vendredi 19 décembre 2008

Disparition de diplomates au Niger : la maladresse calculée de Tandja


Africatime / Cheick Beldh’or Sigue Le Pays Le Pays 19/12/2008

vendredi 19 décembre 2008

L’attitude a de quoi surprendre. Elle confine pour le moins à la maladresse présidentielle. Dans son discours à la Nation à l’occasion de la célébration du 50e anniversaire de la République, le chef de l’Etat nigérien, Mamadou Tandja, n’a fait aucune mention de la disparition au Niger, de deux diplomates canadiens, dont on n’est jusque-là sans nouvelles.

Mépris pour Robert Fowler et Louis Guay ? Volonté de minimiser l’affaire ? S’agirait-il d’une maladresse calculée de Tandja ? Ou tient–il suffisamment bien un bout de l’affaire pour avoir de bonnes raisons de ne pas en parler ? Mais quelle que soit la réponse que l’on pourrait apporter à l’une ou à l’autre de ces questions, un appel solennel de Tandja à la libération des éventuels ravisseurs n’aurait pas été de trop. D’abord parce que l’affaire tombe très mal. Elle est intervenue en effet deux jours seulement avant le jour-anniversaire de l’indépendance, toute chose qui n’est pas sans en rajouter à la mauvaise publicité que le pays s’était récemment faite à travers notamment l’affaire Moussa Kaka.

Ensuite parce que Robert Fowler, le "monsieur Afrique" comme on le surnomme, et son compagnon d’infortune Louis Guay ne sont pas n’importe qui. Mais, au-delà de toutes considérations, on peut trouver à redire sur le comportement des deux diplomates canadiens. Pourquoi, par exemple, ont-ils quitté Niamey sans en informer les autorités nigériennes ni la représentation locale des Nations unies ? Avaient-ils quelque chose à cacher ? Il est vrai que le rapt a eu lieu dans une zone réputée être sûre. Il reste que pour un pays toujours en proie à une rébellion armée, ces diplomates auraient dû se montrer un peu plus prudents.

Surtout qu’ils étaient membres d’une mission des Nations unies visant à contrôler la circulation des armes illicites dans ce pays, ce qui n’est certainement pas du goût de tout le monde. En tout cas, l’incertitude continue de planer sur la disparition des deux missionnaires de l’ONU. Qui a bien pu les extraire de leur véhicule retrouvé les phares toujours allumés, avec trois portables à l’intérieur ? Un acte crapuleux ? Rien n’est moins sûr. Car, aucune demande de rançon n’a été formulée jusqu’à maintenant et la voiture n’a pas été emportée, encore moins cannibalisée. L’œuvre d’un groupe rebelle touareg ? Le Front des forces de redressement (FFR), mouvement dissident du MNJ, avait affirmé avoir enlevé Robert Fowler.

Mais l’information avait par la suite, été démentie par son chef. Si ce n’est ni lui, ni des bandits ordinaires, qui alors ? Des ovnis ? Une cinquième colonne opposée à l’exploitation des ressources minières par les multinationales étrangères, dont celles du Canada ?

Bref, aucune hypothèse n’est à exclure dans cette affaire. Et le silence dans lequel s’est muré le président nigérien, n’est pas fait pour dissiper les doutes et le mystère. Loin s’en faut.

Par Cheick Beldh’or SIGUE

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