samedi 20 décembre 2008

Mali : Chasse des princes arabes à Menaka


Afrique en Ligne / Alexis Kalambry Les Echos du 19 décembre 2008

samedi 20 décembre 2008

MALI - Quand l’Etat viole la loi… - Dans le Nord, des autorisations de chasse sont accordées au mépris des lois en vigueur, car elles constituent des sources de fortune pour certaines autorités au détriment du Trésor Public. Pires, les règles édictées pour la sauvegarde des espèces rares sont foulées aux pieds par les autorités à commencer par le ministre de l’environnement.

La faune malienne fait la fortune de beaucoup de personnes. Et un grand trafic est organisé autour de notre faune chaque année notamment dans le Nord. D’ailleurs, bien malin qui pourrait dire quelles sont les périodes d’ouverture ou de fermeture de chasse au Mali, et combien la chasse rapporte au trésor public.

Grâce à nos zones climatiques, il existe des animaux spécifiques au désert, au Sahel, à la savane, …

Pendant longtemps, pour protéger les animaux, le gouvernement avait fermé la chasse. Mais, selon les spécialistes, « cette fermeture a été une erreur. Au lieu qu’elle permette de développer la faune, la fermeture a juste entraîné le massacre des animaux et permis le développement d’un trafic important d’armes et de munitions ». La fermeture ne s’étant pas accompagnée de la sensibilisation des populations notamment des chasseurs et de moyens de contrôle.

Malgré la fermeture de la chasse, un braconnage officiel était organisé au profit des princes arabes au nom de la coopération internationale. En effet, ils venaient, « arrosaient d’argent tout le monde et les autorités fermaient les yeux sur un massacre organisé ».

« Nous avons même vu des chasseurs avec des armes de guerre automatiques », confirme un agent des eaux et Forêts, ancien de la zone, pour qui, « il existe des restaurants en Arabie Saoudite qui commercialisent de la viande d’outarde ou de gazelle du Mali ». Pour y remédier, il a été décidé d’ouvrir la chasse en vue de la promotion de l’écotourisme pour la valorisation de la faune malienne. Cette faune malienne est très prisée par les princes arabes qui sont nombreux à venir chasser les outardes et les gazelles, et à pratiquer la chasse au faucon.

En 1995, l’Etat malien a adopté une loi pour une meilleure gestion de notre faune. Aux termes de cette loi, une période annuelle de fermeture de la chasse est fixée par arrêté du ministre de l’environnement et un étranger qui ne réside pas au Mali ne peut obtenir d’autorisation de chasse que sous le couvert d’une société nationale agréée pour accueillir des touristes.

« Cette décision a pour but de faire en sorte que les opérateurs du tourisme soient impliqués dans la valorisation de la faune et que les populations et le Trésor Public en profitent », explique un de nos interlocuteurs. « Malgré tout, les Arabes viennent et chassent au mépris des lois, sans passer par les structures agréées, en période de fermeture de la chasse et à l’aide des moyens et méthodes interdits par la loi malienne ».

En 2003, en vue de mettre fin à la chienlit, Nancoma Kéita, alors ministre de l’Environnement, a décidé de créer des « zones d’intérêt cynégétique » conformément à la loi. Ceux qui veulent chasser au Mali peuvent investir dans ces zones pour exploitation durable de la faune en contribuant au développement local.

Au lancement de la création de ces « zones d’intérêt cynégétique », seul un citoyen de Dubaï, Sheikh Ahmed Maktoum s’est montré intéressé. À cet effet le ministre de l’Environnement à créé une zone par arrêté n°04-1958/MEA-SG du 04 octobre 2004 et la Direction nationale de la conservation de la nature a passé un contrat en septembre 2004 avec ce citoyen de Dubaï qui a créé au Mali la société « Chasse Sheikh Ahmed Maktoum et fils SARL ». Il a construit sa résidence entre Koulouba et Kati pour démontrer sa foi dans les respects des lois du Mali.

Aux termes du contrat, qui est assorti d’un cahier de charge, la société « Chasse Sheikh Ahmed Maktoum et fils SARL » bénéficie d’une zone d’intérêt cynégétique située sur le territoire des communes rurales de Tidermene et de Alata, dans le cercle de Ménaka (région de Gao), « en vue d’assurer une exploitation durable de la faune dans le cadre de la concession du droit de chasse à des personnes physiques ou morales, en vertu des dispositions de la loi n°95-031 du 20 mars 1995 fixant les conditions de gestion de la faune et de son habitat ».

La société « Chasse Sheikh Ahmed Maktoum et fils SARL » a donc demandé et obtenu l’amodiation de la zone en vue de l’organisation de la chasse sportive sans but lucratif.

D’ailleurs, à ce jour, le contrat n’étant à terme, le gouvernement n’a aucune raison de se plaindre de la société « Chasse Sheikh Ahmed Maktoum et fils SARL » qui a respecté les textes du Mali et son cahier de charge à la lettre. La société a investi plus d’un milliard de FCFA, créée une société de tourisme. Il a financé l’élaboration et la validation d’un plan d’aménagement, conduit du reste par un bureau d’étude national, Agefor. Ce plan d’aménagement précise comment repeupler la zone, comment participer au développement des communes riveraines, comment l’exploiter de manière durable…

Et Le gouverneur de Gao s’en mêla

Car vint un prince saoudien, Bandar Ben Mohamed Ben Abdrahamane El Saud, connu dans la zone pour les carnages qu’il organise. Selon nos sources, il aurait mis en jeu plus de 400 millions de FCFA beaucoup d’autres promesses. En tout cas, il a réussi à faire en sorte que le gouverneur de Gao se substitue au ministre de l’Environnement, au directeur national de la conservation de la nature, et aux agents forestiers sur le terrain, pour s’impliquer directement dans le dossier. Il s’interpose à la mise en œuvre du contrat d’amodiation d’Ahmed Maktoum au profit Bandar et tous autres arabes qui seraient passés par lui.

Le gouverneur a voulu créer une zone pour Bandar englobant déjà la zone créée par arrêté du Ministre de l’Environnement et accordée à la société « Chasse Sheikh Ahmed Maktoum et fils SARL » conformément aux textes en vigueur en la matière. Cette affaire a tourné au tragique, puisque le Directeur régional de la conservation de la nature de Gao en son temps qu’il aurait impliqué dans cette manœuvre frauduleuse est trouvé mort arme au point en dehors de la ville de Gao.

Or, selon une correspondance du 5 mai 2005 signée du Directeur National de la Conservation de la Nature, il n’était pas possible de créer pour Bandar Ben Mohamed Ben Abdrahamane El Saud, une zone entre « Tamasna Sud et Azaouagh Nord » pour quatre raisons : La zone englobe déjà la partie accordée à la société « Chasse Sheikh Ahmed Maktoum et fils SARL » ;

La zone comprend une réserve de faune qui bénéficie d’un financement de la coopération française ; Le Mali a déjà signé des engagements avec des partenaires pour la création de cette entité. Et la zone dépasse de loin les superficies susceptibles d’être accordéeS en matière de concession du droit de chasse.

Malgré tout, toujours est-il que Bandar Ben Mohamed d’Arabie Saoudite bénéficie de l’appui des autorités du Mali au mépris de nos lois et qu’il vient fréquemment au Mali chasser sur la zone créée par arrêté du ministre de l’Environnement et accordée à la société « Chasse Sheikh Ahmed Maktoum et fils SARL ».

Selon beaucoup de témoins, le désordre serait dÛ en partie au nouveau ministre de l’Environnement, certes, mais aussi son conseiller occulte, un coopérant français à la retraite, qui s’est reconverti dans ce trafic juteux pour lui.

D’ailleurs, Bandar Ben Mohamed Ben Abdrahamane El Saud aurait bénéficié d’une autorisation spéciale du ministre de l’environnement et chasse actuellement dans la zone sous contrat avec la société « Chasse Sheikh Ahmed Maktoum et fils SARL » avec la bénédiction du Gouverneur de Gao, et ce depuis le 9 décembre dernier, alors que la chasse n’est même pas officiellement ouverte conformément à l’article 47 de la loi régissant la chasse au Mali.

Affaire à suivre

Alexis Kalambry

1 commentaire:

  1. je me nomme abraham diarra ingenieur des eaux et forets en formation ils sont tous des corrompus incapable du ministre au gouverneur. cest inadmissible

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