vendredi 29 août 2008

Aide d'urgence au Niger - Rapport sur l'aide d'urgence aux déplacés d'Iferouane au nord Niger


28-08-08
Contexte
Iferouane est une petite ville de l'Aïr située à 1300 kilomètres au Nord de Niamey, au pied du Mont Tamgak. Depuis 2005, le Secours populaire mène avec son partenaire avec son partenaire nigérien HED-TAMAT un programme d'amménagement et de gestion de l'hydraulique.

Les habitants de cette zone vivent une situation humanitaire très alarmante. En effet, la population a souffert en août dernier d'innondations qui ont affectées les jardins maraîchers. Elle se retrouve prise en étau par un conflit qui oppose l'armée régulière et le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ). Les voies d'accès à la commune ont été minées coupant la ville de tout approvisionnement depuis plusieurs mois.

Des ressortissants d'Iferouane à Agadez (à 300 km) se sont organisés sous le collectif "SOS Iferouane" pour acheminer des vivres par convoi en passant par une route plus sûre. Rapidement, la situation sécuritaire a rendu ces déplacements quasi impossibles.
Désormais, la ville s'est complètement vidée de sa population qui craint d'éventuels combats et des exactions sur les populations. Plusieurs centaines de familles, notamment les éleveurs, se sont installés dans les campements de fortune dans les vallées de l'Aïr. Les autres habitants ont rejoint à dos d'âne ou de chameau, souvent à pied, la ville d'Arlità 160 km plus au sud ou celle d'Agadez à plus de 300 km.
En décembre 2007, notre partenaire nous a alertés sur la situation de 120 familles (432 personnes) qui, après un véritable calvaire, sont arrivées à Agadez totalement démunies. Au cours de leur déplacement, deux femmes ont même accouché. D'après les informations reçues du "Comité SOS Iferouane", nous savions que d'autres familles étaient en route.

Déroulement de l'action

A Agadez, où les familles sont hébergées par les habitants, notre partenaire mène un gros travail et recence les déplacés et leurs besoins. Rapidement, le Secours populaire français a lancé un appel aux dons à l'attention du public. Après une première estimation des besoins, un premier fonds d'urgence de 6000 euros a été débloqué et transféré à notre partenaire, le 11 décembre 2007.
Dans un premier temps, un comité composé de membres d'Hed-Tamat, de représentants du conseil municipal d'Iferouane (représentants des déplacés), du Système d'Alerte Précoce (SAP) a été mis en place afin de décider de la meilleure aide à apporter et des modalités de répartition de celle-ci. Au départ, l'aide devait être alimentaire et matérielle (bidons d'eau, savons, etc.) mais les besoins étaient tels au niveau de l'alimentaire qu'il a été choisi de ne distribuer uniquement des vivres de premières nécessités.
Le comité a donc fait une distribution à toutes les familles déplacées de 10 kg.
A partir du recensement de familles déplacées, des bons précisant le nombre de personnes à charge ont été remis aux chefs de familles.
Le 8 janvier 2008, l'opération a permis la distribution gratuite de vivres sur la base de 10 kg de riz et 750 grammes de lait en poudre par personne et de 4 litres d'huile par famille à 162 familles soit 562 personnes déplacées à Agadez.
Entre temps, le Secours populaire français a continué ses appels aux dons. Le 18 janvier 2008, l'appui de la fondation Bruneau nous a permis d'engager une deuxième phase d'aide aux déplacés d'Iferouane, cette fois-ci dans la commune d'Arlit.
Ainsi, le 19 février 2008, à Arlit, ce sont 169 familles, soit 956 personnes qui ont bénéficié de l'aide alimentaire d'urgence constituée de 4 kg de semoules, 500 grammes de lait en poudre et d'un litre d'huile par personne.

Bilan

Cette aide a été la première reçue par les familles, alors qu'elles étaient arrivées dans un dénuement total, sans même de bidons pour transporter l'eau. Malgré les difficultés rencontrées vis-à-vis des autorités, notre partenaire a pu réaliser le programme comme prévu et en concertation avec toutes les parties. Au final, à Arlit et à Agadz, l'aide a bénéficié à l'ensemble des familles déplacées, soit 1518 personnes. Elle leur a assuré le minimum alimentaire pour au moins un mois. Après ces distributions, d'autres aides sont arrivées aux familles. La Croix Rouge et Africare ont apporté une aide alimentaire tandis que l'Unicef est intervenu en appuyant les familles en ustensiles usuels.
Depuis, la situation dans l'Aïr est toujours inquiétante et les zones affectées par le conflit se sont étendues. La population du Dabaga (30 km d'Agadez) arrive également à Agadez suite à l'installation de l'armée à proximité de la ville. Mais l'approvisionnement reste possible contrairement à Iferouane bien que plus de 500 personnes supplémentaires soient en attente à Agadez.
Aucun retour des populations n'est envisageable à l'heure actuelle et dans l'attente d'un début de dialogue entre les bélligérants, celles-ci continuent d'être hébergées par les habitants. Notre partenaire continue son important travail de recensement des déplacés et de leurs besoins.
Les dernières nouvelles du terrain sont mitigées. Certaines familles déplacées ont commencé à reprendre des activités économiques, notamment en travaillant dans les jardins maraîchers. Par contre, l'augmentation du prix des céréales amplifiée par les difficultés de leur acheminement par convoi militaire dans l'Aïr rendent la période de soudure particulièrement dure pour la population dans son ensemble. Le sac de riz de 50 kg vaut entre 19 500 à 20 000 FCFA à Agadez contre 15 000 FCFA à Niamey en même temps, l'huile et le lait ont augmenté de 100 %.

Secours Populaire 78


Posté par Anne_Simone à 19:01 - Simone actu Niger -

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