TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne.
Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
La réputation de notre peuple a été bâtie au prix d’immenses sacrifices. Dans un contexte de rapports de force intenses, il est important de rappeler que la notion de « Puissance » est par essence dynamique. Elle évolue avec le temps. En effet, nous […]
Nations unies ( Etats-Unis ) – Le Conseil de sécurité de l’ONU a été récemment saisi par la France d’un projet de résolution instituant un régime général de sanctions pour le Mali , mais une éventuelle mise au vote n’est pas attendue avant plusieurs semaines, selon […]
blogs.letemps.ch/Mohammad-Mahmoud Ould Mohamedou-3 septembre 2017
Politologue et historien, Mohammad-Mahmoud Ould Mohamedou est professeur d’histoire internationale a l’Institut de Hautes études internationales et du développement à Genève. Précédemment à l’Université Harvard, il enseigne également à Sciences Po Paris.
Parmi les militants néo-nazis lors de la manifestation à Charlottesville en […]
Après le renvoi de l’ambassadeur du Qatar au Tchad, l’intervention du président tchadien Idriss Déby était attendue. C’est désormais chose faite. A l’occasion des vœux de la Tabaski, le président tchadien a pu s’exprimer sur l’affaire. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que M. Déby n’a […]
LEFASO.NET | Tiga Cheick SAWADOGO • dimanche 3 septembre 2017 à 21h49min
Le Centre d’études stratégiques en défense et sécurité organise son premier colloque international du 5 au 7 septembre prochaine à Ouagadougou. C’est une plateforme d’échanges entre les réseaux de chercheurs anglophones et francophones, en vue de […]
Alimentée par une intervention française qui devait “rétablir la paix”, la guerre continue de plus belle au Sahel. Loin de diminuer, les attaques terroristes se multiplient, soulignant le chaos grandissant dans lequel est plongée toute […]
Joan Tilouine (Diffa (Niger), envoyé spécial)LE MONDE Le 03.09.2017 à 19h00
Dès 2006, un religieux de Diffa a tenté de ramener les islamistes nigérians Mohammed Yusuf et Abubakar Shekau dans le « vrai chemin de l’islam ». En vain.
Bruno Meyerfeld (Nairobi, correspondance) –Le Monde.fr avec AFP Le 01.09.2017 à 11h05
Saisie par l’opposition, la justice a invalidé la victoire d’Uhuru Kenyatta en raison d’« irrégularités » lors de l’élection du 8 août. Un nouveau scrutin doit avoir lieu dans les 60 jours.
Quelque 1.029 Nigériens en situation irrégulière en Algérie, dont des femmes et des enfants, ont été reconduits vers leur pays la semaine dernière, a indiqué aujourd’hui le gouverneur d’Agadez (nord du Niger). « Nous avons reçu samedi dernier une vague de […]
LE MONDE | 30.08.2017 à 12h21 | Par Audrey Travère
Bruxelles veut mettre un terme à la dangereuse traversée de la Méditerranée par les migrants. Se faisant, elle les met involontairement en danger en Libye.
Le 4 juillet, la Commission européenne annonçait son plan d’action […]
À l’issue du mini-sommet Europe-Afrique organisé à Paris, ce 28 août, le président français a annoncé qu’il séjournerait « prochainement » à Ouagadougou. Pourquoi le Burkina Faso ?
« L’Afrique n’est pas seulement le continent des crises. (… ) […]
Jeune Afrique-Mathieu Olivier–Publié le 01 septembre 2017 à 15h00
Le 29 juillet, le Sud-Africain Stephen McGown était libéré des griffes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), après six années de détention au Mali. Comme lui, nombreux sont les civils à avoir fait les frais du business, fort lucratif, de […]
Niamey et les 2 jours – vendredi, 01 septembre 2017 06:10
C’est à l’occasion de la célébration de la 15ème édition de la journée africaine de la médecine traditionnelle, ce jeudi, que le ministre nigérien de la Santé publique Idi Maïnassara Illiassoua (photo) a avancé les chiffres. En […]
Huffpostmaghreb.com/Farhat Othman , juriste, politiste, chercheur en sociologie et ancien diplomate-Publication: 02/09/2017 14h55 CEST
Comme chaque année, en rapport direct avec le pèlerinage, on célèbre la fête du sacrifice, cet aïd al Adha qui est devenu un anachronisme, symbole même du sous-développement.
Tabaski est une des fêtes les plus importantes pour les musulmans. C’est l’occasion de se retrouver en famille, de prendre du temps pour ceux que l’on aime, mais aussi la meilleure occasion de partager avec les autres. Comme le veut la tradition musulmane, chacun peut sacrifier […]
L’Aïd-El-Kebir, ou « Grande Fête », commémore l’histoire bien connue du sacrifice d’Abraham. On l’appelle d’ailleurs aussi « Aïd El Adha », ce qui signifie « fête du sacrifice ». Cette histoire est commune à la fois aux Musulmans, aux Juifs et aux Chrétiens puisqu’on la trouve également racontée […]
Journal du Mali-30.08.2017 à 16h40 par Jacqueline Dakouo
L’Aïd el-Kébir la grande fête, de son vrai nom Aïd-al Adha, c’est à dire la fête du sacrifice, sera célébrée par les Maliens le 1er septembre 2017.C’est une fête qui commémore l’alliance d’Ibrahim avec Dieu. Pour autant, beaucoup de Maliens ne […]
Jean-Louis Gouraud-Jeune Afrique-Publié le 31 août 2017 à 16h18
Le premier festival équestre d’envergure en Afrique subsaharienne devrait s’ouvrir en février 2018 à Ouagadougou. Une initiative salutaire en faveur d’un trésor méconnu du patrimoine culturel continental.
Le diplomate Jean-Marc Châtaigner a été nommé par le ministre français des Affaires étrangères au poste d’envoyé spécial pour le Sahel, où Paris est engagé militairement et politiquement dans le cadre de l’opération Barkhane.
La France a nommé, jeudi 31 août, le diplomate […]
Lancée le 18 août dernier, la 3ème édition du concours de contes organisée par la radio Naata de Gao et soutenue par le Bureau de l’Information Publique de la MINUSMA, se poursuit jusqu’au 21 septembre (Journée Internationale de la paix). 75 candidats de tous […]
Chômeurs, désœuvrés et fanatisés. C’est ainsi que sont présentés nos enfants qui grossissent les rangs des groupes armés jihadistes au Mali, mais surtout celui d’Iyad Ag GHALY.
On s’est très bien qu’utiliser des enfants est interdit par les droits de l’homme, mais cette ordure d’Iyad […]
Le feu semble avoir été ravivé sous la marmite Barkhane. En effet, depuis quelques jours les préparatifs ont l’air d’aller bon train dans la région de Gao. Les français semblent décidés à tester une nouvelle recette pour ramener la paix dans le Nord
A Gao, tout le monde a bien remarqué que BARKHANE mijote quelque chose. De nouvelles troupes sont arrivées, il y a beaucoup d’avions et d’hélicoptères sur la base, ainsi que des engins de construction. Les français sont manifestement sur le point de lancer une grande opération.
La corruption est sans doute un phénomène universel au point que bons nombres de spécialistes la qualifie de ‘’gangrène du siècle’’. Pour cause, elle sévit sévèrement autant dans les pays pauvres que dans les pays riches, dans les plus hautes sphères de l’Etat, dans la fonction […]
Face aux ambassadeurs de France réunis hier, le président Emmanuel Macron a dressé sa feuille de route de la diplomatie française. « Continent d’avenir« , l’Afrique, notamment le Sahel, a tenu une place majeure dans la description de ses priorités que sont la sécurité, la lutte contre le « […]
Seidik Abba (chroniqueur Le Monde Afrique)-LE MONDE Le 30.08.2017 à 16h11
Le leader du Front de libération du Macina accepte de négocier avec le pouvoir malien par l’entremise de l’ex-président de l’Assemblée nationale. Au grand dam de Bamako.
Dans le désert libyen, une « industrie » du kidnapping et de la torture est en plein essor, alerte Jean-Guy Vataux, chef de la mission « Libye » de Médecins sans frontières (MSF).Route de transit des migrants d’Afrique cherchant à gagner l’Europe, la Libye est en plein chaos […]
« Le terrorisme au Sahel, conséquence de la prévarication érigée en mode de gouvernance »
CHRONIQUE
LAURENT BIGOT
chroniqueur Le Monde Afrique
Notre chroniqueur souligne la prédation des élites ouest-africaines et l’aveuglement – voire l’approbation – de la communauté internationale.
Temps de lecture : 11 min
Lorsque les médias parlent du Sahel, c’est pour évoquer la menace terroriste sous toutes ses formes – une menace bien réelle, comme l’ont récemment montré l’attentat à Ouagadougou, le 13 août, ou les attaques contre les Nations unies au Mali, le lendemain. C’est également le cas pour les autorités françaises, qui communiquent abondamment sur le sujet afin de vanter et de justifier le déploiement de l’opération militaire « Barkhane » dans la bande sahélo-saharienne (BSS en langage militaire). Or le sujet central du Sahel n’est pas celui-là.
Le terrorisme, ou plutôt la montée en puissance des groupes armés dans le Sahel, est la conséquence d’une grave crise de gouvernance qui touche toute l’Afrique de l’Ouest. Cette crise de gouvernance se caractérise par une disparition de l’Etat au service des populations, car l’Etat moderne est privatisé par les élites politiques à leur profit. Cette privatisation – Jean-François Bayart parle de patrimonialisation – s’est accélérée ces dernières années pour atteindre un niveau tel que, désormais dans les pays sahéliens, les populations sont livrées à elles-mêmes, plus aucune entité (Etat ou autre) n’étant chargée d’une forme d’intérêt général.
C’est particulièrement le cas au Mali, au Niger et en Mauritanie. Ces Etats ont tous en commun un système politique miné, accaparé par une élite prédatrice dont les méthodes ont non seulement porté l’estocade à ce qu’il restait de l’Etat et de son administration, mais en plus ont fait entrer au cœur même du pouvoir le crime organisé. La conquête du pouvoir et sa conservation ne sont perçues que comme un accès à une manne intarissable.
Les dégâts des ajustements structurels
Les Etats sahéliens ont été fragilisés, dans les années 1980, par les ajustements structurels imposés par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale au nom du libéralisme doctrinaire ambiant. Il fallait « dégraisser » la fonction publique, dont les secteurs les plus « gras » étaient l’éducation et la santé. Quelle politique « visionnaire » pour une zone qui allait subir quinze ans plus tard un choc démographique sans précédent dans l’histoire de l’humanité !
Le Niger est aujourd’hui le pays qui a le taux de fécondité le plus élevé au monde, soit plus de sept enfants par femme. Le Mali n’est pas loin derrière, avec un peu moins de sept. Ce n’est plus une bombe à retardement, c’est une bombe qui a déjà explosé et dont les dégâts sont en cours d’estimation. Serge Michailof rappelle dans son remarquable livre Africanistan que le secteur manufacturier au Niger crée 5 000 emplois par an quand le marché de l’emploi doit absorber chaque année 200 000 jeunes…
Le secteur de l’éducation est sinistré. Les classes du primaire dans les quartiers populaires de Niamey ont des effectifs habituels proches de la centaine d’élèves, avec des enseignants si peu formés qu’une part importante ne maîtrise pas la langue d’enseignement qu’est le français. Au Sénégal, pourtant un pays qui se maintient mieux que les autres, le système éducatif est dans un tel état que le français, langue d’enseignement, recule au profit du wolof. Si la promotion des langues dites nationales est incontestablement un enjeu, aujourd’hui leur progression est d’abord le signe de la faillite du système d’enseignement.
Que dire des systèmes de santé ? Le niveau des soins est accablant. L’hôpital de Niamey est un mouroir. L’accès aux soins est un parcours du combattant semé d’étapes successives de corruption. Les cliniques privées fleurissent dans les capitales ouest-africaines pour une clientèle privilégiée, mais le peuple doit se contenter de soins qui relèvent plus des soins palliatifs que curatifs. Il faut dire que les élites politiques n’en ont cure, elles se font soigner à l’étranger et scolarisent leurs enfants dans les lycées français (hors de prix pour le citoyen lambda, une année de scolarité pouvant représenter plusieurs années de salaire minimum) ou à l’étranger.
Des élections grossièrement truquées
Précisons à leur décharge qu’étant donné les dégâts causés par les ajustements structurels et la démographie actuelle, aucun Etat ouest-africain ne peut désormais relever sur ses seules ressources propres les défis de l’éducation et de la santé. Le rapport sénatorial sur la politique française d’aide au développement au Sahel (« Sahel : repenser notre aide au développement », juin 2016) rappelle un chiffre vertigineux : de 2005 à 2035, le Mali devra multiplier par 11 ses dépenses en la matière. La solidarité internationale pourrait en effet contribuer à financer ce type de dépenses, mais on butte sur le problème structurel qu’est la patrimonialisation ou la privatisation de l’Etat.
Aujourd’hui, les budgets de l’Etat sont exécutés en dépit du bon sens avec l’aval du FMI et de la Banque mondiale, qui froncent parfois les sourcils quand les ficelles de la prévarication deviennent trop grosses (on pense à la fâcherie de six mois des institutions de Bretton Woods, en 2014, après les surfacturations massives des marchés de défense au Mali, l’aide ayant repris sans qu’aucune procédure judiciaire n’ait été ouverte ni les méthodes changées…). Quand on sait que plus de 50 % du budget d’investissement de ces Etats proviennent de l’aide publique internationale, on peut légitimement s’interroger sur la désinvolture avec laquelle la communauté internationale gère l’argent du contribuable.
Cependant, l’irresponsabilité du système international de développement (Nations unies et coopérations bilatérales) est tel que cet argent est déversé sans aucun souci de rendre des comptes. Le critère de performance utilisé par l’Union européenne en la matière est le taux de décaissement. L’objectif est de dépenser les budgets. Savoir si cela est efficace et conforme à l’objectif fixé importe peu. Pour les autorités bénéficiaires, cette absence de responsabilité a développé un réflexe d’assistanat, le premier geste étant de tendre la main avant d’envisager quelque action que ce soit. Ensuite, c’est de se répartir la manne de l’aide, et ce d’autant plus facilement que les contrôles sur la destination finale et l’efficacité sont des plus légers.
Les élites politiques ont depuis une vingtaine d’années fait de la prévarication le mode de gouvernance le plus répandu. La démocratisation qui a suivi la vague des conférences nationales au début des années 1990 n’a rien empêché. Nombre d’élections qui se sont tenues depuis n’ont guère été sincères, parfois grossièrement truquées (deux cas d’école parmi tant d’autres : l’élection d’Alpha Condé en 2010 en Guinée, élu au second tour alors qu’il n’a fait que 17 % au premier tour et son adversaire 40 %, et celle de Faure Gnassingbé en 2015 au Togo, durant laquelle le dépouillement était environ à 40 % quand les résultats ont été proclamés…).
Tout cela avec l’approbation de la communauté internationale et les chaleureuses félicitations des différents chefs d’Etat français. La lettre de François Hollande adressée au président nigérien Issoufou en 2016 est un modèle du genre. Féliciter un président élu au second tour avec plus de 92 % des voix alors que son opposant principal a fait campagne depuis sa prison, c’est osé. Le monde occidental se targue d’être le défenseur de la cause des peuples en promouvant la démocratie, mais les peuples africains n’ont vu qu’une chose : ce monde occidental soutient les satrapes africains sans aucune considération pour les populations qui en subissent les dramatiques conséquences.
La politique financée par le narcotrafic
Cette situation dans le Sahel est un terreau propice au développement d’idéologies radicales et la lutte armée devient un horizon séduisant pour une partie de la jeunesse qui sait que, hors de l’émigration vers l’Europe ou de l’affiliation aux groupes armés, point de salut. L’affaissement de l’Etat dans les pays sahéliens s’est accéléré avec la montée en puissance des divers trafics en zone sahélo-saharienne et notamment avec le trafic de cocaïne en transit vers l’Europe.
La vie politique de ces Etats s’est financée auprès de narcotrafiquants notoires qui n’ont pas hésité à prendre la place du généreux guide libyen Kadhafi. C’est ainsi qu’un conseiller du président malien Amadou Toumani Touré (2002-2012) était un trafiquant notoire, aujourd’hui reconverti au Burkina Faso. C’est aussi l’affaire emblématique du Boeing chargé de cocaïne qui se pose en 2009 dans le désert malien et dont le déchargement a été supervisé par un officier supérieur de l’armée malienne, aujourd’hui général. L’un des principaux soutiens financiers du parti du président nigérien Issoufou était Chérif Ould Abidine (décédé en 2016), dont le surnom était « Chérif Cocaïne »…
La frontière entre l’Etat et le crime organisé s’est estompée progressivement, laissant les populations livrées à leur sort. L’islam radical s’est répandu comme un modèle alternatif à la démocratie, laquelle est perçue par une part grandissante de la population comme une escroquerie idéologique visant à maintenir en place des kleptocraties. Le réarmement moral passe désormais par l’islam dans sa version la plus rigoriste (et étrangère aux pratiques confrériques du Sahel), soutenu par une classe politique qui a utilisé la religion pour faire du clientélisme.
Les groupes armés dits djihadistes tels qu’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ou Ansar Dine, qui eux-mêmes recourent volontiers aux réseaux et aux pratiques mafieux, évoluent désormais dans un environnement de moins en moins hostile. Quand j’entends parler de terrorisme djihadiste au Sahel, je pense souvent à un magicien qui, pour réaliser son tour, attire l’attention du public avec la main droite et réalise son tour avec la main gauche. Le terrorisme, c’est la main droite. La réalité du tour, la main gauche, c’est la grave crise de gouvernance dont personne n’ose parler.
Les Etats sahéliens ont parfaitement compris tout le bénéfice qu’ils pouvaient tirer de notre peur du terrorisme djihadiste : Jean-François Bayart parle de « rente diplomatique de la lutte contre le terrorisme ».Moyennant un discours engagé contre le terrorisme et l’autorisation pour l’armée française d’opérer sur leur territoire, ces dirigeants ont compris qu’ils ne seraient pas du tout inquiétés pour les graves dérives de gouvernance. La communauté internationale reproduit la même erreur qu’en Afghanistan lorsqu’elle avait soutenu le régime indécemment corrompu de Hamid Karzaï, ce qui n’avait fait que renforcer les Talibans et accélérer le rejet par la population des forces étrangères.
Rôle trouble des services algériens
A cette cécité sur les causes profondes, ajoutons celle relative au rôle joué par les services de sécurité algériens. Comment le mouvement d’Iyad Ag Ghali a-t-il été financé ? Où se replient Iyad et ses combattants ? Comment se fait-il que Mokhtar Belmokhtar sillonne en toute impunité la zone depuis vingt ans ? Des questions qui trouvent des réponses dans la complicité d’une partie des services de sécurité algériens.
Je me souviens d’un entretien à Bamako en 2009 avec Ahmada Ag Bibi, député touareg, à l’époque bras droit d’Iyad Ag Ghali et resté depuis lors proche du chef d’Ansar Dine. Il me disait que lorsque AQMI s’est installé en 2006-2007 dans l’Adrar des Ifoghas (Nord-Mali), Iyag Ag Ghali et ses hommes l’ont combattu. Le soutien logistique algérien dont bénéficiait Iyad Ag Ghali depuis des années s’est immédiatement interrompu. Il en a déduit que s’attaquer à AQMI, c’était s’attaquer à une partie des services de sécurité algériens. Il a donc composé.
Ahmada Ag Bibi a conclu cet entretien en me disant que l’Algérie poursuivait au Sahel sa guerre de décolonisation contre la France. Il a ajouté qu’il ne comprenait pas comment la France n’avait pas saisi que l’Algérie la considérait toujours comme un ennemi. Au cours de ma vie de diplomate, j’ai pu constater, en effet, l’angélisme dont fait preuve la France à cet égard. C’est troublant.
On pourrait aussi parler des autorités des pays sahéliens qui négocient des pactes de non-agression avec ces groupes armés. C’est le cas de la Mauritanie, comme l’attestent des documents saisis par les Américains lors du raid mené contre Oussama Ben Laden en 2011 au Pakistan.
Bref, résumer la situation sécuritaire du Sahel à sa seule dimension « terroriste » est un raccourci dangereux car il nous fait tout simplement quitter la réalité du terrain.
Le destin du Sahel ne nous appartient pas
Il ne peut y avoir d’ébauche de solutions sans un constat de vérité. Si ceux qui prétendent contribuer à la solution se racontent des histoires dès l’étape du constat, comment l’élaboration de réponses aux défis du Sahel pourrait-elle être un processus pertinent ? La communauté internationale tombe dans le même aveuglement qu’elle a savamment entretenu pendant cinquante ans sur la question de l’aide au développement.
Refusant de regarder une réalité qui dérange, on s’obstine dans des réponses qui n’ont aucun impact durable sur les réalités. Aujourd’hui, nous pensons l’Afrique depuis des bureaux et des salons de ministères ou de grandes organisations internationales dont la déconnexion avec la réalité est effrayante. Plus grave encore, notre réflexion repose sur des postulats inconscients qui pourraient expliquer notre manque d’humilité.
Et si la solution était que nous cessions de vouloir tout gouverner ? Quel est ce postulat intellectuel qui consiste à considérer comme admis que nous avons la solution aux problèmes du Sahel ? Pour ma part, je pense que la solution est entre les mains des peuples concernés. Il est temps de mettre les dirigeants de ces pays face à leurs responsabilités et qu’à leur obsession d’accroître leur patrimoine personnel se substitue enfin celle de s’occuper de leur propre pays.
J’entends souvent dire que nous ne pouvons pas ne rien faire. Ah bon ? Pouvez-vous le démontrer ? Accepter que la solution puisse se mettre en place sans nous, est-ce à ce point inacceptable pour notre cerveau d’Occidental ? Des milliers d’heures de réunions dans les ministères et organisations internationales pour parler du Sahel, avec, 99 % du temps, aucun représentant de ces pays et, 100 % du temps, sans aucun point de vue des populations concernées, est-ce la bonne méthode ? Ne pourrions-nous pas accepter l’idée que nous ne savons pas ? Ne pourrions-nous pas accepter que le destin du Sahel ne nous appartient pas ?
Ou alors, si nous estimons en être coresponsables, accordons aux pays du Sahel la même coresponsabilité sur la gestion de notre propre pays. La relation serait ainsi équilibrée. Mais sommes-nous prêts à recevoir des conseils venus du Sahel ? Les trouverions-nous pertinents ? Pas plus que les populations sahéliennes lorsqu’elles nous entendent disserter sur leur sort…
Laurent Bigot est un ancien diplomate français devenu consultant indépendant. Ce texte est d’abord paru dans la revue l’Archicube n° 22 de juin 2017