samedi 25 juin 2011

Le président du Niger s'inquiète des répercussions du conflit libyen



Propos recueillis par Philippe Martinat | Publié le 24.06.2011, 16h30
Le président du Niger craint une dissémination d’armes de guerre dans la région à la suite de la guerre en Libye.
Le président du Niger craint une dissémination d’armes de guerre dans la région à la suite de la guerre en Libye. (AFP/BOUREIMA HAMA .)Zoom
Elu président du Niger le12 mars avec 58 % des voix, après une transition militaire d’un an, Mahamadou Issoufou s’inquiète des répercussions du conflit libyen sur son pays.
Etes-vous inquiet des conséquence de la guerre en Libye, pays voisin du Niger?
Mahamadou Issoufou. Oui, très inquiet et je souhaite qu’une solution politique soit trouvée rapidement.
Je suis d’autant plus inquiet que l’on risque d’assister à une dissimination importante d’armes, de munitions et d’explosifs dans toute la sous-région, ce qui rendrait la zone encore plus instable qu’aujourd’hui. Nous redoutons surtout que la désagrégation de l’Etat libyen ne laisse le champ libre aux tribus ou aux sehbabs, ces islamistes présents en Somalie, ce qui faforiserait trafiquants de drogue, d’armes et d’êtres humains car c’est par là que transitait l’immigration clandestine vers l’Europe. D’ores et déjà nous devons faire face à un afflux massif de près de 100 000 réfugiés, ce qui pose de gros problèmes à un pays comme le Niger.
L’armée nigérienne a intercepté dimanche 12 juin un commando venu de Libye lourdement armé. S’agissait-t-il de terroristes d’Aqmi?
Vous comprendrez que je reste discret sur cet accrochage qui a fait plusieurs morts. L’enquête est d’ailleurs toujours en cours et nous essayons d’en savoir plus notamment grâce à l’homme que nous avons arrêté. Cette affaire démontre en tout cas la volonté de notre armée de protéger notre territoire et de s’opposer fermement à toutes les tentatives terroristes sur le sol nigérien. Nous avons renforcé notre dispositif militaire afin de sécuriser le pays, en particulier les zones stratégiques comme les exploitations minières.
Avez -vous été surpris du non-renouvellement d’Anne Lauvergeon à la tête d’Areva, le groupe français qui exploite le site minier d’Arlit au Niger, et qui était venue, en compagnie de son conseiller Fodé Sylla, assister à votre investiture début avril?
C’est une affaire franco-française dans laquelle je ne veux pas m’ingérer. Néanmoins nous souhaitons poursuivre avec Areva, comme avec les autres groupes étrangers présents au Niger, des relations durables.
Avez-vous des informations sur les otages français capturés par Aqmi en décembre au Niger?
Nous collaborons pleinement pour faciliter leur libération. Nous sommes d’autant plus attachés à participer à la libération des otages d’Areva que ceux-ci ont été kidnappés ici au Niger, sur notre sol.
Peut-on espérer leur libération dans un futur proche?
Je travaille beaucoup sur cette question et c’est la raison pour laquelle je veux rester optimiste.
Jusqu’où irez-vous dans votre objectif affiché de lutter contre la corruption?
J’accorde beaucoup d’importance à cette question. Lutter contre la corruption, c’est permettre d’avoir trois fois plus d’écoles, trois fois plus de routes, trois fois plus d’hôpitaux. Nous sommes en train de mettre en place un comité permettant que les sanctions soient effectives car il ne sert à rien de comdamner s’il n’y a pas d’effet. Il est important que la corruption ne reste pas impunie.


Le Parisien

vendredi 24 juin 2011

L’accord controversé entre l’Italie et les rebelles libyens sur le refoulement des réfugiés

LIBYE / ITALIE / IMMIGRATION - 
Article publié le : vendredi 24 juin 2011 - Dernière modification le : vendredi 24 juin 2011


Une embarcation, avec à son bord des migrants originaires d'Afrique du Nord, entre dans le port italien de Lampedusa le 12 avril 2011.
Une embarcation, avec à son bord des migrants originaires d'Afrique du Nord, entre dans le port italien de Lampedusa le 12 avril 2011.
AFP / Filippo MONTEFORTE
Par Ursula Soares
Médecins Sans Frontières (MSF) condamne les termes d’un accord bilatéral signé le 17 juin 2011 entre l’Italie et le Comité national de transition (CNT) de Libye. Dans le cadre d’une coopération dans la lutte contre l’immigration illégale, ce texte prévoit notamment le rapatriement des immigrants illégaux qui ont atteint ces derniers mois les côtes italiennes.
« Il est intolérable qu’un pays engagé dans des bombardements au nom de la protection des civils organise, dans le même temps, le refoulement des victimes de cette guerre ». Dans son communiqué de ce jeudi 23 juin 2011, MSF s’indigne de constater qu’un Etat impliqué dans le conflit en Libye prenne de telles mesures alors même qu’une guerre est en cours. De plus, les personnes qui arrivent par bateau de Libye fuient des violences et ont besoin d’une protection internationale. Christopher Stokes, directeur général de MSF s’inquiète : « le rapatriement ou le détournement en mer de ces personnes vers le territoire libyen constituerait une violation de l’obligation internationale de non-refoulement ».
L’accord entre l’Italie et les rebelles libyens pour gérer les flux migratoires
L’accord entre l’Italie et les rebelles libyens a été signé le 17 juin 2011 pour régler la crise provoquée par le départ vers l’Europe de milliers de Libyens fuyant la violence dans leur pays. Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, et Mahmoud Djebril, responsable des relations extérieures du Conseil national de transition (CNT) mis en place par les insurgés à Benghazi, sont ainsi convenus d’échanger leurs informations sur la migration illégale et les réseaux de passeurs entre les deux rives de la Méditerranée. Le texte porte également sur la coopération en vue de rapatrier les migrants qui ont atteint ces derniers mois les côtes italiennes.

Aurélie Ponthieu, conseillère en affaires humanitaires à MSF
Ce qui nous inquiète, c'est le peu de transparence de cet accord, ce qui nous laisse penser que des retours en Libye seraient possibles assez rapidement, voire un retour à la pratique des refoulements des bateaux.

24/06/2011 par Donaig Le Du

L’Union européenne doit respecter ses obligations internationales
Mais les rebelles libyens ne sont pas seuls à être montrés du doigt. A Paris, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a demandé ce jeudi 23 juin 2011 à la France et à l’Union européenne de respecter leurs « obligations internationales » vis-à-vis des migrants du monde arabe. « La CNCDH recommande que la France et les autres pays de l’Union européenne respectent les obligations internationales clairement établies auxquelles les Etats membres ont souscrit, s’agissant notamment du droit à la vie et, pour les demandeurs d’asile et les réfugiés, du principe de non-refoulement », souligne le communiqué.
La CNCDH suggère également la mise en place de couloirs humanitaires afin que le départ des personnes en demande de protections soit facilité.
De son côté, et dans une résolution adoptée mardi 21 juin 2011, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a rappelé l’obligation de « secourir les personnes en détresse en mer et la validité, y compris en haute mer, du principe de non-refoulement » – une mesure qui interdit de renvoyer un demandeur d’asile vers un pays où sa vie ou sa liberté sont menacées.
Selon le haut commissariat de l’Onu pour les réfugiés (HCR), 10% des migrants qui fuient par mer les combats en Libye trouvent la mort pendant la traversée. Depuis le début de la révolte libyenne, en février 2011, plus de 12 000 migrants ont été reçus dans des centres d’accueil à Malte et en Italie et 1 200 autres sont portés disparus, vraisemblablement décédés.

L’accord controversé entre l’Italie et les rebelles libyens sur le refoulement des réfugiés

LIBYE / ITALIE / IMMIGRATION - 
Article publié le : vendredi 24 juin 2011 - Dernière modification le : vendredi 24 juin 2011


Une embarcation, avec à son bord des migrants originaires d'Afrique du Nord, entre dans le port italien de Lampedusa le 12 avril 2011.
Une embarcation, avec à son bord des migrants originaires d'Afrique du Nord, entre dans le port italien de Lampedusa le 12 avril 2011.
AFP / Filippo MONTEFORTE
Par Ursula Soares
Médecins Sans Frontières (MSF) condamne les termes d’un accord bilatéral signé le 17 juin 2011 entre l’Italie et le Comité national de transition (CNT) de Libye. Dans le cadre d’une coopération dans la lutte contre l’immigration illégale, ce texte prévoit notamment le rapatriement des immigrants illégaux qui ont atteint ces derniers mois les côtes italiennes.
« Il est intolérable qu’un pays engagé dans des bombardements au nom de la protection des civils organise, dans le même temps, le refoulement des victimes de cette guerre ». Dans son communiqué de ce jeudi 23 juin 2011, MSF s’indigne de constater qu’un Etat impliqué dans le conflit en Libye prenne de telles mesures alors même qu’une guerre est en cours. De plus, les personnes qui arrivent par bateau de Libye fuient des violences et ont besoin d’une protection internationale. Christopher Stokes, directeur général de MSF s’inquiète : « le rapatriement ou le détournement en mer de ces personnes vers le territoire libyen constituerait une violation de l’obligation internationale de non-refoulement ».
L’accord entre l’Italie et les rebelles libyens pour gérer les flux migratoires
L’accord entre l’Italie et les rebelles libyens a été signé le 17 juin 2011 pour régler la crise provoquée par le départ vers l’Europe de milliers de Libyens fuyant la violence dans leur pays. Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, et Mahmoud Djebril, responsable des relations extérieures du Conseil national de transition (CNT) mis en place par les insurgés à Benghazi, sont ainsi convenus d’échanger leurs informations sur la migration illégale et les réseaux de passeurs entre les deux rives de la Méditerranée. Le texte porte également sur la coopération en vue de rapatrier les migrants qui ont atteint ces derniers mois les côtes italiennes.

Aurélie Ponthieu, conseillère en affaires humanitaires à MSF
Ce qui nous inquiète, c'est le peu de transparence de cet accord, ce qui nous laisse penser que des retours en Libye seraient possibles assez rapidement, voire un retour à la pratique des refoulements des bateaux.
 

24/06/2011 par Donaig Le Du

L’Union européenne doit respecter ses obligations internationales
Mais les rebelles libyens ne sont pas seuls à être montrés du doigt. A Paris, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a demandé ce jeudi 23 juin 2011 à la France et à l’Union européenne de respecter leurs « obligations internationales » vis-à-vis des migrants du monde arabe. « La CNCDH recommande que la France et les autres pays de l’Union européenne respectent les obligations internationales clairement établies auxquelles les Etats membres ont souscrit, s’agissant notamment du droit à la vie et, pour les demandeurs d’asile et les réfugiés, du principe de non-refoulement », souligne le communiqué.
La CNCDH suggère également la mise en place de couloirs humanitaires afin que le départ des personnes en demande de protections soit facilité.
De son côté, et dans une résolution adoptée mardi 21 juin 2011, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a rappelé l’obligation de « secourir les personnes en détresse en mer et la validité, y compris en haute mer, du principe de non-refoulement » – une mesure qui interdit de renvoyer un demandeur d’asile vers un pays où sa vie ou sa liberté sont menacées.
Selon le haut commissariat de l’Onu pour les réfugiés (HCR), 10% des migrants qui fuient par mer les combats en Libye trouvent la mort pendant la traversée. Depuis le début de la révolte libyenne, en février 2011, plus de 12 000 migrants ont été reçus dans des centres d’accueil à Malte et en Italie et 1 200 autres sont portés disparus, vraisemblablement décédés.

Niger-Sécurité: Plus de 50 personnes tuées par les bandes armées en un an


Niamey, Niger - Plus de cinquante personnes ont été tuées dans vingt-sept attaques de bandits armés en une année dans le Nord-ouest du Niger, sur la frontière avec le Mali, a révélé mercredi le gouvernement nigérien dans un communiqué. La zone frontalière avec le Mali est régulièrement le théâtre d’opérations de bandits armés, nigériens et maliens, qui volent du bétail, rançonnent les populations pour ensuite se replier dans l’un ou l’autre des deux pays. Vendredi dernier, une dizaine de Nigériens ont été tués par des bandits en provenance du Mali, rappelle-t-on. Cette attaque constituait la vingt-septième en une seule année, selon le gouvernement nigérien, qui déplore plus de cinquante morts, de nombreux blessés et des biens emportés.

Face à cette situation, qu'il juge 'totalement inacceptable', le gouvernement nigérien a décidé de poursuivre et d'accélérer les démarches en cours avec les autorités maliennes pour organiser une rencontre entre les deux Etats dans les meilleurs délais, indique le communiqué.

Les autorités nigériennes ont également décidé de créer un comité inter-ministériel chargé de trouver rapidement une solution à cette situation.

Pana 24/06/2011

Niger: L'enquête avance sur le Semtex découvert en provenance de Libye


http://www.gaboneco.com
Les enquêteurs nigériens ne chôment pas, l'enquête sur le Semtex avance. L'armée nigérienne est tombée il y a une dizaine de jours sur une cargaison d'explosifs de professionnel au cours de l'interception d'un convoi de trois véhicules en provenance de Libye dans la région d'Arlit. Un homme a été tué au cours de l'accrochage, un autre s'est rendu et est actuellement entendu à Niamey et ces derniers jours, du matériel suspect a été découvert chez cet homme à Agadez.
 
© D.R/ Des soldats nigériens patrouillent entre Agadez et Arlit.
 
Abta Hamaïdi Mohamed a été placé sous haute surveillance à Niamey. Cet arabe de Tassara présenté unanimement comme un homme très influent et très puissant au Niger a été rapidement transféré pour interrogatoire à Niamey après sa reddition.

Il aura notamment à s'expliquer sur les dernières découvertes faites à son domicile d'Agadez. Selon nos informations, les enquêteurs ont mis la main sur des armes de guerre, sur des thurayas et sur une grosse somme d'argent, 170 000 dollars. Abta devra expliquer si cet argent est le produit d'une première livraison d'armes libyennes ou bien une avance pour acheter d'autres matériels sur le marché libyen.

Il pourra également renseigner les enquêteurs sur ses relations avec le chauffeur du premier 4X4 abattu par l'armée nigérienne au cours de l'accrochage qui a couté la vie à un militaire et où 6 soldats ont été blessés.

Cet homme présenté un temps comme arabe a désormais un nom: al Housseini. Des témoins l’ont vu par le passé à Agadez, chez le fameux Abta.

Autre découverte: des kalachnikovs et des mèches lentes ont été retrouvées parmi les futs de carburants dans le second véhicule du convoi.

Quant au troisième 4X4, il s'est bel et bien évanoui dans la nature. L'armée nigérienne recherche activement Ibba Alambo, un frère du chef de l'ex rébellion nigérienne.

Des officiers libyens réfugiés en Tunisie jugent la situation dramatique

http://tempsreel.nouvelobs.com

Publié le 24-06-11 à 18:20    Modifié à 18:12     Réagir

TUNIS (AP) — Des officiers libyens de haut rang ayant fait défection en Tunisie ont fait état vendredi d'une "situation dramatique" en Libye.
Depuis plusieurs semaines, les dissidence se multiplient dans les rangs des forces gouvernementales libyennes. De nombreux groupes sont arrivés en bateau en Tunisie au port de Ketf, dans la région de Ben Guerdane frontalière avec la Libye, et d'autres par voie terrestre, en passant par le poste frontalier de Wazen contrôlé par les insurgés ou en empruntant des pistes sahariennes.
L'agence de presse officielle tunisienne TAP a fait état de l'arrivée jeudi de 49 réfugiés libyens, dont 19 officiers de l'armée et de la police, précédés mercredi encore au port de Keft par 38 autres Libyens, parmi lesquels de hauts responsables militaires.
Trois officiers supérieurs ont accepté de livrer leur sentiment à l'Associated Press, sous le couvert de l'anonymat, par crainte de représailles du régime du colonel Moammar Kadhafi contre leurs familles restées en Libye. Ces informations n'ont pas pu être vérifiées de source indépendante étant donné le chaos qui prévaut sur place.
"Nous sommes venus ici (en Tunisie) non pas pour fuir la mort mais en raison du massacre perpétré contre le peuple libyen. Nous n'acceptons pas de tuer les enfants de notre pays", a expliqué l'un d'eux.
Jugeant "la pression de plus en plus insoutenable", il a confié avoir attendu plus de deux mois pour "sauter sur l'occasion" de partir qui s'était présentée à lui et à ses compagnons.
Selon lui, de nombreux autres militaires n'attendent eux aussi que le bon moment pour faire de même. "Il est arrivé que certains de nos collègues à bout de nerfs se tirent des balles sur eux-mêmes. Certains sont morts, d'autres se sont grièvement blessés", a-t-il assuré.
Il a aussi mentionné un bataillon de 150 militaires "disparus" pour s'être opposés à des "ordres insensés". Pour ce militaire, le colonel Kadhafi est devenu un "Satan" auteur de "crimes horribles".
"Nous vivons des drames tous les jours. Chaque heure, il y a des victimes qui tombent", a renchéri un autre officier. Il a avancé un bilan de plus de 15.000 morts depuis le début de la crise libyenne et estimé le nombre de prisonniers à plus de 30.000.
Le troisième officier a déploré les effets dévastateurs de la guerre à Misrata, deuxième ville du pays et dernière encore tenue par l'opposition dans l'ouest du pays. "Misrata était une belle ville. Aujourd'hui, c'est la désolation. Elle n'est méconnaissable", a-t-il témoigné.
A leur arrivée en territoire tunisien, les militaires libyens dissidents sont interceptés par les unités de l'armée et de la garde nationale tunisiennes qui ont renforcé leur présence dans les zones frontalières.
"Ils nous rendent leurs armes et nous les conduisons en lieu sûr. Certains vont rejoindre leur famille réfugiée en Tunisie", a déclaré le porte-parole du ministère tunisien de la Défense, le colonel-major Mokhtar Ben Nasr, qui a refusé de préciser leur nombre. AP
xbb/st

LIBYE : Une réunion de rebelles libyens: KADHAFI TOMBERA-T-IL?

           Partager Partager

Dakar.net


Alors que Kadhafi s’apprêterait à quitter Tripoli -tout en jurant de «résister jusqu’à l’au-delà»-, des discussions officielles et officieuses auraient été entamées entre Tripoli et Benghazi en vue du départ du colonel. Le temps urge, tandis que les dissensions s'accroissent au sein de l’Otan.



LIBYE :  Une réunion de rebelles libyens.
quand le bout du tunnel en Libye? Dans une interview au «Figaro» parue jeudi sur le site, Mahmoud Shammam, porte-parole du Conseil national de transition (CNT, organe dirigeant de l’opposition libyenne, reconnu par une bonne partie de la communauté internationale), confirme qu’il existe des contacts, indirects, entre les rebelles et des représentants des autorités de Tripoli. Ces discussions, selon lui, conservent la même condition sine qua non qu’ils ont fixée le mois dernier: l’éviction totale de Mouammar Kadhafi et de ses proches. «La participation de Kadhafi et des membres de sa famille à un futur gouvernement est totalement exclue», a-t-il assuré. En revanche, le CNT accepterait que le «Guide de la révolution libyenne» reste en Libye s’il s’écarte du pouvoir. «Nous ne voyons pas d'inconvénient à ce qu'il se retire dans une oasis libyenne, sous contrôle international», a expliqué Mahmoud Shammam. «De plus, l'opposition est prête à négocier avec n'importe quel technocrate ou officiel libyen qui n'a pas de sang sur les mains, de façon à l'intégrer à un futur gouvernement intérimaire qui devra organiser des élections», a-t-il ajouté. Jusqu’ici, le Conseil de l’opposition s’était obstiné à démentir toute négociation avec les autorités encore en place. «Il n'y a de contacts ni directs ni indirects avec le régime de Kadhafi», a encore certifié le vice-président du conseil, Abdul Hafiz Ghoga, hier, alors qu’il était interrogé sur les révélations de son confrère. 

En outre, la BBC révèle qu’il existerait en parallèle des pourparlers secrets entre cinq membres du CNT basé à Benghazi –surnommé «le groupe des cinq»- et une centaine d’insurgés infiltrés à Tripoli, pour préparer la chute du régime. L’informateur a précisé que ces discussions avaient lieu toutes les nuits via des lignes sécurisées -par Skype sur internet ou par satellite-, et croit savoir que le nombre de pro-Kadhafi régresse. «Nous sommes sûrs à 100% qu’il y aura un soulèvement à Tripoli, la seule chose est de savoir quand», a affirmé Alamin Belhaj. Un de leurs objectifs serait donc d’éviter de reproduire le bain de sang qui s’est produit en février quand les rebelles ont pris Benghazi. Ils espèrent notamment convaincre les policiers et militaires encore fidèles à Mouammar Kadhafi de rejoindre leur camp le jour où ce dernier tombera. Bien que confirmée par d’autres membres de l’opposition, ces informations sont difficiles à vérifier, précise la BBC. «Si ces tractations sont clandestines, pourquoi les révéler au grand jour?», lui a demandé la journaliste Bridget Kendall. «Parce que le plus grand danger pour nous est de ne pas tenir les gens informés», a répondu Alamin Belhaj. «Les gens commencent à se poser des questions sur ce que nous faisons au CNT. Nous devons commencer à les préparer à la chute du régime.» 

DIVISIONS AU SEIN 
DE LA COALITION
 

Justement, l’après-Kadhafi est l’une des inquiétudes de la coalition, dont les divisions se font de plus en plus pesantes. «Nous, la communauté internationale, pourrions être demain dans la Libye du jour d'après (sans Kadhafi, ndlr) et il n'y a pas de plan, il n'y a pas de bon plan», a regretté le plus haut responsable militaire américain en Afrique, le général Carter Ham, dans les colonnes du «Wall Street journal». Selon lui, Mouammar Kadhafi pourrait rapidement tomber et des forces terrestres pourraient être nécessaires pour maintenir l'ordre en Libye. Rappelons que Washington avait été vivement critiqué pour ne pas avoir préparé l'après Saddam Hussein en Irak après l'intervention militaire de 2003, qui avait été suivie par des années de troubles violents et de nombreuses pertes humaines. Les politiques américains sont en désaccord sur la stratégie à adopter en Libye. Les Républicains et même certains Démocrates reprochent notamment à Barack Obama d'avoir violé la Loi sur les pouvoirs de guerre, qui interdit que l'armée soit impliquée pendant plus de 60 jours dans des opérations sans autorisation du Congrès, avec un délai supplémentaire possible de 30 jours –dépassé depuis dimanche dernier. Ce à quoi l’administration Obama rétorque qu’elle n’est pas obligée de demander l’avis du Congrès dans la mesure où ses forces ne sont engagées qu’en tant que soutien dans la mission aérienne de l'Otan –menée par Paris et Londres. Reste que selon du propre aveu de Washington, cette «guerre» qui ne dit pas son nom aurait déjà coûté plus de 715 millions de dollars (près de 500 millions d'euros) au pays, un chiffre qui attendra selon les estimations 1,1 milliard de dollars (769 millions d'euros) début septembre. Le Congrès doit se prononcer ce vendredi sur deux projets de loi: le premier, déposé par les sénateurs démocrate John Kerry et républicain John McCain, autorisant un engagement américain en Libye dans la limite d’un an et en rendant des comptes réguliers; le second, déposé par le représentant républicain de Floride Tom Rooney, visant à geler les fonds pour l’intervention, ce qui bloquerait de fait les frappes américaines. 

KADHAFI QUITTERA-T-IL TRIPOLI? 

Mercredi, le ministre des Affaires étrangères italien, Franco Frattini, avait déjà appelé à un cessez-le-feu le plus rapidement possible en Libye, suscitant une vive réaction en France et en Grande-Bretagne, rejoints par Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l'Otan, déterminé à aller «jusqu'au bout». «La mission vient d'être prolongée de trois mois», a-t-il rappelé dans un entretien au «Figaro». «Nous prendrons le temps qu'il faudra jusqu'à ce que l'objectif militaire soit atteint: arrêt total des attaques contre les civils libyens, retour des forces armées dans leurs casernes et liberté d'acheminement de l'aide humanitaire. Nous savions qu'il (Kadhafi) disposait de moyens militaires et financiers importants. Nous avons évité un massacre et brisé sa machine de guerre. L'Otan a endommagé ou détruit 2 400 cibles militaires. (…) Je suis satisfait du progrès accompli.» Ce vendredi, Nicolas Sarkozy a abondé en ce sens: «Nous (les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-sept) sommes bien convenus de ce que nous devons continuer jusqu'au départ de M. Kadhafi», a-t-il répété lors d’une conférence de presse donnée à l'issue d'un Conseil européen à Bruxelles. «Aujourd'hui, tout le monde constate que les forces de M. Kadhafi reculent partout», a-t-il poursuivi, estimant que si les alliés n’étaient pas intervenus, les morts se seraient comptés par «dizaines de milliers» et «la ville de Benghazi serait aujourd'hui rayée de la carte.» 

Enfin, concernant les possibilités de départ du dirigeant libyen, le «WSJ» a révélé ce vendredi que le colonel envisagerait «sérieusement» de fuir la capitale libyenne, où il «ne se sent[irait] plus en sécurité» en raison de l'intensification des frappes de l'Alliance Atlantique Nord. L’information est toutefois d’une importance toute relative, car le «Guide» n’aurait pas l’intention de quitter la Libye, et encore moins le pouvoir, mais simplement de se réfugier dans une des multiples résidences qu’il possède dans le pays, à une date toutefois inconnue et qui semblerait «pas imminente»… Pendant ce temps, le dictateur fou ne cesse pas de narguer l’Otan, multipliant les allocutions dans lesquelles il promet de ne jamais s’avouer vaincu. Sa dernière intervention télévisée remonte à mercredi soir, quand il a juré de «résister jusqu’à l’au-delà» et rendu hommage à son ami Khouildi Hmidi, qui a perdu plusieurs membres de sa famille dans un raid de l’Otan. Le week-end dernier, la maison de ce général, qui faisait partie du conseil de commandement de la révolution de 1969, a été bombardée avec acharnement, tuant 15 personnes dont la femme enceinte du fils de Khouildi Hmidi, et ses trois enfants.

LIBYE :  Une réunion de rebelles libyens.
L'Otan, qui a néanmoins dû reconnaître sa première bavure, affirmait que la villa, totalement détruite, servait également de centre de commandement. «Vous avez dit: "Nous avons frappé nos cibles avec précision", vous, assassins! Un jour, nous vous répondrons de la même manière et vos maisons deviendront des cibles légitimes», a menacé Kadhafi. «Il n'y a plus aucun accord entre nous après que vous avez tué nos enfants et nos petits-enfants», a-t-il asséné.

Vendredi 24 Juin 2011 - 17:47