vendredi 30 janvier 2009

L’Etat met Anne Lauvergeon, présidente du directoire d’Areva, sous pression



THIBAUT MADELIN-Les Echos-30-01-09

vendredi 30 janvier 2009

L’actionnaire public a refusé d’approuver en décembre le budget 2009. Un conseil de surveillance extraordinaire a lieu jeudi prochain, alors que le groupe tente d’obtenir une augmentation de capital de l’Etat.

Alors qu’elle cherche à obtenir une augmentation de capital de l’Elysée, Anne Lauvergeon se prépare à un conseil de surveillance extraordinaire électrique jeudi prochain. La patronne d’Areva doit présenter un nouveau budget qui tienne mieux compte de la crise économique. Celui qu’elle avait proposé le 18 décembre n’a pas été approuvé par l’Etat. Le champion français du nucléaire fonctionne donc sans budget depuis un mois.

L’actionnaire majoritaire a demandé à Areva de revoir l’ensemble de ses comptes, des dépenses courantes aux investissements, en passant par les achats. « On passe tout à la paille de fer », confirme une source interne. Les investissements sont le sujet le plus délicat : d’eux dépend en grande partie l’enveloppe que l’Etat accordera au groupe. Auparavant, il veut connaître la rentabilité précise de chaque projet de l’entreprise, qui a déclaré hier soir anticiper « une croissance significative » de ses ventes et de ses commandes pour 2009. Le groupe a, par ailleurs, annoncé un chiffre d’affaires annuel de 13,2 milliards d’euros, en croissance de 10,4 % par rapport à 2007. Mais ce genre de calcul repose sur plusieurs facteurs, dont la trésorerie. Or, pour la première fois, la société a enregistré l’année dernière un besoin en fonds de roulement positif. Autrement dit, elle a décaissé plus d’argent qu’elle n’en a encaissé. Plusieurs facteurs ont pesé, comme l’augmentation des stocks d’uranium en cours d’enrichissement ou en négoce, ainsi que des délais de paiement allongés en Inde. Valeurs d’actifs au plus bas

La direction, qui cherche à montrer sa bonne volonté, travaille là-dessus. Par ailleurs, elle a revu à la baisse son budget d’investissements pour cette année, de 3 milliards à 2,6 milliards d’euros. L’actionnaire doit prendre ses responsabilités, estime-t-on au siège. Il a d’ailleurs voté dans un premier temps le plan d’investissement de 14 milliards d’euros pour la période 2008-2012, acquisitions comprises. Mais la barque commence à devenir lourde : la décision annoncée par Siemens de sortir de leur filiale commune de réacteurs, Areva NP, devrait entraîner pour la société française un coût de quelque 2 milliards d’euros.

Anne Lauvergeon, qui a été elle-même surprise par cette décision et n’avait donc pas préparé son actionnaire à une telle éventualité, pourra difficilement compter sur la bienveillance de son conseil. D’autant que celui-ci n’a pas forcément apprécié d’apprendre dans la presse (« Les Echos » du 23 janvier) qu’elle avait envisagé une fusion avec Technip, le spécialiste français de l’ingénierie pétrolière.

Dans ce contexte, il est difficile de prédire la réaction de l’Etat face à ses demandes de recapitalisation. Areva estime avoir besoin de 2 milliards à 3 milliards d’euros de fonds propres d’ici à la fin de l’année. Hier, Anne Lauvergeon a indiqué au « Frankfurter Allgemeine Zeitung », le grand quotidien d’outre-Rhin, qu’une montée en puissance de Total n’était « pas à l’ordre du jour ». Elle reste, par ailleurs, notoirement opposée à une fusion avec Alstom.

De son côté, l’Etat fait des appels du pied à Areva pour qu’il cède ses participations non stratégiques dans Suez Environnement, Alcatel-Lucent ou encore Safran. Celles dans STMicroelectronics et Eramet sont plus difficiles à vendre, car elles sont liées à un pacte d’actionnaire. Sur le fond, le groupe préfèrerait ne pas vendre en ce moment, alors que la valeur en Bourse de ces actifs est au plus bas.

THIBAUT MADELIN

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