuses pour emmagasiner des liquides]. Lorsqu'on creusera le gisement d'Imouraren, nous toucherons cinq aquifères seulement, la région en comportant des centaines. Par ailleurs, nous utiliserons, pendant les 35 ans prévus par le contrat d'exploitation du gisement d'Imouraren, près de trois millions de mètres cubes d'eau. Pour information, nos spécialistes ont estimé que l'intégralité du bassin comptait près de huit milliards de mètres cubes d'eau... Certes, nos détracteurs ont raison sur un point: les nappes phréatiques que nous exploitons sont dites fossiles, c'est-à-dire qu'elle vont mettre 200 ans à se recharger. Mais c'est pour ça que nous poussons les autorités nigériennes et la communauté internationale à lancer un plan pour la gestion régionale de l'eau sur le long terme.

Au-delà de la critique écologique, le réseau Sortir du nucléaire accuse votre entreprise de faire le jeu des autorités nigériennes en isolant politiquement les Touaregs...
Nous avons travaillé avec les populations nomades, qui ne sont pas forcément des Touaregs d'ailleurs, bien avant le début de la ‘rébellion' qui s'oppose à Niamey. Le conflit n'est pas bon tant pour l'économie locale que pour l'exploitation des richesses. Ainsi, Areva a investi d'importantes sommes sur place pour que les nomades ou semi-sédentaires tirent eux aussi bénéfices des exploitations minières. Avant tout, le site d'Imouraren a permis de créer près de 1400 emplois, du simple minier au chimiste. 90% de ces postes, y compris ceux à responsabilité, sont occupés par des Nigériens. Il faut ajouter à ce chiffre la masse d'emplois supplémentaires des entreprises sous-traitantes, soit plus de 5000 personnes concernées. En plus de créer de l'embauche, Areva a aussi développé la formation. Nous soutenons toujours l'Ecole des mines de l'Aïr, qui permet aux Nigériens de suivre une formation supérieure de qualité. Nous avons également conclu des partenariats avec des associations touarègues qui, sur place, proposent des "écoles nomades". Mais cet accès à l'Education pour les populations locales reste limité car, au-delà du secondaire, il faut placer son enfant en ville. Une différence culturelle que ne peut pas accepter une partie des Touaregs. Et Areva ne peut pas éduquer tout le Niger...

Beaucoup critiquent l'investissement de Nicolas Sarkozy, qui lors de son voyage officiel en Afrique, va faire un détour par Niamey pour soutenir, selon vos détracteurs, le contrat d'Areva au Niger. La venue du président était-elle essentielle à la mise en exploitation du gisement d'Imouraren?
Areva est partenaire économique de l'Etat nigérien depuis quarante ans. Donc non, la visite du président de la République n'influe en rien sur ces affaires. Il faut savoir que la convention minière autorisant la mise en exploitation a été signée en janvier dernier, et que deux conseils d'administration du site d'Imouraren ont eu lieu depuis début mars. En revanche, c'est à cause de la présence d'une grande entreprise française qui investit beaucoup dans son pays que Mamadou Tandja [le président nigérien] a émis le désir de rencontrer Nicolas Sarkozy en compagnie d'Anne Lauvergeon [P-DG d'Areva]. L'entrevue entre les deux chefs d'Etat sera donc une rencontre d'amitié, dans le cadre de relations diplomatiques. Rien de plus.
JDD.fr

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