TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
jeudi 19 février 2009
14 février,avant le désarmement à Inebag:interview et photos avec Abdallah ag Albacar, maire et responsable du cercle de Tessalit.
jeudi 19 février 2009, par temoust
Inebag, 130 kms à l’ouest d’Adielhoc. Une page de plus dans la résistance touarègue, page d’histoire, rugueuse. Les rebelles vont déposer les armes après combats, négociations, et médiations, combats et renégociations. Tout avait recommencé le 23 mai 2006. Et aujourd’hui, Salieka Ag Atali, maire d’Inebag, a proposé son village comme lieu de paix. « Tous les combattants, civils et militaires, de toutes tendances, peuvent se retrouver ici et déposer leurs armes. Les gens sont fatigués et veulent la paix. »
Abdallah ag Albacar, maire et responsable du cercle de Tessalit, nous reçoit au milieu de ses hommes, dans les montagnes proches. Personnage très présent et très disponible, il écoute beaucoup et prend soin temps pour répondre.
Rendre les armes….Moment historique ou épiphénomène ? « C’est un moment important pour le Mali, si le gouvernement respecte à la lettre ses engagements. »
Le ton est donné. Oui,… mais … si ?...
« Depuis la rébellion de 1963, on ne trouve pas de solutions. Des accords. Mais peu de résultats. On continue, on recommence. On espère. On recommence. On continue. Et le Pacte National, de 1992, si peu respecté, est une cause de plus, essentielle, de la dernière rébellion de 2006. C’est un témoin du présent, de la nature et de ses hommes laissés à eux-mêmes depuis si longtemps. »
Résumer cette histoire en quelques mots :
« Tous les touaregs demandent une équité sociale, pour un juste développement des terres dans lesquelles ils vivent. Ni bandits, ni voleurs de bagnoles, ils aspirent simplement au développement de la région, du cercle, de la commune, pour la population civile. »
Abdallah continue : « Ce qui nous entoure, c’est l’injustice. Quand on compare le nord et le sud du Mali, il n’y a que cela. Ce matin il y eu un accident entre deux véhicules qui venaient à Inebag, peu de temps avant d’arriver ici. Nous avons été obligés de transporter un blessé grave jusqu’à Kidal, plusieurs heures de pistes à travers le désert. Entre Adielhoc et Inebag, un seul puits asséché, profond de 200 m, personne ne peut faire vivre ses bêtes dans ces conditions ! A force de voir cela tous les jours, les touaregs sont comme une cocotte-minute qui va exploser d’un jour à l’autre. Après, vous connaissez l’histoire : résistances, massacres de bétail, puits empoisonnés, exactions contre les civils… Les éleveurs, dont on retire les biens de façon arbitraire, ne peuvent plus faire autre chose que de se rebeller encore plus.
Qui te retire ton bien t’abat.
Aujourd’hui nous déposons les armes. On connaît les mots du gouvernement, on va voir ses actes et on surveille le temps, c’est lui qui commande. Dans un souci de transparence, les groupes rebelles vont rendre les armes par cercle, ceux du cercle de Tessalit et une partie du cercle de Kidal, Essouk, sont ici, à Inebag. Il y eu Ersan il y a un mois, Djounhan le 13 février, Inebag demain le 15, et Agharous le 17. Pour la première fois, et c’est très important, ce n’est plus Kidal qui centralise les événements, mais chaque territoire, avec un respect total des habitants de ces territoires, Tessalit, Tarlit, Adielhoc, Essouk, Telabit, et d’autres…
Nous allons rendre les armes aux médiateurs du gouvernement, choisis par le gouvernement et la société civile. Après, nous ne serons plus responsables ni des hommes, ni du matériel. Ce sera le problème du gouvernement malien. Connaissant le passé de la politique malienne, nous attendons des mesures mais nous n’en sommes pas sûrs. On ne peut pas juger une situation qui n’a pas donné ses fruits.
Notre espoir est fondé sur les décisions des Accords d’Alger, avec l’aide des médiateurs algériens et libyens. Mais si le gouvernement ne suit pas ces accords, les touaregs vont refaire de la résistance. Et ils vont se retrouver dans des groupes encore plus irréductibles, comme ceux de Bahanga et consorts. Lui, c’est un cas spécial.
En ce qui concerne une possible "Union des Touaregs", si les gouvernements maliens et nigériens travaillaient à une meilleure égalité dans la justice, tout le monde pourrait s’y retrouver. Si les gouvernements continuent à ne rien faire, nous pourrions bien nous unir dans un regroupement plus élargi aux différents pays où vivent les Touaregs, pour aboutir à une Autonomie. »
Et Abdallah de conclure sur un point d’interrogation : « L’opinion publique et les médias, ne font pas leur travail correctement. Les Droits de l’Homme les plus élémentaires sont bafoués tous les jours sur nos terres. On entend dire de temps en temps que les Droits de l’Homme existent. Mais où, et comment les appliquer de manière rigoureuse ? Et quand les touaregs seront-ils vraiment reconnus ? »
14 février 2009, Abdallah ag Albacar, maire et responsable du cercle de Tessalit.
Propos recueillis par Jacqueline Dupuis à Inebag.
Dans quelques jours, les photos de la journée du désarmement à Inabag, du 15 février
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