jeudi 1 mars 2012


Aqmi: 2 otages s'enfuient et sont repris

Par , publié le 01/03/2012 à 09:00, mis à jour à 12:53

Début février, deux des six otages français détenus par Aqmi dans le nord du Mali ont tenté de s'échapper. 

Le 5 février, deux des six otages français retenus par Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) ont bien failli échapper à leurs ravisseurs, au nord du Mali.  
Ce jour-là, en plein désert, une patrouille de rebelles touareg circulant en 4 × 4 tombe sur un campement du groupe d'Abou Zeid, l'un des "émirs" d'Aqmi. Une escarmouche s'engage aussitôt.  
"Les échanges de tirs ont duré trois heures. Deux otages sont parvenus à s'enfuir en profitant de la confusion, rapporte une source touareg àL'Express. Ils se sont cachés toute la nuit dans le désert." Les deux otages ont finalement été repris le lendemain, à environ 80 kilomètres au nord-est de Kidal.  
L'information, confirmée par une source du renseignement français, indique qu'au moins une partie des otages d'Aqmi est toujours détenue dans le nord du Mali.


March 1, 2012 - 19:41 MALI

AZAWAD: BATAILLE POUR LE CONTRÔLE DE TESSALIT

La situation est extrêmement tendue dans la zone de Tessalit (nord-est), où la journée de mercredi s’est caractérisée par de violents combats entre les rebelles du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla) et les forces armées du Mali, bien qu’aucun bilan certain des affrontements ne soit encore disponible.
“Nous occupons la zone autour de Tessalit et nous bloquons les approvisionnements destinés aux soldats de la caserne d’Amachache depuis environ un mois. Leurs vivres seront bientôt épuisés. Hier, nous avons empêché d’entrer les renforts et les approvisionnements, composés de plusieurs centaines de véhicules. Les militaires ont subi de lourdes pertes alors que nous n’avons perdu aucun combattant”, déclare à la MISNA le président du Conseil révolutionnaire du Mnla, Abdoul Karim Ag Agmatafa, contacté à Tessalit.
De leur côté, les sources militaires reprises par la presse internationale affirment avoir battu les rebelles, mais rien n’indique jusqu’à présent que l’armée a reconquis les voies d’accès à la caserne.
“Nous maintiendrons le contrôle de la zone jusqu’à la reddition complète des soldats”, ajoute le représentant des rebelles, qui revendiquent le droit à l’autodétermination du territoire de l’Azawad.
Interrogé sur l’hypothèse d’une solution négociée au conflit – qui comporte de lourdes conséquences humanitaires dans la région – notre interlocuteur précise : “Nous ne sommes disposés à dialoguer qu’à la condition que le droit à l’autodétermination de l’Azawad soit pris en considération, ce que le gouvernement malien a jusque là refusé de faire. Nous avons vainement tenté d’établir un dialogue avec le régime pendant près d’un an. Maintenant, c’est par les armes que nous lui ferons comprendre que l’Azawad doit être séparé du Mali et que la souveraineté de son peuple doit être respectée à l’intérieur de ses propres frontières”.
La guerre déclarée par la rébellion a néanmoins causé 130.000 réfugiés et déplacés. “Nous sommes conscients de cette situation et nous ne voulons en aucun cas frapper les civils. Nous sommes pleinement d’accord pour l’accès de l’aide humanitaire à la région. De notre côté, nous nous efforçons de sensibiliser les déplacés et les populations locales pour qu’ils n’abandonnent pas les villes et poursuivent leurs activités normales”, précise Ag Matafa.
Mais le plein soutien de la population locale au Mnla est loin d’être acquis, malgré les affinités existantes et la lutte commune pour un développement renforcé du Nord du pays. Cependant, les nombreuses communautés de l’Azawad ne partagent pas toutes la lutte armée et pâtissent durement du conflit.
(CC/CN)
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AZAWAD FLASH/


172 militaires maliens disparus et 24 Toyota 4x4 avec armes et équipements récupérés  par le MNLA dans la bataille de Téssalit depuis une heure.

Combats terribles vers Tessalit entre le MNLA et les milices Tamasheq et Maures du Mali

L’écrivain Moussa Ag Assarid et des combattants du MNLA, Février 2012. Crédit: Mossa Ag Assarid
L’écrivain Moussa Ag Assarid et des combattants du MNLA, Février 2012. Crédit: Mossa Ag Assarid
Depuis hier, de lourds combats ont lieux entre les combattants du MNLA et des milices qui supportent et protège le peu de militaire Malien présent sur le front aux alentours de Tessalit. Le convoi impressionnant conduit par les Colonel-Majors AlHaji Ag Gamou et Abderahmane Ould Meydou et l'ancien Colonel Libyen Mohamed Ag Bachir est composé à 95% de Tamasheq et de Maures et fait face depuis le Mardi à des brigades dirigés par un grand nombre d'officiers supérieurs du MNLA. A la tombée de la nuit, nos sources étaient dans l'impossibilité de fournir un bilan mais notent des dégâts importants au sein des milices de l'armée Malienne qui n'ont pas encore pu rentrer dans la ville de Tessalit.
Le Samedi 25 Février dernier nous notions le convoi militaire de plus de 180 véhicules conduits par les Colonel-Major AlHaji Ag Gamou et Abderahmane qui avait quitté la ville de Gao. Ce convoi passera la journée du Dimanche à Anefif. Une partie des militaires Militaire Malien et miliciens présent dans la ville à Anefif le rejoindront avant d'être rejoint encore par plus de deux cents miliciens Tamasheq depuis la ville de Kidal. Une fois complets, ce n'est pas moins de 300 véhicules qui quitteront Anefif en direction de la ville de Tessalit.
Après une avancée lente, le convoi fera une escale vers le site d'Annou Malane, distant d'environ 80 Kilomètres de Tessalit. C'est à partir de ce site que les Colonel-Major Ag Gamou et Ould Meydou ont voulu attirer les troupes du MNLA pour leur tendre une embuscade un peu plus loin. Cette attente était sans compter sur les stratèges militaires du MNLA. Le désir d'embuscade de l'armée Malienne s'est retourné en une embuscade contre elle-même. En effet, pour faire face aux nombreux officiers et miliciens de l'armée Malienne, de nombreux officiers du MNLA et pas des moindres se sont donné également rendez sur le tronçon Annou Malane – Tessalit.
Ce sont les compagnons de feu Ibrahim Ag Bahanga au sein de l'ancien ATNM (Alliance Touareg Nord Mali) qui ont ouvert le bal. Kojak, fidèle parmi les plus fidèles d'Ag Bahanga, à la tête de jeunes combattants sur-motivées ont fait croire à l'armée Malienne qu'ils étaient sur le point de tomber dans le piège qu'elle leur a tendue. Croyant avoir la chance de neutraliser Kojak dont la bravoure est chantée dans les poésies dans tout l'Azawad, une cinquantaine de véhicules des miliciens Maliens ont été accueillis par deux brigades sous les commandements des Colonels Assalat Ag Habi, Ibah Ag Moussa (Bamoussa). Une fois pris entre le marteau (Assalat Ag Habi, et Ibah Ag Moussa) et l'enclume (Kojak), les soldats Maliens ont essayé de sortir de ce bourbier pendant plus d'une heure de temps lesquels ils étaient bombardés sans repris par les deux groupes du MNLA. Moins de la moitié des véhicules ont réussis à sortir de cette embuscade.
Sa mission accomplie, le Colonel Assalat Ag Habi et une partie de sa brigade sont reparti vers le camp Amashash qu'il continuait à pilonner jusqu'à la tombée de la nuit dans l'objectif de l'affaiblir et permettre sa prise dans les jours à venir. Rappelons que ce camp contient uniquement les soldats Maliens. Les femmes et les enfants de ces soldats ont reçu la permission du MNLA pour l'évacuer afin d'éviter qu'elles ne soient victimes des affrontements qui auront lieu dans le camp mais surtout pour qu'ils échappent à l'embargo du MNLA au tour du camp qui est rupture de stocks en nourriture. C'est ainsi que le 18 Février, cinq camions transportant femmes et enfants avec leurs bagages ont quittés le camp Amashash pour s'abriter dans la ville de Tessalit.
Le gros des troupes Malienne est entré dans les combats après le départ du Colonel Assalat Ag Habi. C'est alors que les convois du Commandant Haroune Ag Saghid et celui de Rhissa Ag Berguel ont porté mains forte à celui d'Ibah Ag Mossa et au restant de la brigade du Colonel Assalat Ag Habi. C'est également à ce moment, plus précisément vers 12H de l'après-midi, que les mercenaires Ukrainiens employés par l'aviation Malienne ont fait quelques tirs vers les combattants du MNLA avant de faire un demi-tour face aux batteries anti-aériennes du mouvement révolutionnaire.
Au petit soir, nos sources nous apprennent que le MNLA a réussi a diviser l'armée Malienne et ses milices en trois groupes. Le groupe du Colonel-Major Ould Meydou composé totalement de miliciens Maures a été le premier à faire un "retrait tactique" dans le nouveau langage militaire Malien (comprenez une fuite du champ des combats). Ne voulant plus donner des instants de repis aux milices de l'armée Malienne, Rhissa Berguel et ses hommes ont suivi ce groupe jusqu'à la tombée de la nuit.
Les plus durs des combats se sont produits entre le reste des combattants du MNLA sur place et le groupe conduit par le Colonel-Major AlHaji Ag Gamou. Il faut dire que ce groupe comprend non seulement des miliciens Tamasheq mais aussi et surtout un contingent d'anciens soldats Libyens regroupés autour des Colonels Mohamed Ag Bachir (ex-Commandant de zones de Beni Walid en Libye), Wakki Ag Ossad et Sidi Lama Ag Imikal tous rentrés de Libye après la chute du Colonel Kadhafi. A la tombée de la nuit, nos sources nous apprenaient qu'après des combats terribles, le groupe du Colonel-Major AlHaji Ag Gamou a été scindé en deux sous-groupes et que le sous-groupe contenant la majorité des anciens soldats Libyens a été éloigné afin de les mettre dans un terrain qui leur est inconnu et dans lequel leurs techniques de loin meilleur que celle des autres soldats Maliens seront inadaptées.
Avec la tombé de la nuit il était impossible d'établir un bilan provisoire de ces affrontements. Mais selon nos sources plus d'une centaine de militaires Maliens ont surement péri parce que plus d'une vingtaine de véhicules ont été calcinés lorsque prises en tenaille entre les brigades de Kojak et d'Assalat Ag Habi, sans parler des affrontements violents durant toute la journée. Selon nos sources, les combattants du MNLA font preuve d'un grand optimisme dû au fait que le MNLA recevra dans les prochaines heures un renfort de Tessalit conduit par Rhissa Ag Akli, un autre fidèle de feu Ibrahim Ag Bahanga qui ne l'a jamais quitté et a participé à toutes ses batailles. Les jours suivant seront sans aucun doute déterminants pour le control de l'Azawad par le MNLA. Nous demandons à nos lecteurs de rester serein et de ne pas se fier à la propagande mensongère du Mali qui comme à son habitude déclarera sans aucun doute dans les prochaines heures que son armée a repris Tessalit et à lever l'embargo autour du camp Amashash.

Par Ikhlou Ag Azzezen

Violents combats entre l'armée et les rebelles touaregs dans le nord du Mali
The Associated Press 
BAMAKO, Mali - De violents combats ont opposé l'armée malienne à des rebelles touaregs dans la région de Tessalit, dans le nord du Mali, a rapporté jeudi un responsable des forces armées maliennes.
Les combats ont eu lieu mercredi alors que des soldats tentaient de rejoindre la ville de Tessalit, encerclée par les rebelles, a précisé le colonel Idrissa Traoré, qui n'a pas donné de bilan. Il n'a pas non plus confirmé que les troupes envoyées en renfort avaient atteint le camp militaire de la ville.
Les rebelles touaregs affirment que les soldats n'ont pas réussi à atteindre Tessalit. «Nos forces ont réussi à séparer les contingents en route vers Tessalit et les ont contraint à battre en retraite», a déclaré leur porte-parole, Moussa Ag Assarid, dans un entretien téléphonique avec l'Associated Press.
Il a affirmé que les rebelles n'avaient subi aucune perte durant les combats, et avaient tué un certain nombre de soldats. «Il est très possible qu'il y ait de nouveaux combats bientôt», a ajouté Moussa Ag Assarid.
L'armée tente d'acheminer des renforts à Tessalit depuis que les Touaregs ont commencé à lancer des attaques dans le nord du pays à la mi-janvier. Cette ville est jugée stratégique, sa base militaire étant l'une des plus grandes de la région.
L'ambassade des États-Unis à Bamako a confirmé jeudi qu'un avion militaire américain avait largué des vivres à la population de Tessalit le 14 février.
«Nous avons largué de la nourriture pour une population d'environ 2000 personnes qui étaient en détresse», a expliqué Megan Larson-Kone, de l'ambassade américaine. «Il y avait assez de nourriture pour subvenir aux besoins pendant au moins plusieurs jours.»
Depuis le mois de janvier, des dizaines de soldats et de rebelles ont été tués dans les combats, qui ont également fait plus de 100 000 déplacés, selon les Nations unies.
Les rebelles touaregs du Mouvement national pour la libération de l'Azawad réclament l'indépendance du nord du Mali. Les touaregs se sont soulevés plusieurs fois contre le gouvernement central depuis que le Mali, une ancienne colonie française, a accédé à l'indépendance en 1960.
Copyright The Canadian Press




AZAWAD VS MALI  UN CONFLIT MAGHREB CONTRE CEDEAO?


Depuis la prise de position des états ouest africains le conflit entre l'Azawad et le Mali semble prendre de l'ampleur sur le continent entre pays maghrébins au devant desquels l’Algérie et la Mauritanie contre l’ingérence de  l'Afrique de l'Ouest.
Le Maghreb a connu son printemps et beaucoup des changements en faveur des Berbères sont intervenus depuis une année.
Ainsi du Maroc en passant par la Tunisie la Libye y compris l'Egypte les nouveaux pouvoirs voient le conflit Touareg comme un conflit d'une minorité luttant pour son territoire contre l'occupant  qui n'a pour légitimité sur le Sahara qu'un héritage coloniale contesté et dépassé.Beaucoup d'intellectuels maghrébins surtout les Berbérophones prennent position partout dans le monde et font pression sur leurs différents états afin de mettre fin à cette guerre avec sa succession de massacres et des exilés Touaregs depuis les pseudos-indépendances africaines.
La diaspora berbère compte des millions en Europe surtout en France en Italie en Espagne et en Belgique.Elle est aussi très composite et présente au Canada et aux Etats Unis.
Les maghrébins constituent aussi un électorat non négligeable pour ces pays européens et il est pas question de les heurtés en appuyant la CEDEAO ou le Mali dans cette guerre contre le Mouvement national de libération de l'Azawad.
L'enjeu principal est le Sahara et ses ressources minières au delà du problème des populations longtemps ignorés et laissés pour compte.La donne a évoluer depuis la réorganisation des différends mouvements Touareg en révolution populaire sous le MNLA pour revendiquer leur territoire historique sur lequel vivent des nombreuses tribus Arabes et Peuls nomades.Ce territoire qui constitue un trait d'union entre l'Afrique noire et le Maghreb est d'un enjeu stratégique pour les deux parties mais aussi pour les puissances occidentales, la Chine et la Russie qui soutiennent l'armée malienne.
Les Touareg ont les moyens de leurs ambitions avec leurs armes sophistiqués avec lesquelles plusieurs victoire éclatantes ont étés remportés sur les armées ouest africaines en place depuis quelques semaines de façon discrète.Les européens voient d'un mauvais oeil les alliances que nouent le Mali afin de combattre une minorité cet agacement à fait que le ministre des affaires étrangères française a taper du poing sur la table pour rappeler au Mali que la solution ne saurait être militaire mais des négociations "inclusives" avec toutes les parties permettraient de trouver une solution politique et économique.
Dans les cercles du pouvoir au Maghreb la question commence a être aborder sans tabou pour trouver une solution au conflit qui ne fait que se répéter avec toujours la même obsession des Touareg à en finir avec le joug de Bamako.
Le Deal avec les français et les nigériens seraient de trouver un territoire aux Touareg afin que le conflit ne s’éternise et s'internationalise avec les conséquences sécuritaires pour toutes la sous région qui peine à lutter contre les sectes islamistes.
Donner aux Touareg l'Azawad c'est éviter que leurs frères du nord -Niger ne viennent revendiquer l'Aïr là ou sont installés les mines d’Uranium d'Areva la société d'état française depuis 50 ans.Ainsi la France joue t' elle  ce qui s'apparente à un jeu d'équilibriste entre les ouest africains et les maghrébins en essayant de trouver une solution acceptable pour tous.
Un Azawad dirigé par les Touareg permettra de faire revenir la sécurité et les investissements le plus tôt possible de l'avis des nombreux experts et spécialistes sahariens.

Adi GORAN
spécialiste saharien

mercredi 29 février 2012



Les Touaregs: ces oubliés de l’Histoire





Mohamed Boudari


  Tenus entre deux feux, les Touaregs au nord du Mali continuent leur exode massif vers les pays  limitrophes. Ainsi Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont fui les régions des combats pour aller notamment en Mauritanie, Burkina Faso, Niger et Algérie.



  Les enfants les femmes et les vieux sont les premiers à pâtirent de ce conflit dont l’ampleur va crescendo, dans une guerre où s’affrontent d’une part les rebelles du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, ndlr), et les milices des forces armées du président malien Amadou Toumani Touré.


  Tous ont fui les combats entre les rebelles touaregs et l’armée, qui agitent le nord du Mali depuis le 17 janvier dernier. Plus de 63 000 civils ont franchi les frontières du Niger, du Burkina Faso, de la Mauritanie ou de l’Algérie, Selon un rapport du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés émis le 22 Février 2012.


  Les refugiés son éparpillés entre les villes limitrophes avec 4200 personnes à Kidal,  26.000 de ceux qui fuient la province de Menaka se trouvent entre la ville et la frontière avec le Niger, 12000 autres dans le désert de Tessalit près de la frontière algérienne, et 11.000 personnes ont fui Tombouctou vers des zones proches des frontière sud de l’Azawad tandis que plus de 50 mille personnes déplacées se sont installées dans le désert qui s'étend entre Gao et Kidal.


  Leurs conditions de vie sont dramatiques, plusieurs d’entre eux se sont réfugiés sous des arbres, des bâches, des abris de fortune. Parmi eux, il y a beaucoup d’enfants en bas âge, de femmes enceintes, de personnes âgées. La plupart manquent d’eau, de nourriture de couverture et de médicaments.


  Les grandes puissances sont appelées à intervenir pour éviter une catastrophe humanitaire qui risquerait de déstabiliser la région et de faire des milliers de victimes. Il est donc urgent de secourir le peuple touareg qui souffre en silence et qui a subit les atrocités d'une guerre qui trouve son origine au morcellement des pays de la région par les colons, suite auquel les Touaregs se sont trouvés éparpillés entre les frontières de plus de quatre pays..


  Les événements qui secouent la région ne datent pas d’aujourd’hui, et ce n’est pas la première fois que les Touaregs prennent les armes. Mais à la différence des précédentes révoltes de 1990, 2006 et 2009, les rebelles affirment haut et fort leur désir d’autodétermination et revendiquent l’indépendance au nom des populations du Nord.


  Fort de leur nombre qui varie entre 2000 et 3000 éléments et dont la majorité est revenue de Libye avec armes et bagages après la chute du régime du dictateur Mouammar Kadhafi l'automne dernier, les rebelles ont réussi à  prendre le contrôle de nombreuses villes du Nord et  chasser les troupes gouvernementales qui désertent la région vers les contrées du sud.


  Selon des observateurs, les États sahéliens ont besoin de matériels, de formations et d’expertise technique, Mais dans le même temps, cette assistance doit s’accompagner d’un vrai suivi sur son usage. Il ne doit pas s’agir d’un blanc-seing.


  Blanc-seing qui a permis aux régimes corrompus et dictatoriaux de la région d’opprimer et  marginaliser les autochtones avec les moyen d’aides fournis par les grandes puissances et les ONG internationales.

  La situation risque d’empirer en raison de la présence d’AQMI (branche d’Al Qaida au Maghreb islamique), et l’expansion croissante du trafic de  drogues, d’armes et la traite des êtres humains.



Quelques repères historiques (d’après Issalan n temoust)

  En 1963, une première insurrection touarègue contre le pouvoir central de Bamako, a été sévèrement réprimée par Modibo Keita, avec l’aide de Ben Bella, qui lui livra les responsables Touaregs réfugiés en Algérie. Cette répression avait déjà fait des milliers de morts dans l’indifférence générale, y compris de la France qui venait pourtant juste de “partir” de la région.


  Les trente ans d’indépendance du Mali, jusqu’en 1990, ont été marqués par une absence de la communauté touarègue de la vie institutionnelle du pays. A tel point que les Touaregs étaient perçus par les autres Maliens comme des étrangers qui n’avaient qu’à retourner chez eux en... Algérie ou en Libye.


Juin 1990 : déclenchement de la résistance armée à Ménaka

  En juin 1990, suite à la multiplication des exactions de l'armée contre des familles rentrées d'Algérie et parquées dans les environs de Kidal, des jeunes Touaregs, craignant des massacres massifs comme au Niger voisin, prennent les armes et entrent en résistance contre le pouvoir central malien. Par cet acte ils voulaient faire valoir leur droit à la citoyenneté et à la dignité.


  Mais la répression s'est généralisée et intensifiée comme le montre l'esprit du  célèbre télégramme n° Cl 0/Cem/GA du 13-7-90 envoyé à Gao : “Rappeler protection populations civiles innocentes ne veut pas dire admettre leur complicité-par conséquent vous ordonne abattre sans pitié tout élément soupçonné de complicité et qui refuse de donner des informations-prendre dispositions pour encercler le camp de rapatriés et procéder à un contrôle rigoureux à l’intérieur du dit camp”.
  Fin Août 1990, le bilan était déjà de plus de 600 civils tués.


Janvier 1991 : les accords de Tamanghasset

  Après plusieurs mois de guerre et de massacres, l’Algérie arrive à obtenir des deux parties la signature d’un accord de paix à Tamanghasset en janvier 1991. Mais cet accord n’aura aucune suite à cause de la précipitation dans laquelle il a été signé et surtout de la mauvaise volonté des autorités maliennes qui préféraient une solution militaire du conflit. La guerre continua et les massacres de civils Touaregs redoublèrent d’intensité.


Le 20 mai 1991 : le massacre de Léré

  Le massacre qui a le plus marqué la communauté touarègue est celui de Léré  (Tombouctou). Dans la matinée du 20 mai, sur ordre du Capitaine commandant la compagnie militaire stationnée à Léré, tous les notables (Chefs traditionnels, Imams, conseillers, etc...) furent convoqués et exécutés publiquement sans aucun jugement ni même vérification de leur identité. Par la suite, l’armée a monté la garde devant tous les points d’eau, tirant systématiquement sur tout ce qui s’y présentait, hommes et animaux.


  Les familles des victimes furent retenues en otages par l’armée pendant un an.



Le 11 avril 1992 : Le Pacte National

  Le 11 avril 1992, les mouvements touaregs et le gouvernement malien signent, toujours sous la médiation algérienne, un nouvel accord : le Pacte National.


  Ce pacte prévoyait “un statut particulier” pour les trois régions du nord du Mali (Gao, Tombouctou et Kidal). Ainsi, les populations concernées, maures, touarègues, songhaïs, peules..., devaient bénéficier d'une certaine autonomie qui leur permettrait d'adapter leur développement à leurs spécificités économiques et culturelles.


  Un effort budgétaire exceptionnel de l'État devait donner au Nord les moyens  de rattraper le retard pris depuis la création du Mali en matière d'infrastructures.


  La signature de cet accord ne mettra pourtant pas fin aux exactions contre les communautés touarègue et maure.


Gossi, Foïta

  C’est ainsi que d’autres exécutions sommaires eurent lieu, notamment à Gossi  le 14 mai 1992, où 12 Touaregs travaillant pour une O.N.G. (l’Aide de l’Église Norvégienne) ont été assassinés par des militaires. Le 17 mai 1992, à Foïta (frontière mauritanienne), 48 éleveurs ont été tués près d’un puits avec leurs animaux. Ces massacres ont eu comme autres conséquences la fuite vers la Mauritanie et l’Algérie de plusieurs dizaines de milliers de personnes qui ont dû abandonner maisons, biens et troupeaux... Toutes les grandes villes du Nord ont été vidées de leurs populations touarègues et maures.


  Les réfugiés revenus au Mali, à la suite de la signature du “Pacte National”, n’ont pas tardé à repartir, effrayés par les confiscations arbitraires de leurs biens et troupeaux.


  Le 12 juillet 1992, alors que les MFUA (Mouvements et Fronts Unifiés de l’Azawad) devaient rencontrer le nouveau président Alpha Oumar Konaré, des Touaregs victimes d’agressions et de pillages ont été obligés de se réfugier dans l’ambassade d’Algérie à Bamako.


  Des brigades mixtes composées d’éléments de l’armée et de combattants des MFUA ont été créées pour maintenir l’ordre et ramener la confiance. Ces brigades ont, en fait, été utilisées beaucoup plus contre les groupes touaregs hostiles à certains aspects du Pacte que contre les militaires qui continuaient à terroriser les populations civiles.


  A ce jour aucun responsable politique ou militaire n’a été poursuivi pour son rôle dans ce génocide.


Le processus "démocratique"

  Le processus dit “démocratique”, avec les consultations électorales et l’avènement d’un nouveau régime, a ignoré la communauté touarègue. En effet, plus de cent mille personnes avaient déjà fui vers les pays voisins, les autres étaient quotidiennement terrorisées par l'armée.


  Ainsi, ce changement institutionnel ne pouvait pas avoir d'effet dans le sens de l’apaisement et de la paix.


  Les exactions n’ont jamais cessé et la réticence des autorités maliennes à appliquer le Pacte a fini par diviser la résistance touarègue, dont la grande majorité ne croit plus à la volonté politique du pouvoir central à régler ce conflit par la négociation.


Mai 1994, reprise des affrontements

  Les combats ont repris à la suite du massacre d’une trentaine de Touaregs dans la région de Ménaka le 21 avril 1994. Depuis, plus d'un millier de civils touaregs et maures ont perdu la vie dans les différentes tueries organisées par l’armée malienne et ses milices parallèles. Les perspectives d’une paix juste et durable s’éloignent de plus en plus.


  Aujourd'hui, le Mali cherche à créer une situation de confusion générale pour remettre en cause l'esprit du Pacte National en diluant les revendications touarègues dans des considérations ethniques. C'est dans cette perspective qu'on peut comprendre la création de milices comme le Ganda Koye, censé représenter les Songhaïs qui s'estimeraient lésés par le Pacte National.


  Cette milice animée par des officiers de l'armée gouvernementale et soutenue par une large partie de la classe politique n'hésite pas à appeler au nettoyage ethnique et à l'extermination pure et simple des Touaregs comme seule solution au problème du Nord.


  Les autorités gouvernementales ne cachent d'ailleurs plus leur volonté de "relire" le Pacte, c'est-à-dire de revenir sur les engagements pris, devant la communauté internationale, vis à vis de l'Azawad.


  Pour atteindre cet objectif, le Mali crée et entretient des divisions au sein de la résistance touarègue, en mettant les moyens de l'État à la disposition d'un groupe qui lui est inféodé pour détruire les autres.


La situation des réfugiés

  Ce conflit a poussé plusieurs centaines de milliers de Touaregs et Maures à fuir les massacres et se réfugier dans les pays voisins. C'est ainsi qu'on a dénombré jusqu'à 100 000 réfugiés en Mauritanie, plus de 100 000 en Algérie et environ 50 000 au Burkina-Faso. A ces chiffres, il faut ajouter des dizaines de milliers d'autres qui n'ont jamais pu se faire enregistrer parce que ne répondant par aux critères restrictifs du HCR (Haut Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés).


  Ces réfugiés se heurtent dans certains pays d'accueil au refus des autorités à leur reconnaître le statut de réfugiés, ce qui leur donnerait une protection juridique et un certain nombre de droits liés à cette reconnaissance. Ces populations sont donc pudiquement appelées "populations déplacées" expression utilisée généralement pour désigner des populations déplacées dans leur propres pays.


  Le rôle joué par l'Algérie et la France, est d'autant plus important que leur statut de médiateurs masque difficilement leur volonté d'imposer leurs propres solutions. Tout en étant le principal soutien militaire et diplomatique du Mali, la France a laissé l'Algérie occuper le premier plan dans l'organisation et la gestion des négociations qui avaient abouti à la signature du Pacte. Cette répartition des rôles permet à ces deux pays de s'entendre sur les modalités d'une solution où les deux parties prenantes officielles ont trop souvent été réduites à un rôle de figuration.


  Le silence de la communauté internationale s'explique, là aussi, par la volonté de la France et de l'Algérie à étouffer les revendications du Mouvement touareg et éviter l'internationalisation de ce conflit. C'est également cette logique qui empêche la création d'une commission d'enquête internationale pour faire la lumière sur les exactions commises contre les populations civiles.


France Culture: « Les Enjeux internationaux »

 Sahel. Après la fin de la guerre civile en Libye, les nouvelles instabilités dans la bande saharo-sahélienne
Thierry GarcinEric Laurent Le site de l’émission
Emission Les Enjeux internationauxdu lundi au vendredi de 6h45 à 6h57
Ecoutez l'émission 12 minutes

29.02.2012 – 06:45
La bande saharo-sahélienne est parcourue depuis des années par des tensions, des crises, voire des confrontations apparemment sporadiques mais en fait endémiques.

En réalité, à cause du facteur islamique, de la compétition entre Etats souvent faibles, du nomadisme, du fait que la question touarègue se situe dans des confins, de la récente guerre civile en Libye, on est bien dans la géopolitique, c’est-à-dire (pour faire vite) dans la concurrence entre politiques de puissance.

André Bourgeot est directeur de recherche émérite au CNRS
Thème(s) : InformationGéopolitique

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