dimanche 21 décembre 2008

26/11/2008 08:12:06 - Jeune Afrique: L’uranium au cœur de la crise





26/11/2008 08:12:06 - Jeune Afrique:
L’uranium au cœur de la crise

L’arrestation, le 17 décembre, de deux journalistes d’Arte de retour d’un reportage dans le nord du Niger sur les rebelles du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ) a relancé la polémique sur le régime de Mamadou Tandja. D’autant que les Français, inculpés d’atteinte à la sécurité de l’État, ont rejoint en prison le correspondant de RFI au Niger, Moussa Kaka, détenu depuis le 20 septembre 2007 en raison de ses contacts – professionnels – avec la rébellion touarègue.

Celle-ci a frappé pour la première fois en février 2007, lors de l’attaque d’une caserne des Forces armées nigériennes, faisant trois morts. Depuis, de violents affrontements ont opposé l’armée régulière et les rebelles dans la région d’Agadez, où sont concentrés les gisements d’uranium, principale ressource du pays. Apparu en avril, le MNJ est constitué d’anciens rebelles touaregs actifs au début des années 1990. Dirigé par Aghali Alambo, le mouvement a repris les armes pour exiger que les populations de la région tirent enfin un meilleur bénéfice des richesses locales. Une première insurrection avait éclaté en 1990 et débouché, cinq ans plus tard, sur des accords de paix. Ceux-ci prévoyaient une large autonomie de gestion des zones touarègues et la reconversion socioéconomique des rebelles. Le vote à l’Assemblée nationale, en 2006, d’une loi allouant 15 % des redevances générées par les sociétés minières aux collectivités locales où est extrait l’uranium, et l’adoption d’un programme de démobilisation et de réintégration des ex-combattants n’ont pas suffit au mouvement, qui réclame l’application intégrale des accords de 1995.

Face à ces revendications, les autorités de Niamey font la sourde oreille. Le gouvernement s’obstine à nier toute résurgence rebelle et attribue l’insécurité qui règne dans le nord du pays à des « bandits armés, trafiquants d’armes et de stupéfiants ». La situation est donc bloquée, ce qui inquiète particulièrement l’Algérie, dotée d’une longue frontière commune avec le Niger, de même que les autres pays voisins. L’échec des tentatives de médiation venues du Burkina et de la Libye, que certains accusent de soutenir le MNJ, n’a fait que renforcer l’inquiétude dans la sous-région. L’ancien président mauritanien Ely Ould Mohamed Vall a d’ailleurs été sollicité par l’Union africaine pour jouer le rôle de médiateur.

Sur le plan économique, ce conflit a pesé sur les laborieuses négociations qui ont opposé Niamey à Areva, premier employeur au Niger après l’État. Suspecté un temps par Niamey de soutenir la rébellion, le groupe nucléaire français, qui exploite l’uranium nigérien depuis quarante ans, a finalement accepté d’acheter 50 % plus cher l’uranium produit par les mines de la Compagnie minière d’Akouta (Cominak) et de la Société minière de l’Aïr (Somaïr) en 2008 et 2009. De quoi alimenter la rancœur du MNJ… D’autant que l’accord passé avec le Niger donne le feu vert à Areva pour son projet d’exploitation du gisement d’Imouraren, dans le nord du pays. Avec un investissement de plus de 1 milliard d’euros, Imouraren constituera le plus grand projet minier jamais réalisé dans le pays, se plaçant au deuxième rang mondial des sites producteurs d’uranium avec près de 5 000 tonnes annuelles. Le yellow cake nigérien s’est en outre affranchi du quasi-monopole exercé par le groupe français : les autorités ont délivré ces deux dernières années des permis d’exploration à des sociétés chinoises, canadiennes et sud-africaines, notamment.

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