dimanche 20 juillet 2008

Les Tinariwen sont des héros pour leur peuple


TINARIWEN. Le blues du Sahara

Tinariwen se produira en clôture du festival, sur la grande scène. Ce groupe venu du Sahara est l’incarnation du blues du désert, fer de lance de la scène des ishumar née entre les dunes, les révoltes et la misère. Leur son, un funk abrasif couplé de blues tanné par le soleil du Sahara, s’exporte depuis le début de ce millénaire partout dans le monde. Pourtant, ces mélopées de guitares tournent entre les dunes depuis le début des années 1980. Mais c’est en 2000 que Lo’Jo, la fameuse tribu cosmopolite d’Angers, en donnant un concert à Bamako au Mali rencontre ces rebelles du nord du pays. L’émotion, humaine comme musicale, est immédiate et réciproque. Une longue collaboration s’engage. Les tamasheqs sont invités à se produire en Europe, les deux groupes coordonnent un temps l’organisation du Festival au Désert, à Essakanne, greffé aux fêtes traditionnelles Témakannit réunissant les touaregs. Denis Péan, le poète des Lo’Jo, nous y racontait en 2003 la rencontre : « Ça a commencé quand une fille nous a fait venir à Bamako, au festival du Théâtre des Réalités d’Adama Traoré. On avait toujours eu un intérêt naturel pour l’Afrique. On a financé ce voyage, joué à ce festival qui porte bien son nom. Nous étions une réalité de plus, bonne à faire partager. Et on a rencontré ces touaregs, Foy Foy (un guitariste de Tinariwen), Dinah et les autres. Dans une cour à Bamako, on était en train de répéter. On a partagé quelques idées autour du thé, on a écouté pour la première fois cette musique caractéristique du style touareg, que l’on a entendu très souvent ensuite avec le groupe Tinariwen, porteur d’une certaine façon de faire cette musique apprise et composée pendant la rébellion dans les camps de réfugiés en Lybie, notamment à l’occasion des veillées. C’est un tissu humain qui s’est développé, avec l’énergie simple et naturelle de communication entre nous tous.»

Dans les camps en Lybie
Tinariwen est né au début des années 80, de la rencontre en exil entre Intiyeden et Ibrahim Abaraybone. C’est au départ un collectif de poètes musiciens plus qu’un groupe. Tinariwen introduit la guitare dans la musique traditionnelle, créant ainsi de toute pièces le style «al guitara » aujourd’hui si représentatif des ishumar.Tout en restant très attaché à la poésie, primordiale dans la culture touareg, indispensable même. La guitare, ils la découvrent dans les camps militaires de Kadhafi, en Lybie, en même temps que la Kalachnikov. Via Jimi Hendrix, Carlos Santana et quelques autres maîtres. Tinariwen est instantanément subversif, ses chants de combats, ses appels politiques étant relayés par les cassettes audio circulant en cachette dans tout le désert, provoquant l’éveil des nombreuses jeunes consciences. Posséder une cassette de Tinariwen suffisait pour être arrêté... Mais rien n’a empêché leur son de se diffuser. Pour écouter un poète reconnu lors d’une veillée, les touaregs sont prêts à faire des centaines de kilomètres dans le désert. Tinariwen deviendra vite l’un de ces artistes célébrés. Et plus encore après quelques faits de gloire durant les années de rébellion, au début des années 90. Les armes déposées, la musique reprend le dessus. En essaimant à travers le désert, mais aussi depuis cette rencontre avec Lo’Jo partout dans le monde.

Robert Plant adore
Un premier album est enregistré avec l’aide des angevins et de Justin Adams, dans les studios d’une radio de Kidal, où le groupe se retrouve régulièrement
pour répéter. C’est « The Radio Tisdas Sessions » en 2000. L’audience reste confidentielle, mais les tournées font le reste. En 2003 paraît « Amassakoul», véritable raz de marée : plus de 70 000 exemplaires vendus en France. Robert Plant, le chanteur de Led Zeppelin, s’entiche du groupe et les rejoint régulièrement sur scène après les avoir découvert dans le désert cette même année. Carlos Santana, celui que Ibrahim et les autres écoutaient pour apprendre leur instrument, est conquis et les invite à jouer avec lui au festival de Montreux. Thom Yorke de Radiohead confie s’inspirer de leur jeu unique. Tinariwen n’en finit plus de faire chavirer les mélomanes. Sans rien renier de son authenticité, comme en témoigne le dernier opus « Aman Iman», enregistré à Bamako sous la houlette de Justin Adams, encore, inspiré d’un dicton touareg : «L’eau, c’est la vie». Même si certains membres du groupe, comme Japonais, ont préféré quitter l’aventure pour rester dans le désert, si la formation est en partie rajeunie autour d’Ibrahim, Tinariwen n’en reste pas moins un groupe séminal qui va illuminer le Sakifo dominical.

Sébastien BROQUET

Source : Le Quotidien de la Réunion

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Aman iman je soutien bocou le celebre groupe TINAREWAN il est le meilleur d la music touareg du mond

youssouf a dit…

NIGER TU EST MA PATRIE OU QUE J'AILLE JE SUIS UN MORCEAU DU PAYSAGE DE TOI.