mardi 24 février 2009 (02h17)
Après le retour salué d’une partie des combattants Touaregs du Mali, les appareils de la discrimination, de la division et les semeurs de trouble ont repris du travail.
A la lecture de ces lignes que je partage avec vous, vous comprendrez comment une poignée d’individus qui se prennent pour des journalistes « professionnels », peuvent dégrader une situation dont les autorités Maliennes se félicitent du dénouement, et stigmatiser une frange de la population à tel point qu’ils sèment durablement les germes de la Haine réciproque entre Maliens, et pour longtemps.
Le Zenith Balé du 20-02-2009 : « Enfin la patrie triomphe de ses traîtres. Ils avaient juré de mettre le pays sens dessus dessous, ils se retrouvent dans les profondeurs des abîmes. L’armée malienne est passée par là et c’est à elle seule que le pays doit les grades et les mérites. N’est-ce pas que ce serait justice ? Le grand retour des égarés du Nord Mali : Vivement l’uniforme de la honte pour ces criminels de guerre ! »Comment qualifier un tel homme, Mr Mamadou DABO, qui exprime en ces lignes une Haine ancestrale, qui consiste à diaboliser les Touaregs, pour démontrer qu’ils n’ont pas leur place au Mali, et ne méritent que le mépris ?
Il précise que seule l’armée Malienne mérite des grades, vous comprendrez qu’il parle de « vrais Maliens », en excluant ceux qui pourraient par malchance être de couleur « blanche » !
Ceux-là ne sont pas des maliens, même si c’est grâce à une partie d’entre eux (qui n’ont effectivement aucun mérite pour cela), que le retour de certains combattants a été rendu possible. Le Guido (du 24-02-09) Retour des bandits dans l’armée : « Tout sauf le retour ou la réhabilitation des groupes armées au sein des forces armées et de sécurité…»
Le Challenger du 24-02-2009, Alhassane Maiga écrit : "Un cas parmi les plus préoccupants chez nous d’autant qu’il contribue notablement à polluer le climat social au Mali : il s’agit de ces ’’cyber- flingueurs touaregs’’. Dotés d’une mauvaise foi - et, rien hélas ne peut les en guérir- ces apatrides ne se lassent guère d’envahir la toile mondiale pour diffuser leurs âneries."
Le Challenger encore « La forte image, c’est cette impressionnante horde d’enturbannés un demi millier d’hommes et, à leurs pieds, ces horribles engins fabriqués rien que pour semer la mort. » Chiaka Doumbia.
La horde, ce sont les citoyens Maliens appartenant à l’Ethnie Touarègue. Au moins Doumbia innove, en inventant de nouvelles images pour l’imaginaire collectif Malien. Il qualifie les Touaregs de horde, comme au moyen-âge quand on parlait de cette horde de barbare, qui dévastait tout un pays tel une tempête, ou une nuée de sauterelle dans un champ de mil. Il va falloir s’habituer avec ces nouvelles appellations, car entre « terroristes » et « horde d’enturbannés », je préfère le second. Mais il est à rappeler à Mr Doumbia, que les Songhaïs aussi portent le turban dans le nord du Mali, donc attention à l’amalgame !
L’Indicateur Renouveau « De retour dans les rangs de l’armée nationale : Les élucubrations éhontées du déserteur Hassan Fagaga ».
Un seul journal mérite d’être lu : L’Independant. Dans ces colonnes, Chahana TAKIOU écrit : « La paix qui s’installe a besoin d’être entretenue, consolidée et confortée. Il y va de la stabilité et de l’essor économique de cette région du pays. Il est donc du devoir de la puissance publique d’initier toute action de nature à conforter cette paix et à mettre la région de Kidal sur la voie du développemen ». Ces lignes sont celles d’un citoyen responsable, et lucide. Il n’a pas été au bal de l’ivresse publique où Mahamne Mariko leader du CRAJ appelait à l’identification individuelle pour les combattants de retour. Il conclut son article en ces termes : « La paix a donc besoin d’être consolidée à travers la construction d’infrastructures sociales de base. A vos marques. »
Voilà quelqu’un qui sait que son rôle est d’apaiser les esprits, de dire la vérité, et non d’entretenir la peur des citoyens en caricaturant les Touaregs en « bandits armés », « terroristes »…
Il faut que les Maliens se souviennent des moments difficiles qui ont conduit à ce soulèvement du nord, et surtout se rappeler qu’il y a pas si longtemps, l’armée Malienne était si desemparée, qu’elle cherchait par tous les moyens, une issue de secours pour arrêter la machine de guerre mise en place par Bahanga. Rien, oui Rien n’aurait été possible si des Touaregs, puis des Maures, ne ce sont joint à l’armée. Malgré cela, on n’epargne même pas ceux qui ont collaboré avec l’état malien contre leurs propres freres.
Les généraux de Koulouba, n’ont pas pu factoriser le polynôme Bahanga, et il a fallu faire appel à un de ses freres d’armes, pour faire plier une partie des dissidents Touaregs : Colonel Elh. Gamou.
Donc cette victoire quoi qu’on dise, est une victoire Malienne : celle de Bamako et de Kidal et sa région, car ce sont les Touaregs de l’armée qui ont trouvé quelques parades. Et c’est ce modèle que nous avons toujours esperé pour nos Pays (Niger, Mali). Expliquons pour éviter les amalgames.
Il faut savoir que les Touaregs sont une exception dans ces deux pays, non pas parce qu’ils sont les meilleurs, mais du fait de leur passé, leur Histoire (Résistance indéfectible face à la colonisation), leur Culture (entre Afrique noire et du nord)….ils n’ont jamais déposé les armes depuis l’arrivée des français, et même après leur départ.
Si le Mali ou le Niger prennait en compte sa composante Touarègue, il ne pourront qu’y gagner face à toutes les épreuves, mais s’ils continuent à les marginaliser, à les caricaturer, à chercher à les humilier, la « fracture » sera chaque jour un peu plus importante.
Nous savons que Bahanga voulait faire respecter sa communauté, et aujourd’hui le monde entier sait qu’il est un leader Touareg incontestable avec lequel il va falloir composer, car ni Elh. Gamou, ni les autres ne pourront dire le contraire. A tout moment il peut frapper, et cela doit servir de levier au processus de Paix, une application concrete des accords d’Alger.
Il faut reconnaître à tout Homme son mérite, et Bahanga est un Seigneur de la Guerre qui doit être utilisé pour consolider ce qui peut l’être, ce qui doit l’Être : la Paix au nord Mali, en attendant que Tandja comprenne la leçon donnée par ATT.
Au Mali comme au Niger, il faudra éviter de présenter les Touaregs comme des acteurs de l’instabilité sous-régionale, car ils sont chez eux, ce ne sont pas des apatrides !
Il ne faut pas les comparer, ni les rapprocher des dirigeants salafistes actifs dans la région (AQMI), car les mouvements Touaregs ne sont pas religieux, mais visent à imposer une Justice sociale dans des pays où la démocratie reste à faire.
On se réjouit donc du report et de l’annulation (on l’espère) de ce sommet sous régionale tant de fois reporté, où il s’agissait de mettre en accusation tout un Peuple qui réclame que son droit d’Exister lui soit reconnu, et que le droit des Peuples Autochtones (déclaration du 13 septembre 2007 par les Nations Unies) dont le Mali et le Niger sont signataire, leur soit appliqué.
Un tel sommet qui vise à condamner d’avance les Touaregs, doit être évité, car ce serait une autre source de conflit.
La Lybie est un Pays qui protège depuis toujours les Touaregs, qui y ont droit de citoyenneté, et dignité.
L’Algerie a depuis longtemps mis en place un modèle social qui a pacifié sa population Touarègue qui a amorcé un developpement réel.
Quant au Burkina, c’est une reference en matière de neutralité, de Justice, et de Dialogue. Voici un Pays qui applique les principes même de la Démocratie même face à ses minorités, c’est un interlocuteur privilgeié, une terre d’acceuil, un exemple à suivre.
Comment tous ces Pays, peuvent-ils prendre le risque de reveiller leur composante Touarègue par les décisions d’une conférence qui ne sera rien de plus qu’une cour martiale pour les communautés Touaregues et Toubous ?
La seule conférence qui mérite d’être convoquée, est celle qui se planchera sur les raisons des soulevements, et comment y remedier, mais avec la participation inconditonnelle des deux parties : état et mouvemenst armés.
Il est aussi du devoir des Touaregs, de sortir du schéma tribal qui ploie nos têtes, qui casse la Resistance, et nous rend sourds à l’appel de la Toumast.
La tribu doit servir seulement à une reconnaissance géographique au niveau national, qui permettra non pas de diviser les Touaregs entre eux, mais à leur reconnaître leur terres d’appartenance.
On doit ainsi valoriser les Chefs Traditionnels, qui sont mis à l’écart du jeu, mais les sensibiliser à l’ouverture des classes, ou l’abolition de celles-ci.
Si aujourd’hui ATT a pu opposer Elh. Gamou à Bahanga, c’est parce qu’il a exploité leur différence tribale, et cela doit disparaître : Gamou est Touareg, Bahanga aussi, tous égaux !
D’autre part, on constate aussi que l’ère des Ishumars semble révolue, et la responsabilité et le développement de nos régions (aussi bien au nord Niger qu’au nord Mali) nous incombe.
Si aujourd’hui on peut prendre les armes et les déposer n’importe comment (cas de l’ADC, et bientôt du MNJ dit-on), il faut se poser une question : doit-on les prendre ?
Car celui qui prend les armes, condamne toute une communauté, avec une vague de morts, de ruines, de désolations irréversibles, sans compter la haine des autres qui s’accroit au fil du temps, et le retard à l’affiche qui se creuse : la note est lourde.
Donc il faut penser un nouveau modèle de Resistance, même si cela passe d’abord par une reconnaissance nationale.
Il est de notre devoir de repenser la Resistance, notre Avenir, sinon ce qui constituait pour Mano ag Dayak une question, risque à long terme de se pointer à l’Horizon : « Faut-il qu’un Peuple disparaisse, pour savoir qu’il a existé ? ». Sachons valoriser l’héritage de mano : faire connaitre notre Culture, developper nos régions, par nous même, aimer les autres pour cultiver la Solidarité dans le Diversité.
Car avec toute cette Haine véhiculée par les journaux maliens, on se demande si la Nation Touarègue n’est pas tout simplement « une Nation qui gène », et que si quelqu’un comme le journaliste Mamadou DABO avait eu les moyens il n’aurait pas réédité « Mali kampf » ( au lieu de ‘mein kampf’).
Kaocen Maïga
Touareg-Songhay
De : kaocen
mardi 24 février 2009
Source/BELLACIAO
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