mardi 11 octobre 2016

Angela Merkel appelle l'Union africaine à intervenir en Libye

Mali : au nord, « c’est chacun pour soi »

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Déjà tentaculaire, la mosaïque des groupes armés qui composent le paysage de la rébellion au Nord Mali s’agrandit. A travers un communiqué diffusé le 10 octobre, des membres de la communauté touarègue « Kel Ansar » dont le territoire s’étend de la frontière mauritanienne à la région de Gao, ont annoncé la création d’un nouveau mouvement armé, le « Congrès pour la Justice dans l’Azawad » (CJA) censé veiller à l’application des accords de paix signés avec l’Etat malien en juin 2015 à Bamako. « Tout en réaffirmant son adhésion au processus d’Alger, la communauté Kel Ansar et ses alliés décident de la création d’un mouvement politico-armé dénommé « Congrès pour la Justice dans l’Azawad, pour garantir la viabilité et la fiabilité de l’application de l’accord ».
A sa tête, l’ancien ministre de la fonction publique et ex cadre du MNLA, Hama Ag Mahmoud, avait claqué la porte du mouvement en décembre 2012 suite à l’alliance de circonstance nouée avec groupe terroriste Ansar Dine d’Iyag Ag Ghali pour lancer une offensive contre plusieurs camps de l’armée malienne dans le nord du pays. C’est pourtant un ancien du HCUA – un groupe qui compte un grand nombre d’ex membres d’Ansar Dine –  Abass ag mohamed Ahmad, qui a été désigné chef d’Etat-Major militaire du CJA.
La création d’un énième groupe armé au Nord Mali reflète la tendance à l’émiettement de la rébellion touarègue et la perte d’influence du MNLA et de la CMA de moins en moins capable d’offrir une ligne directrice aux nombreuses revendications. « Aujourd’hui chaque tribu doit prendre en main son destin » résume, amer, un touareg. « C’est même chacun pour soi » affirme un autre.
Début septembre, l’ex cofondateur du MNLA, Moussa Ag Acharatoumane, avait pointé les nombreux déséquilibres au coeur du mouvement et de la CMA critiquée pour son incapacité à prendre en compte les desiderata d’autres tribus que celles des Ifoghas qui contrôlent l’essentiel de la région de Kidal. Son divorce de la CMA a été scellé par la création d’un nouveau mouvement : « le Mouvement pour le Salut de l’Azawad ».
Par ailleurs, fin avril dernier, le MNLA perdait une figure emblématique : son porte parole en France, Moussa Ag Assarid, qui a dénoncé l’abandon « des idéaux et objectifs du Mnla » par ses dirigeants.
Ces récentes scissions s’ajoutent à d’autres plus anciennes telles que celle effectuée par le colonel Hassan Ag Mehdi, alias « Jimmy le rebelle », qui a fondé un mouvement baptisé le Front populaire de l’Azawad en décembre 2012 réunissant de nombreux membres de la tribu Chamanamass présents dans la région de Gao.

http://mondafrique.com/mali-nord-cest-chacun-soi/
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Alain Juppé contre Nicolas Sarkozy : le match africain

Paris Match ||Mis à jour le 
Alain Juppé, ici le 3 octobre 2016 à Bordeaux se présente en "ami de l'Afrique" face à Nicolas Sarkozy, ici le 1er octobre 2016 à Ollone-sur-mer
Alain Juppé, ici le 3 octobre 2016 à Bordeaux se présente en "ami de l'Afrique" face à Nicolas Sarkozy, ici le 1er octobre 2016 à Ollone-sur-merGeorges Gobet/AFP, Stéphane Mahé/Reuters
Interviewés vendredi par le journaliste Christophe Boisbouvier sur Rfi, les deux principaux challengers de la primaire à droite livrent leur vision de l’Afrique
Les deux hommes s’accordent sur un point: l’Afrique n’est pas un dossier comme un autre, mais une priorité pour le prochain président français. Tous deux aspirent à renforcer les liens économiques et assainir les relations politiques avec la France. Mais aucun ne livre d'éléments concrets sur la manière de le faire. 
Alain Juppé reste assez théorique. Il rappelle sa position passée sur le Sénégal en 2012, quand le président Wade voulait prolonger le nombre de mandat ainsi que ses avertissements exprimés au Burkinabé Blaise Compaoré qui entendait lui aussi modifier sa constitution. Le message de la France sera le même, dit-il, pour tous les présidents ayant recours au même procédé. L'ancien ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy ne donne en revanche aucun élément sur les actions éventuelles à mener pour faire entendre ces messages. En cela, il ne se différencie pas de François Hollande, dont les appels à la transparence et au respect des constitutions que ce soit au Congo-Brazzaville, au Gabon ou enRépublique démocratique du Congo résonnent dans le vide.
En quoi Juppé se sent-il différent de Nicolas Sarkozy? «J’aime l’Afrique, j’ai beaucoup d’amis africains», dit-il. L’ancien Premier ministre de Jaques Chirac entend se présenter comme son successeur dans le cœur des Africains. Pour cela, il a d’ailleurs une arme de choc: un conseiller africain, le très actif adjoint à la mairie de Bordeaux Pierre De Gaétan Njikam Mouliom.
Alain Juppé, le 30 avril 2016 lors de la journée des diasporas africaine à Bordeaux© GEORGES GOBET / AFP
Sur le Gabon, Alain Juppé se montre évasif. «Il y a eu des observateurs européens dans cette élection, la Cour constitutionnelle s’est prononcée, c’est aux Gabonais de régler cette question», dit-il. Une manière de renvoyer la «patate chaude» du maintien au pouvoir de la dynastie la plus emblématique de la Françafrique à une population impuissante. D'autant plus impuissante que la Cour constitutionnelle du Gabon cautionne des résultats contestés par les observateurs de l'Union européenne.

Nicolas Sarkozy reprend l'idée de Jean-Louis Borloo d'un "gigantesque plan Marshall"

De son côté, Nicolas Sarkozy ne se montre pas plus clair sur les moyens à déployer pour assainir les relations politiques avec l'Afrique. Sur le Gabon, il explique par exemple qu’il aurait fallu «renforcer l’importance des contrôles internationaux avant l’élection et pas après». Il ne précise pas comment. L’ancien président reconnaît partager les «doutes» relatifs à cette élection contestée du 31 août 2016. Doutes qu’il n’a pas jugé utile d’exprimer publiquement au moment de la crise. Pour conclure, il dit espérer que les prochaines élections de décembre se passent mieux.
Le 18 mars 2016, Nicolas Sarkozy était l'invité de son ami le président ivoirien Alassane Ouattara à Abidjan© Thierry Gouegnon / Reuters
Quelles différences avec son challenger ? Nicolas Sarkozy revendique l’idée, empruntée à Jean-Louis Borloo -qu'il ne cite pas- d’un «gigantesque plan Marshall pour l’Afrique». Sur le Mali, il plaide pour un gouvernement fort et insiste sur la nécessité d'une capacité de dialogue avec les Touaregs. Plus généralement, il affirme «son attachement pour l’Afrique» et son amitié pour Alassane Ouattara, qu’il décrit comme «un grand démocrate».
Questionné sur le fameux discours de Dakar, Nicolas Sarkozy explique le sens de sa phrase: «Les Africains ne sont pas assez entrés dans l’histoire». Cela signifiait qu’ils n’ont pas la place qu’ils méritent dans l’organisation internationale du monde, a-t-il dit. «Je n’accepte pas qu’il n’y ait pas un seul pays africain membre (permanent) du Conseil de sécurité», dit-il, reprenant cette fois une idée chère à feu Mouammar Kadhafi.
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L’exemple US en Libye pousse plusieurs pays à songer à l’arme nucléaire



L’exemple US en Libye pousse plusieurs pays à songer à l’arme nucléaire © AFP 2016 ABDULLAH DOMA 


INTERNATIONAL 17:10 09.10.2016(mis à jour 17:33 09.10.2016) URL courte 267511693 Plutôt que d’encourager de nombreux pays à renoncer aux armes nucléaires, les démarches adoptées par Washington ont incité ces derniers à s’en procurer, estime Sergueï Lavrov, qui évoque à cet égard l’exemple de la Libye et de la Corée du Nord. © SPUTNIK. MAXIM BLINOV Tirs US sur les aérodromes syriens: un «jeu dangereux», met en garde Lavrov Plusieurs régions du monde, y compris celles où se trouvent des « puissances nucléaires non officielles » sont devenues beaucoup plus instables après le renversement de Kadhafi, a affirmé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Comme l'a observé M. Lavrov, le nombre des pays qui possèdent des armes nucléaires a augmenté ces derniers temps à travers le monde: cinq États en sont dotés officiellement et quatre aspirent à obtenir le statut de puissance nucléaire. Fait significatif, a indiqué le ministre, les événements des dernières années ont démontré que ces pays avaient davantage tendance à acquérir l'arme nucléaire plutôt qu'à y renoncer.

 © SPUTNIK. ALEXSEY DRUGINYN Exclusif: l'Occident savait que Kadhafi comptait quitter le pouvoir Évoquant l'exemple de la Libye, M. Lavrov a rappelé que Mouammar Kadhafi s'était dit prêt à coopérer puis avait abandonné son programme de développement d'armes nucléaires. Ce fait n'a pourtant rien changé: « personne ne se souhaiterait ce qui lui est arrivé par la suite ». En revanche, la Corée du Nord, qui possède des armes nucléaires, n'est reconnue par personne comme puissance nucléaire officielle et personne ne l'ennuie. Aussi se croit-elle en droit de les posséder, a conclu Sergueï Lavrov. 


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Niger : Mahamadou Issoufou face au courroux des fonctionnaires

AFRIQUE
TYPOGRAPHIE
Le gouvernement nigérien procède depuis peu à des coupes sombres sur les primes et indemnités des fonctionnaires de l'administration publique. A la fin de ce mois de septembre, les agents de l'Etat ont encore eu l'amère surprise de voir leurs salaires, amputés de l'indemnité de responsabilité. Une situation qui commence par susciter la colère dans le rang des travailleurs.
Les mobiles qui pourraient justifier que le gouvernement nigérien taille les indemnités des fonctionnaires restent jusque-là un mystère. Beaucoup s'interrogent s'il s'agit d'une mesure pour assainir la trésorierie de l'Etat ou si c'est la trésorerie elle-même qui est en surchauffe. Les indemnités coupées à la fin de ce mois de septembre sont de l'ordre de 15000 à 60.000 Fcfa, apprend-on. Leurs montants varient en fonction de la responsabilité des différents personnels de l'administration. Suffisant en tout cas pour que les fonctionnaires du pays commencent à crier leur ras-le-bol, mis devant le fait accompli de mesures dont le chapelet commence à s'allonger. Par le passé, de telles opérations avaient été faites, à la grande stupéfaction des travailleurs. Les mois de juillet et d'août ont ainsi eu leur lot de coupes sombres, avec les allocations familiales et les indemnités de zone désertique, absentes de la fiche de paie. Les responsables des travailleurs commencent par donner de la voie.
"Il aurait fallu, non seulement communiquer, mais aussi, donner un préavis, un délai pour tous ceux qui sont concernés pour justifier les premières indemnités qu’ils perçoivent. Ça aurait permis d’éviter le désagrément que nous avons constaté", proteste Manou Bagué, secrétaire général de l’Union des syndicats des travailleurs du Niger. Il sera appuyé par son collègue de la Confédération démocratique des travailleurs du Niger, Idrissa Djibrila qui estime que "Même s’il y a une morosité, qu’ils ont des difficultés à payer les salaires et qu’il faut trouver un moyen de réduire la masse à l’heure, quels que soient les objectifs mis en avant, on doit se concerter avec les travailleurs que nous sommes".
Pour l'instant, le gouvernement n'a pas cru devoir fournir des explications au sujet de ses amputations qui risquent à terme de susciter la fureur des travailleurs.
http://beninmondeinfos.com/index.php/monde/33-afrique/3636-niger-mahamadou-issoufou-face-au-courroux-des-fonctionnaires

Angela Merkel promet une aide militaire et civile pour le Niger


NIGER ALLEMAGNE MAHAMADOU ISSOUFOU ANGELA MERKEL
Angela Merkel promet une aide militaire et civile pour le Niger
RFI
La chancelière allemande Angela Merkel reçue à son arrivée à Niamey par le président nigérien Mahamadou Issoufou, ce lundi 10 octobre 2016.
© REUTERS/Tagaza Djibo






Par RFI Publié le 11-10-2016 Modifié le 11-10-2016 à 02:07


L'Allemagne va débloquer 27 millions d'euros pour aider le Niger sur le plan militaire et contribuer au développement du nord du pays, a annoncé lundi la chancelière Angela Merkel ce lundi 10 octobre à Niamey. En dehors des questions bilatérales, la migration et la sécurité au Sahel ont occupé une bonne place dans leurs discussions.

C’est un accueil des grands jours qui a été réservé à la chancelière allemande. Angela Merkel a beaucoup apprécié les prestations de troupes artistiques de Peuls Bororos et des Touaregs de l’Aïr.

Le point fort de sa visite-éclair a été la conférence de presse conjointe avec le président Issoufou. L’installation d’une base allemande à Niamey est sur toutes les lèvres. Pour le président Mahamadou Issoufou, il ne s’agit nullement d’une base militaire, mais d’un centre logistique.

« Les Allemands donc sont présents au Mali et non pas au Niger. Il y a un centre logistique à Niamey pour soutenir les 650 soldats allemands qui sont présents dans la Minusma, au Mali », a déclaré le président nigérien.

La chancelière allemande partage l’avis du Niger, celui d’avoir une force offensive qui puisse débarrasser le nord du Mali des terroristes.

« L’unité du Mali est importante pour nous, même si des groupuscules armés mènent des attaques au Mali et au Niger. Notre mission est d’avoir des forces robustes », a déclaré, de son côté, la chancelière allemande.

En visitant le transit de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) de Niamey, Angela Merkel devait insister sur un contrôle efficace des réfugiés.

« Il faut créer des emplois dans ces pays pauvres pour que ceux qui vivent de la fraude puissent avoir du travail », a-t-elle indiqué.

Chronologie et chiffres clés
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Au Niger, l’armée affaiblie par la paranoïa de son président


Au Niger, l’armée affaiblie par la paranoïa de son président

Par Laurent Bigot (chroniqueur Le Monde Afrique)

LE MONDE Le 10.10.2016 à 12h24 • Mis à jour le 10.10.2016 à 13h30
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L’armée nigérienne est exposée sur plusieurs fronts où ses ennemis sont mobiles et insaisissables. A la frontière avec le Nigeria et le Tchad, Boko Haram a infligé de lourdes pertes aux forces de sécurité nigériennes. La dernière attaque en date est venue d’un autre front, le Mali, et a causé la mort de 22 soldats nigériens au moins à Tazalit, jeudi 6 octobre. Selon le ministre de la défense nigérien, Hassoumi Massaoudou, elle serait l’œuvre de groupes narcoterroristes implantés au Mali.

L’armée nigérienne paie un lourd tribut depuis quelques années pour assurer la sécurité du Niger. Pourtant, ce pays Niger consacre une part croissante de ses ressources à l’armée puisque, selon le ministre Hassoumi Massaoudou, les dépenses ont été multipliées par quinze.
Nombreux officiers éloignés

Alors où est le problème ? Dans l’affaiblissement de l’armée nigérienne depuis l’élection de Mahamadou Issoufou, en 2011. Obsédé qu’il est par son adversaire politique, Hama Amadou, le président Issoufou et son entourage se sont intoxiqués à la paranoïa, persuadés que Hama Amadou se saisirait du pouvoir par la force avec l’aide d’officiers lui étant restés fidèles depuis l’époque où il était premier ministre (de 2000 à 2007) du président Tandja. L’actuel ministre de l’intérieur Mohamed Bazoum avait même évoqué dans une interview à Jeune Afrique, fin 2015, de prétendues connexions entre Hama Amadou et des « officiers ethnicistes ». Cette paranoïa a conduit à l’éloignement de nombreux officiers de valeur (comme attachés de défense dans des ambassades, par exemple) et à l’ostracisation d’une partie des officiers soupçonnés d’être proches de Hama Amadou.

Une partie de l’armée s’est sentie humiliée en décembre 2015 avec les suites de la supposée tentative de coup d’Etat. Des officiers sont depuis lors en prison sans qu’aucun procès ne soit prévu, ni aucune preuve présentée, malgré les déclarations tonitruantes du ministre de la défense de l’époque qui avait affirmé que certains officiers étaient passés aux aveux alors que les accusés continuent de clamer leur innocence.

Lire aussi : Trente-huit membres de Boko Haram tués au Niger

Cette déstabilisation de l’armée s’est, en outre, accompagnée d’un large détournement des ressources du budget du ministère de la défense. Si le budget de la défense a été multiplié par quinze, celui du patrimoine de certains l’a été par un facteur au moins équivalent. Au-delà de l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel, c’est le rôle d’un intermédiaire sulfureux qui alimente la chronique à Niamey. Cet intermédiaire, dont le surnom est « petit Boubé », a été attributaire de nombreux marchés qu’il a au mieux surfacturés, au pire détournés (il aurait encaissé des avances sans jamais livrer le matériel). « Petit Boubé » est également recherché par la justice au Nigeria, car son nom apparaît dans l’affaire du détournement de plusieurs milliards de dollars par Sambo Dasuki, conseiller à la sécurité nationale de l’ancien président du Nigeria, Goodluck Jonathan. Tout cela n’a été possible qu’avec la protection du précédent ministre de la défense du président Issoufou, Mahamadou Karidjo, dont le patrimoine immobilier à Niamey a connu une embellie spectaculaire. Ce dernier a été élu cette année président de la Haute Cour de justice, la seule institution susceptible de mettre en accusation le président de la République et de le juger. Elle juge également les membres du gouvernement…
Narcotrafiquants notoires

Ces détournements ont pour principal effet de priver l’armée de matériel performant, qui leur fait cruellement défaut face à Boko Haram. En revanche, le matériel de la garde présidentielle est flambant neuf, comme j’ai pu le constater lors de mon dernier séjour à Niamey. Alors que le président devait serendre à l’aéroport pour un voyage à l’étranger (les déplacements à l’étranger occupent une grande place dans l’agenda présidentiel) et que la circulation était bloquée depuis une heure dans Niamey, j’ai pu admirer les uniformes neufs des militaires postés aux différents carrefours et leur impressionnant matériel incluant même des blindés ! La protection du président impose une meilleure gestion des deniers publics semble-t-il.

Lire aussi : Pourquoi ma voisine Falmata Kollo a rejoint Boko Haram ?

Les précédentes défaites se sont produites face à Boko Haram. Celle de Tazalit face à des narcoterroristes, selon le ministre de la défense. Cela risque de poser un sérieux problème à l’Etat du Niger. Nombreux, en effet, sont ceux qui dénoncent la présence de narcotrafiquants notoires à proximité du pouvoir nigérien (les services de renseignement occidentaux en sont parfaitement informés et ont écrit quelques rapports sur le sujet), dont un des représentants les plus illustres, Chérif Ould Abidine, dit « Chérif Cocaïne », est décédé peu avant la présidentielle de 2016 (le président Issoufou a même assisté à la levée du corps).

Certains proches du président nigérien concèdent en privé que cette proximité constitue un problème, mais également un sujet tabou que personne ne peut évoquer avec lui, qui ne tolère plus aucune critique. L’un d’entre eux me confiait même récemment ne plus reconnaître Mahamadou Issoufou, l’homme. La gangrène aurait donc atteint le sommet de l’Etat ? Certainement. Et ce n’est pas l’opération anticorruption « Mai Boulala » (« celui qui a la chicotte » en haoussa) qui y remédiera, car aucune des têtes d’affiche n’a encore été mise en cause. Et ne le sera probablement pas.
La France ferme les yeux

Et que pense la France de tout ça ? Elle n’en pense rien, car elle ferme les yeux. Le président Issoufou est un ami du président Hollande donc tout va bien au Niger, tout comme au Mali puisque le président Ibrahim Boubacar Keïta est aussi un de ses amis. Et puis le Niger doit rester stable, donc interdiction d’ouvrir les yeux. On se contente de l’apparente stabilité du moment sans faire l’effort intellectuel de comprendre ce qui contribuerait à une stabilité réelle et durable. Cet argument de la stabilité nous a coûté cher par le passé, car c’est avec ce type de raisonnement que nous avons soutenu des dictateurs tels Bachar Al-Assad (et oui, on l’aimait bien avant), Mouammar Kadhafi (lui aussi a été un ami), Ben Ali, Saddam Hussein, qui ont fini par provoquer l’effondrement de leur pays.

Lire la chronique : Comment Alger protège le djihadiste Iyad Ag-Ghali avec l’aide de Paris

Quand la stabilité devient un objectif en soi, elle permet de couvrir les pires dérives et ne fait que creuser le sillon de graves déstabilisations ultérieures, voire de guerres civiles comme en Syrie ou en Libye. La stabilité d’un pays doit être la conséquence d’un fonctionnement équilibré des institutions et de l’effectivité de l’Etat de droit. Mais il est vrai que, vu ainsi, cela nécessite une politique étrangère courageuse et ambitieuse bien éloignée des simplismes qui prévalent aujourd’hui. Puisque personne ne s’inquiète que notre politique aille dans le mur au Sahel, alors allons-y !

Laurent Bigot est un ancien diplomate français devenu consultant indépendant.


Laurent Bigotchroniqueur Le Monde Afrique


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/10/10/au-niger-l-armee-affaiblie-par-la-paranoia-de-son-president_5011114_3212.html#PmJGe3KzQzSkd6Hj.99

Le Ministre nigérien de la défense Hassoumi Massaoudou joue avec le feu !


Abdoulahi Attayoub
Le Ministre nigérien de la défense Hassoumi Massaoudou joue avec le feu !
Au lieu de proposer sa démission au président de la république suite à l’attaque de Tazalit, il enfonce le clou, dans une déclaration à Rfi, en faisant l’amalgame entre les différents groupes présents dans le Nord du Mali(Azawad). Il risque ainsi de compliquer la tache des forces de sécurité et de mettre mal à l’aise les partenaires qui essaient d’aider le Niger à ne pas sombrer aussi dans la violence et l’anarchie.
Quand on est responsable dans un pays qui a de moins en moins les moyens d’assurer sa propre sécurité on ne tient pas des propos incendiaires qui pourraient attirer d’autres ennemis.
Nous avions espéré que les dirigeants actuels du Niger avaient tiré les leçons de leurs dérapages en 2012 à propos de la situation en Azawad .