mercredi 17 décembre 2008

Explosion des mines à Gouré: Les fautes meurtrières des autorités nigeriennes



Écrit par D. Anza (LE TEMOIN du 28 août au 03 septembre 2008)
Jeudi, 04 Septembre 2008 15:00

ExplosAu vu de ce qui s’est passé à Gouré, n’est-on pas en droit de se demander si les armes de gros calibres qui sont présentées par l’Armée lors des défilés des 18 décembre ne pourraient pas constituer un danger pour les populations, le Président de la République, les membres du Gouvernement et les hauts responsables civils et militaires ?

A Gouré, le dimanche dernier, l’explosion d’une dizaine de mines antipersonnelles, au cours d’une cérémonie de remise d’armes des ex-combattants des Fars, a provoqué la mort d’une personne et blessé, à divers, plus de 40 autres. Parmi celles-ci figurent des officiels tels que le Gouverneur de la région de Zinder, le Commandant de la Zone de Défense (comzone) N°3, le Maire de la Commune Urbaine, des éléments des Forces de Défense et de Sécurité (Fds) et des civils. Selon toute vraisemblance, l’accident serait survenu lorsque la victime, un facilitateur d’une Ong basée à Tanout, a marché, par inadvertance, sur une des mines exposées sur des nattes.

D’après les images de la Télévision Nationale, on peut dire sans risque de se tromper que la baraka était ce jour là sur les populations de Gouré. Car, d’autres engins de la mort, des mortiers de 69, 106 et 109 mm étaient juxtaposés aux mines. Si ces mortiers avaient pris feu, ce sont les quartiers de Garin Toudou, Moustaphari, Camp de Garde, Kaigamari, Limandi et Talbari ainsi que leurs alentours qui seraient enflammés. Dieu merci, l’explosion en chaîne s’est arrêtée au niveau des mines. En attendant le rapport de l’enquête officielle, plusieurs constats prouvant des fautes graves du politique ou des Fds peuvent être dressés. Primo, quelque soit le type de cérémonies officielles (remise d’armes, défilés, flamme de la paix), les armes utilisées pour la circonstance doivent être nécessairement vides et désamorcées. Ce qui n’a pas été du tout le cas à Gouré. Autrement, de mines, des munitions de gros calibres et des mortiers ont été entassés, au même endroit, devant des populations civiles sans qu’ils n’aient été inspectés et que l’on se soit assurer qu’ils n’étaient état de tuer.

Secundo, des sources en provenance de Gouré, nous ont affirmé qu’aucun cordon de sécurité n’a été placé pour éloigner les spectateurs des engins explosifs. Tertio, les images de la Télévision ont montré que tous les engins étaient exposés sur des nattes. Si les armes étaient placées à hauteur (sur des tables) il y a des fortes chances que l’accident se survienne pas. Et personne ne peut convaincre les citoyens nigériens que se sont les tables qui ont manquées à Gouré. Au vu de ces constats, qui relèvent de fautes graves, on est en droit de se demander qui en sont les auteurs. De toutes les façons, les populations civiles sont exclues. Il ne reste qu’à regarder vers les responsables des Fds et les responsa- bles politiques. A propos des premiers, ce sont eux qui sont les professionnels du métier des armes. A ce titre, ils devraient anticiper pour s’assurer que toutes les armes sont clean pour la cérémonie. Ce travail devrait être fait au minimum 48 h avant. Les armes inspectées et désamorcées devraient être gardées en l’état par des éléments des Fds jusqu’au jour J. Dans ce genre d’événement aucune erreur ne peut être tolérée.

L’on se rappelle, tout récemment, que le Chef d’Etat Major de l’Armée française a démissionné suite à une balle oubliée dans un fusil et qui a fini par blesser un civil au cours d’une cérémonie. Du reste, ce travail de prévention, les Fds ne le font que sur demande ou ordre des autorités civiles. C’est là qu’intervient la responsabilité de ces dernières. Dans le cas de Gouré, il revenait au Gouverneur de Zinder d’instruire le Commandant de la Légion de la Gendarmerie de Zinder de prendre toutes les dispositions sécuritaires utiles pour le bon déroulement de la cérémonie. L’a-t-il fait ? Nous ne saurons être en mesure de répondre à cette question. Par contre, dans l’euphorie de la déclaration d’Oubari (Libye) et la l’annonce par les Fars du dépôt des armes, il n’est pas exclu, pour les cajoler, que les responsables politiques confient aux ex-combattants eux-mêmes ou à des facilitateurs le soins de s’occuper de tous les aspects de la cérémonie.

D’ailleurs, celui qui a marché sur la mine, en voulant, dit-on, présenter les armes remises, n’estil pas membre d’une Ong ? Entre nous, où est le rapport entre une Ong et le maniement des armes ? Le travail d’une facilitation ne s’arrête-il pas à nouer les contacts entre les parties divergentes ? D’ailleurs, même si ce sont les ex-éléments des Fars qui avaient saboté la cérémonie comme l’affirme le Mnj, ce sabotage n’aurait pas eu lieu si chacune des autorités, civiles et militaires, avait, en ce qui la concernait pris toutes les dispositions pour sécuriser l’événement. Dans cette affaire, les fautes tellement évidentes, qu’il n’y a pas lieu de les mettre sur le compte du destin. Le destin ne prend en charge que les situations le maximum de précautions a été pris. Au vu de ce qui s’est passé à Gouré, n’est-on pas en droit de se demander si les armes de gros calibres qui sont présentées par l’Armée lors des défilés des 18 décembre ne pourraient pas constituer un danger pour les populations, le Président de la République, les membres du Gouvernement et les hauts responsables civils et militaires ?

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