Réuni en session ordinaire ce mois d’octobre 2011 à Anza, Agadir (région de Souss/Maroc), le Conseil fédéral (CF), instance législative du Congrès mondial amazigh (CMA), a eu à examiner les récentes évolutions survenues à Tamazgha (Afrique du Nord) et à débattre des préparatifs des assises du 6ème congrès ordinaire du CMA.
Le CMA s’incline avec respect sur les âmes de tous les martyrs de la démocratie et du combat identitaire qui ont payé de leur vie pour que s’effondrent les dictatures liberticides et négationnistes de leur identité, et dénonce par la même occasion toutes les vaines appellations qui ternissent ces révolutions.
Au Maroc : Le CMA se réjouit que la constitution consacre tamazight comme langue officielle. Mais il constate avec regret que même si les déclarations officielles à première vue prometteuses sont quotidiennement contredites par les actes discriminatoires. Plus de trois mois de l’adoption de la nouvelle Constitution, les interdits à l’encontre des activités associatives, le refus d’inscrire les prénoms amazighs au niveau de l’état civil et surtout le harcèlement policier, judiciaire et administratif contre les militants du Mouvement culturel amazigh continuent à être exercés notamment envers les membres du CMA (Fayssal Aoussar, Lhoussaine Agda et Kamal Slimani), les chômeurs diplômés, les membres du mouvement du 20-Février, les défenseurs des terres collectives à Jbel Aouam, Khémisset, Tinghir y inclus Imedder, etc.
Le CMA dénonce énergiquement l’assassinat de jeune Rifain Kamal Al Husseini à Aït Bu Ayach (Alhoceima) de la part de quelqu’un qui se dit "baltaji" ce jeudi 27 octobre et qui a osé tuer aussi le président de l’Association des jeunes diplômés chômeurs de la région. Le CMA affirme que ce n’est pas avec des assassinats lâches de jeunes (Sefrou, Safi, Alhoceima…) ni en brûlant d’autres jeunes (comme ceux qui se sont immolés dans une agence bancaire de la ville d’Alhoceima le 20 février dernier sans qu’une enquête sérieuse soit entreprise jusqu’à maintenant de la part des autorités) que les problèmes du chômage des jeunes et de la corruption généralisée qui rangent toutes les institutions de l’Etat vont être réglés !
Le CMA dénonce l’instrumentalisation de la justice discriminatoire, en appliquant la politique de deux poids deux mesures, à l’encontre des prisonniers politiques de la cause amazighe, détenus à la prison de Meknès, à savoir Mustapha Oussaya et Hamid Adouch, a qui l’on dénie le droit de jouir de la grâce, contrairement aux prisonniers salafistes, gauchistes et sahraouis. Cette situation de désarroi a poussé nos frères innocents détenus arbitrairement à recourir à l’action de grève de la faim et ce depuis jeudi 13 octobre 2011 pour dénoncer leurs conditions drastiques et inhumaines d’emprisonnement qui dure depuis plus de quatre ans. Nous tirons la sonnette d’alarme sur leurs état de santé qui ne cesse pas de se détériorer, le CMA incombe toute la responsabilité de l’aggravation de leur santé à l’Etat marocain et à ce sujet, le CMA exige leur libération immédiate.
En Algérie : La Kabylie est devenue une immense garnison des forces de sécurité, curieusement elle est devenue la région la plus ciblé par les attentats terroristes, les kidnappings des entrepreneurs potentiellement investisseurs et le banditisme. Le CMA dénonce les assassinats perpétrés par les militaires causant la mort des paisibles citoyens comme Mustapha Dial à Azazga et Zahia Kaci à Fréha, et demande que les soldats, auteurs des-dites bavures soient traduits en justice. Aussi, le CMA insiste incessamment à la traduction en justice des gendarmes auteurs des assassinats des 126 jeunes durant le Printemps noir et que l’enquête sur l’assassinat de chanteur Matoub Lounès aboutisse à l’arrestation et à la traduction des auteurs et commanditaires dans un procès transparent loin de la mascarade de juillet dernier.
La région des Aurès est étouffée par des pratiques de répression inavouées où les militants amazighs activistes sont très souvent harcelés par la justice et la police en contrôlant tous leurs mouvements surtout lorsqu’ils se déplacent dans d’autres régions amazighophones comme la Kabylie.
Le CMA dénonce la mainmise par les pouvoirs publics des fonds destinés à la promotion de l’art et de la culture amazighe, en faisant de toute activité culturelle et artistique un monopole de l’Etat et dans le seul cadre du soutien à la politique officielle du pouvoir en place. Et la promesse de l’ouverture du champ audiovisuel, elle est renvoyée aux calendes grecques sans aucune explication. Par la même occasion, le CMA dénonce le directeur de la chaîne amazighe qui exerce la censure, le chantage et le harcèlement sexuel sur les journalistes et animateurs de cette chaine, en saluant le courage et l’abnégation de ces derniers à vouloir exercer leur métier honnêtement.
Le CMA se solidarise avec le prisonnier politique Mohamed Baba Nadjar emprisonné à la prison de Babar à Khenchela de la région de Ghardaya et qui a entamé une grève de la faim pour protester contre l’injustice qui pèse sur lui. Le CMA exige que la langue tamazight, reconnue déjà comme langue nationale du pays, soit consacrée comme langue officielle dans la nouvelle réforme constitutionnelle.
Comme au Maroc, le CMA constate et dénonce que les amazighs algériens ne puissent pas donner des prénoms amazighs à leurs enfants et considère ceci comme un grave déni identitaire. Quant à la communauté touarègue en Algérie, elle fait toujours l’objet d’un traitement particulier de la part des autorités publiques. La pression policière étouffe ladite population qui n’a jamais accédé à une pleine citoyenneté.
En pays touaregs : Le CMA interpelle urgemment la communauté internationale sur la situation dramatique dont est victime le peuple amazigh touareg, et il tient à exprimer sa vive inquiétude sur le sort réservé aux populations touaregs notamment ceux de la région du Mali et du Niger à qui on colle dangereusement leur assimilation aux terroristes salafistes d’Aqmi. Et les Touaregs du Grand Sahara, qui connaissent les moindres recoins de leur immense territoire saharien, n’arrêtent pas de dénoncer les « nouveaux envahisseurs » que sont les combattants d’Al Qaïda et du danger de se diriger vers la naissance d’un nouveau Afghanistan, plus dangereux et plus incertain, surtout que les dirigeants d’Aqmi commencent à séduire et à recruter certains jeunes guerriers touaregs. Et si les mesures ne sont pas prises d’urgence, cela constituerait incontestablement une menace directe de la stabilité de tous les pays nord-africains et par conséquent de l’Union européenne et de l’Occident. Le CMA déclare sa solidarité inconditionnelle aux côtés des communautés touarègues qui se retrouvent isolées des cercles de décision politiques et privés de leurs droits fondamentaux dont celui à l’autodétermination. En définitive, les Touaregs sont les seuls qui peuvent sécuriser cet espace désertique et qui ont appris à le parcourir partout et à en connaître ses dangers et ses menaces. L’octroi de leurs droits de l’autodétermination, basée sur la déclaration universelle des Nations unies sur les Droits des peuples autochtones du 13 septembre 2007 est la solution idéale, viable et durable pour le peuple touareg.
En Libye : Le CMA constate que malgré des discours prometteurs de liberté et démocratie, les populations amazighes continuent à être menacées même s’ils ont réussi à organiser leur premier et historique congrès national le 27 septembre dernier. Le dernier discours de président du Conseil national de transition, Mustapha Abdeljalil, comme quoi le pays va adopter la chariâ comme source principale de la loi contredit toutes ces promesses de démocratisation du pays qui vient de se libérer de sanguinaire dictature Kadhafi. A propos du sort de ce dernier, le CMA aurait souhaité qu’il soit jugé par la Cour pénale internationale, au lieu d’être sauvagement liquidé sans répondre aux nombreux crimes commis à l’encontre des citoyens libyens et des citoyens amazighs. Ces derniers qui ont payé d’un lourd tribut leur libération et la libération de Tripoli et de la Libye sont dorénavant plus que jamais menacés si le nouveau gouvernement de l’Etat libyen vire vers un Etat théocratique et que la nouvelle constitution ne reconnaît pas la langue amazighe comme langue officielle au même titre que la langue arabe.
En Tunisie : Le CMA salut l’ouverture de gouvernement de transition d’avoir autorisé la création des associations de culture amazighe et leurs rassemblements. De même, il salue de manière générale la transparence des premières élections vraiment démocratiques organisées après la fuite de dictateur Ben Ali. Mais il exprime ses vives préoccupations de la montée en puissance des formations politiques islamistes qui risqueraient de remettre en question ces acquis démocratiques et les droits des femmes, ainsi que l’interdiction des activités et des actions en faveur de la diversité linguistique, culturelle et identitaire de la Tunisie. De même la violence des islamistes et des militaires en Egypte menace sérieusement les droits des minorités tels les coptes chrétiens et les Amazighs de Siwa.
Aux Iles Canaries : Le CMA exprime sa satisfaction des dernières mobilisations et manifestations des militants canariens indépendantistes, comme celles de 22 octobre dernier (jour du drapeau canarien à sept étoiles) en faveur de leur autodétermination et de la décolonisation et leur aspiration à l’appartenance africaine et amazighe de ce territoire de Tamazgha occidentale que sont les sept îles de Canaries.
En Mauritanie : Le CMA appelle le président Mohamed Abdelaziz et les autorités mauritaniennes à cesser toute action discriminatoire envers ses citoyens et plus particulièrement ceux de couleur et qui étaient réfugiés en Sénégal et il demande de reconnaître l’identité amazighe de ses populations maures et de promouvoir l’enseignement de la langue amazighe qu’elles ont perdu au fil des temps, ainsi que la réhabilitation de son écriture tifinagh, précieusement conservée au sein de leur patrimoine archéologique.
Le CMA se félicite de la grande réussite qu’a connue le forum international sur la question de « leadership des jeunes et la consolidation démocratique en Afrique du Nord » organisée conjointement avec la Fondation catalane CatDem, l’Internationale touarègue et le journal Le Monde Amazigh, et avec la collaboration de Congrès international de la jeunesse amazighe et l’association Abarraz à Agadir le 15 octobre dernier. (voir la vidéo sur la question touarègue: http://www.youtube.com/watch?v=OkgwIwqSYOM )
Enfin, le Conseil fédéral, tenu à Agadir le 16 octobre, informe l’ensemble des associations adhérentes que conformément aux statuts du 5ème congrès du CMA issu à Tizi-Ouzou et conformément à l’article 8, alinéa 6 des statuts du CMA, il a été décidé que les 6ème assises du Congrès mondial amazigh se tiendront dans la ville de Bruxelles en Belgique les 9, 10 et 11 décembre 2011/2961. Ainsi, le CMA lance un appel à toutes les bonnes volontés et à toutes les organisations amazighes à s’unir pour l’union de toutes les forces du peuple amazigh et à réussir ce sixième rassemblement mondial des Imazighen dans la capitale de l’Union européenne. Une étape décisive dans la voie de la restauration de la liberté et de la souveraineté du peuple et de la nation amazighs.
Contacts : E-mail: c.m.amazigh@gmail.com Webs: www.cmamazigh.com
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