lundi 19 février 2018

Sommet de Munich et sécurité au Sahel: Les rencontres se multiplient, les attaques aussi

 Le Pays B Faso-19-02-2018 
Les lampions se sont éteints hier, 18 février 2018, sur le 54è sommet de Munich qui a réuni 21 chefs d’Etat et de gouvernement autour du thème portant sur la paix et la sécurité dans le monde. Sans être officiellement à l’ordre du jour de ce sommet largement consacré aux crises au Moyen-Orient et à la relation de plus en plus équivoque entre les Etats-Unis et l’OTAN, la question du terrorisme dans le sahel s’est invitée aux débats, avec la présence remarquée des présidents  Paul Kagame du Rwanda et de l’Union africaine, et Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso.

SOMMET DE MUNICH ET SECURITE AU SAHEL : Les rencontres se multiplient, les attaques aussi

Les échanges que ces chefs d’Etat ont eus avec leurs homologues, visaient principalement à faire le point sur la gravité et la complexité des problèmes sécuritaires dans la partie sahélienne du continent, et du coup, susciter la générosité d’éventuels donateurs, notamment de l’Union européenne (UE), à l’occasion de la rencontre de Bruxelles du 23 février prochain destinée au financement des opérations de la force conjointe toujours en constitution. La multiplication des rencontres du genre commence, c’est le moins que l’on puisse dire, à agacer les populations des zones où sévissent les terroristes qui ne comprennent pas les tenants et les aboutissants de ces chassés-croisés diplomatiques à n’en pas finir, alors que l’ennemi gagne du terrain et continue allègrement à faire du rodéo entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Certes, pour engager des actions militaires de grande envergure, il faut beaucoup de moyens matériels, financiers et humains, mais a-t-on réellement besoin de multiplier les sommets et les tables-rondes pour y parvenir, au moment où certaines zones entières de cette sous-région ouest-africaine sont en passe d’échapper au contrôle des Etats ?
Pas besoin de perdre du temps dans des rencontres
Manifestement, les potentiels contributeurs ne se bousculent pas au portillon pour remplir de fric la sébile fabriquée par la France et tendue par les mendiants de service que sont les pays membres du G5 sahel. Alors, que se passerait-il si à l’issue de la rencontre de Bruxelles, les financements acquis se révèlent nettement insuffisants par rapport aux budgets concoctés par l’état-major de la force conjointe pour soutenir les opérations sur le terrain ? Peut-être se tournera-t-on vers la Chine ou la Russie pour glaner quelques « Yuan » ou quelques «Rouble », mais qui ne suffiraient certainement pas à combler les retards de plusieurs décennies de sous-équipements et de mauvaise gestion de nos armées nationales.
Tant qu’à faire, pourquoi ne pas commencer avec les moyens du bord, en mettant les armées malienne, nigérienne et burkinabè en mode « rouleau-compresseur » aux frontières des trois pays, histoire de prendre les terroristes en sandwich et de les contraindre à la capitulation ? Plus que la question financière, la victoire contre le terrorisme est tributaire des stratégies qui seront mises en place pour impliquer les populations locales sans lesquelles le combat sera vain. On ne le dira jamais assez, dans la lutte sans merci contre les forces du mal, il faudra faire beaucoup attention à cette bombe atomique à retardement qu’est le délit de faciès, dont le détonateur pourrait être une simple bavure au cours des opérations de traque ou de ratissage menées par nos Forces de défense et de sécurité (FDS). Une fois que la confiance sera entièrement établie entre les FDS et les populations  qui côtoient quotidiennement les terroristes, il n’y a pas de doute que ces derniers vont passer en colonne couvrée à la trappe, d’autant que les discours qu’ils véhiculent et les actes qu’ils commettent sont aux antipodes des besoins existentiels du plus grand nombre.
Pour nouer cette confiance entre nous-mêmes, pas besoin de perdre du temps dans des rencontres, du reste budgétivores, à Munich ou à Bruxelles. A moins que les financements tant espérés ne soient destinés, en partie, à entretenir l’embonpoint des Généraux et autres officiers d’opérette qui pullulent dans nos casernes, s’ils ne se pavanent pas dans les endroits mondains de nos villes, à la recherche des plaisirs de la vie. Pendant ce temps, les terroristes dictent leur loi dans nos villages le long des différentes frontières, en renforçant leurs effectifs avec des jeunes qui les rejoignent plus par dépit que par conviction. Et la situation est d’autant plus inquiétante qu’ils semblent étendre leurs tentacules au-delà de leurs zones d’action habituelles. Un pays comme le Burkina Faso devrait, dans sa participation aux combats en perspective dans le cadre du G5, se garder de dégarnir des régions comme celles du Nord et de la Boucle du Mouhoun qui pourraient être des zones de repli de combattants fuyant l’enfer du fameux triangle de la mort que constituent les frontières communes du Mali, du Niger et du Burkina. Tout cela fait partie des stratégies de riposte contre le terrorisme dont nous parlions et qui pourraient être efficaces, en attendant évidemment que de bons samaritains veuillent bien cracher au bassinet pour non seulement motiver les soldats, mais aussi et surtout aider à créer des emplois, accroître l’offre éducative et améliorer de manière générale les conditions de vie des populations dont la majeure partie ne demande qu’à vivre paisiblement.
Hamadou GADIAGA
En savoir plus sur http://lepays.bf/sommet-de-munich-securite-sahel-rencontres-se-multiplient-attaques/#IFIlfVHaLlIaX3mt.99

mardi 30 janvier 2018

http://www.tamoudre.org/

Au Mali, le djihadisme fleurit sur la décomposition de l’État

Lefigaro.fr/2018/01/28/01003
Cinq ans après le début de l’opération « Serval », la guerre continue de faire rage. Les militaires français et les Casques bleus endiguent la menace à défaut de la contrôler.
Les commerçants ont verrouillé la porte de fer de leurs échoppes. Le marché central, plaque […]

Mali : le malaise est profond au sein de l’armée

TV5MONDE-Mise à jour 29.01.2018 à 22:01
Désertion en cascade, manque de moyens, cible des djihadistes… Le malaise est profond au sein de l’armée malienne. Les récentes attaques terroristes ravivent les inquiétudes sur la stabilité du pays. Des maliens dénoncent le manque d’implication de l’Etat. Reportage
Le président malien Ibrahim […]

Gao : les mouvements d’autodéfense dont Ganda Izo, Ganda Lassalizo et le MAA se concertent sur la sécurité

Studio Tamani-lundi 29 janvier 2018 16:21
GAO : les mouvements d’autodéfense dont Ganda Izo, Ganda Lassalizo et le MAA ont tenu hier(28/01/2018) une réunion de concertation à Forgho, dans la commune de Sonni Ali Ber à Gao. L’objectif de cette rencontre est de prendre des dispositions sécuritaires afin de […]

Une religieuse colombienne enlevée au Mali apparaît dans une vidéo jihadiste

Maliactu-30 janvier 2018
Une religieuse colombienne enlevée il y a près d’un an au Mali apparaît dans une vidéo dans laquelle elle sollicite l’intervention du pape François, rapportent lundi l’agence mauritanienne Al-Akhbar et le centre américain de surveillance des sites jihadistes SITE.
La religieuse colombienne Gloria Cecilia Narvaez Argoti, […]

Union africaine – Ibrahim Assane Mayaki : « On peut se passer de l’aide si… »

Le Point Afrique-Par Nathalie Tissot et Vincent Dublange, à Addis-Abeba-29/01/2018 à 04:01 | Alors que le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) va devenir l’Agence de développement de l’Union africaine, son secrétaire exécutif, Ibrahim Assane Mayaki, revient sur son action. Ibrahim Assane Mayaki, secrétaire exécutif du Nepad, qui […]

L’Union africaine va organiser deux conférences sur les crises au Sahel et dans le bassin du lac Tchad

French.china.org.cn |Mis à jour le 30-01-2018
L’Union africaine (UA) organisera cette année deux conférences sur les crises qui sévissent dans la région du Sahel et dans le bassin du lac Tchad, a annoncé lundi un responsable.
Le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’Union Africaine (UA), […]

Maroc, Algérie, Mali… : Mohammed VI, Bouteflika, IBK… les grands absents du Sommet de l’UA

Afrik.com/-lundi 29 janvier 2018 / par Franck Koffi Les travaux du 30ème sommet ordinaire de l’Assemblée générale de l’Union Africaine, ont été lancés ce dimanche 28 janvier au siège de l’institution à Addis-Abeba, en présence des 55 dirigeants du continent. Des ténors étaient toutefois absents.
Alors qu’ils ont été […]

Afrique de l’Ouest : une guerre à venir (2/2)

Lecourrierdumaghrebetdelorient-Pierre Piccinin da Prata-Historian and Political Scientist – Chief Editor / Rédacteur en Chef-décembre 2017
L’incapacité des autorités maliennes à reprendre le contrôle du nord n’est pas le seul défit sécuritaire auquel fait face le pays. C’est tout le centre qui est désormais en train de basculer dans le […]

Afrique de l’Ouest : une guerre à venir (1/2)

Lecourrierdumaghrebetdelorient-Pierre Piccinin da Prata-Historian and Political Scientist – Chief Editor / Rédacteur en Chef-décembre 2017
Alors que les feux du « Printemps arabe » et le rêve du Califat s’éteignent lentement dans un Moyen-Orient qui retourne progressivement à son éternelle routine animée par le ballet des dictatures et un […]

Nouvelles de Tessalit

Ahmed AG ZOUEMAR-29 janvier 2018
Une délégation composée de 5 jeunes tous ressortissants de la région, membres de la Jeune Chambre Internationale (JCI KIDAL) séjourne à Tessalit depuis le 25 Janvier 2018 dans le cadre d’une visite de terrain.
Le choix de Tessalit n’est par fortuit malgré tous ce qui […]

Tombouctou, La perle du désert brille de nouveau

Idrissa Khalou
Le 17 janvier 2018, Tombouctou a organisé une journée ville morte pour protester contre l’insécurité et adresser ce message à Al Furqan : « assez d’insécurité ! Nous reprenons notre ville en main ! ». A Gao, Mopti, un peu partout la population se mobilise […]

Application de l’accord de paix au Mali : le temps presse

Alors que le calendrier électoral de l’année est très chargé, les violences quotidiennes perpétrées par les groupes armés continuent de déstabiliser le pays.
Pour sa première visite […]

Le Mali et l’impuissance politique de la France

Vincent Hervouet ,Europe matin,vendredi 26 janvier 2018
Au Mali, les terroristes sont à l’offensive, ils ont fait près de 40 morts en l’espace de 24 heures. Ça va mal sur le plan sécuritaire. Sur le plan politique, c’est pire. A l’aube, les terroristes ont attaqué deux postes militaires […]

Une dizaine de nuances de kaki : les opérations contre-insurrectionnelles au Sahel

Irinnews.org –Fabien Offner,Freelance journalist based in Dakar-DAKAR, 11 janvier 2018
La région n’a jamais été aussi militarisée. Voici un aperçu des acteurs militaires internationaux qu’on y retrouve.
En 2011, plusieurs États africains ont tenté de mettre en garde contre les risques probables d’une intervention militaire internationale visant […]

Attaque meurtrière contre un camp militaire à Ménaka

RFI Publié le 28-01-2018 à 23:59
Au Mali, les attaques se succèdent ces derniers jours. 14 militaires maliens ont été tués samedi 27 janvier à Niafunké, dans le centre du pays, et 16 civils sont morts jeudi dans le village de Boni, où leur véhicule a sauté sur […]

Nouvelle attaque contre le camp militaire de Soumpi, (région de Tombouctou) dans le nord du pays, au moins 14 morts

RFI Publié le 27-01-2018 à 14:09
Au Mali, une nouvelle attaque a eu lieu, ce samedi 27 janvier, dans le nord du pays, contre l’armée malienne. Le camp de l’armée de Soumpi, localité située dans la région de Tombouctou, a été attaqué par de présumés jihadistes faisant au […]

Le CICR alerte sur la crise au Sahel et dialogue avec le G5

Swissinfo.ch/26 janvier 2018 17:02
Le CICR coordonne mieux son action au Sahel face aux besoins humanitaires grandissants. En visite au Mali, sa vice-présidente Christine Beerli a rencontré le commandant de la nouvelle force du G5 pour aborder la protection des civils et l’accès à des détenus.
En 2018, « […]

Niger:15 et 20 ans de prison ferme pour « complot contre la sûreté de l’Etat »

slateafrique.com-mis à jour le 26/01/2018 à 16:16
Le ministère public a requis vendredi de 15 et 20 ans de prison ferme contre neuf militaires et un civil accusés d’un « complot contre la sûreté de l’Etat » visant à renverser le régime nigérien en 2015, lors d’un procès devant […]

Imarhan signent un tube génial de disco-rock touareg

Lesinrocks-Carole Boinet-24/01/18 16h55
Après le phénomène Tinariwen, c’est au tour des rockeurs touaregs d’Imarhan de faire vriller les têtes. Preuve en est leur nouveau single, Ehad Wa Dagh, où se mêlent diso, funk, rock et musique traditionnelle touareg.

Un bel avant-goût de leur deuxième album, Temet, attendu […]

Les Filles de Illighadad : l’autre blues du désert

Le Point Afrique-Hassina Mechaï Entre tradition et modernité, ce trio de jeunes femmes du Niger réussit un cocktail sonore fortement révélateur de l’âme touarègue.
Touarègues du Niger, Les Filles d’Illighadad font honneur dans leur musique à l’instrument traditionnel, le tendé. Celui-ci est constitué d’une peau de chèvre tendue, […]

14e Festival sur le Niger: 73 groupes et artistes en croisade sur les rives du mythique fleuve

Fratmat.info/24 janvier 2018 17:15
Autour du thème de « Ségou, ville d’architecture », du 1er au 4 février 2018 à Ségou (centre du Mali), la grand-messe des arts sera une occasion pour l’Afrique et ses diasporas de magnifier la paix.
Officiellement lancée le 23 décembre 2017 à la […]

mercredi 17 janvier 2018

Imzad, de Farida Sellal : hymne à la poésie chantée touarègue

elmoudjahid.com-17-01-2018
Qui apprécie le travail de Farida Sellal et croit la connaître à travers ses écrits doit se procurer l’ouvrage intitulé «Imzad». Engagé certes, mais lucide, perspicace et surtout pénétrant, cet ouvrage — autant que «Nomade» qui, lui, est plus récent —, situe parfaitement le parcours de l’auteure en la replaçant rigoureusement dans une chronologie aussi précise qu’éclairante.
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    Qui apprécie le travail de Farida Sellal et croit la connaître à travers ses écrits doit se procurer l’ouvrage intitulé «Imzad». Engagé certes, mais lucide, perspicace et surtout pénétrant, cet ouvrage — autant que «Nomade»  qui, lui, est plus récent —, situe parfaitement le parcours de l’auteure en la replaçant rigoureusement dans une chronologie aussi précise qu’éclairante.
Après deux préfaces développées dans lesquelles est définie sa progression constante, insatiable dans la conquête de son environnement ethnomusicologique, Farida Sellal, dans l’avant-propos à son ouvrage, s’explique, fort bien du reste, à travers le passage ci-après : «j’ai choisi d’aborder l’histoire et le vécu de l’imzad (…) pour tenter, à ma manière, d’illustrer l’idée selon laquelle le souvenir est l’unique moyen de freiner le temps sans pour autant prétendre l’arrêter». L’auteure d’Imzad ponctue le contenu de l’ouvrage par une sorte de postface ainsi qu’une annexe où elle présente quelques fameux poèmes d’imzad chantés, recueillis et traduits en français par elle-même.
Pour en revenir au contenu de l’ouvrage, celui-ci s’ouvre avec les deux préfaces mentionnées plus haut, à savoir celle de Pierre Augier, ancien directeur du département de musicologie africaine, Institut National des Arts d’Abidjan, et celle du professeur Slimane Hachi, directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques d’Alger. Les deux éminents scientifiques ont suivi de près le parcours professionnel de l’auteure. Tous deux, proches de Farida Sellal, racontent avec simplicité et tendresse le travail considérable effectué par la présidente de l’association «Sauver l’imzad». D’abord, ce passage très éloquent tiré de la préface de Pierre Augier : «(…) Dans la notice du CD «Musiques des Touaregs Kel Ahaggar», publié en 2009 par l’association Sauver l’imzad, Farida Sellal a raconté comment, à l’occasion d’une visite à la violoniste Alamine Khoulen, l’idée lui est venue de fonder l’association et de créer l’école d’imzad ; «…avec Seddik Khatalli, je vais chez Alamine Khoulen que je retrouve dans un état de dénuement total. Sans réfléchir, je lui pose la question : «Si nous créons une école d’imzad, voudras-tu apprendre aux jeunes filles à jouer de l’imzad ? ». Un grand sourire illumina son visage et elle me répondit: «bien sùr que j’apprendrai à tout le monde. L’imzad, c’est ma vie, et mon désir le plus cher est de le transmettre aux générations futures. Mais qui voudra apprendre à jouer de l’imzad ?». Farida Sellal exposa néanmoins son projet au chef spirituel des Touaregs du Sahara central, «l’aménokal» Hadj Moussa Akhamok, qui l’approuva, accepta d’être président d’honneur de l’association. Malheureusement, Hadj Moussa Akhamok décéda quelques mois plus tard             (…) ».
«C’est autour de l’imzad que les plus belles poésies sont chantées» (Pierre Augier)
Ensuite, cet autre passage ci-après tout aussi éloquent de Slimane Hachi, qui a fait inscrire l’imzad en 2013 par l’Unesco sur «la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité» : «(…) Malgré tout, ces pasteurs d’il y a quatre mille ans (…) musiquaient déjà, ils faisaient résonner des lithophones taillés dans du granite et fabriquaient des instruments à corde comme on peut en admirer au Tassili ou sur les roches de «Tan n Kebran» même. C’est dans ce monde de ravissement que nous emmène l’ouvrage de Farida Sellal. Avec des explications édifiantes, des rappels historiques appropriés, des démonstrations soutenues, d’excellentes traductions de poèmes d’imzad et des photographies d’art dont elle est l’auteure, elle nous fait découvrir —ou redécouvrir— ce Sahara envoûtant, ce pays en couches de mémoire nues, vives, offertes, logées au cœur de la permanence de ses femmes, de ses hommes et de son imzad qui ne cesse de chanter, de parler et de donner la parole (…). Ce livre, bien construit, fluide, documenté est une leçon sur la société touarègue  à travers un instrument de musique qui, bien plus qu’une vielle qui résonne, est un emblème qui signifie».
Tout aussi touchants, s’ensuivent l’avant-propos ainsi que le texte à caractère poétique du contenu de l’ouvrage, écrits par l’auteure elle-mème ; et qui laissent transparaitre sa combativité par rapport à l’indifférence d’autrui —quelques uns de ses pairs entre autres­— ainsi que ses tentatives d’informer ces derniers sur son travail. Celles-ci (les tentatives) restent malheureusement muettes sur ses réflexions en tant que présidente de l’association «Sauver l’imzad» ; ce qui, toutefois, ne gàche en rien la qualité globale de l’ouvrage précité.
«Ce livre, ce beau livre est à l’Imzad un véritable Imzad» (Slimane Hachi)
Pour cause, les traces des travaux de Farida Sellal sont, entre autres, de superbes photographies prises sur les lieux : Djanet, Tamanrasset, etc. Pratiquement toute l’étendue des territoires de l’Ahaggar et du Tassili n’Ajjer a été prise en compte, sur plusieurs années, ce qui est fort louable. Hormis l’instrument lui-mème, qui déjà est une œuvre d’art traditionnel en soi, ces photographies sont, elles aussi, les seules œuvres durables. Il faut dire que les images, du reste fort élégantes, guident des thématiques très féminines qui deviennent forcément, dans cette fin de décennie 2010 et aussi veille de décennie 2020, illustrations mythiques ou hommages. Et des images au texte, analyse, descriptions et commentaires par l’auteure, bref, au-delà de la découverte d’une œuvre -d’art traditionnel- monumentale proprement dite, le tout a été fait dans la permanence de l’humain. Autrement dit, en y réfléchissant bien, c’est à se demander si l’imzad en tant qu’instrument ne supporte pas, au même titre que toute autre œuvre d’art traditionnel, son inscription dans un Panthéon idoine. En tout cas, son insertion dans un beau livre d’art est déjà une belle initiative en soi dès lors qu’elle y trouve un moyen de diffusion tout à fait convenable. Le tout relevant d’une édition à un prix relativement abordable, en l’occurrence Casbah-Editions ; et cela, quand bien même l’ouvrage contient une profusion d’images d’une excellente résolution. Basé sur le principe d’une page par image, souvent de deux pleines pages par image, lesquelles sont accompagnée dans la plupart des cas d’un texte explicatif en vis-à-vis, le déroulement d’«Imzad» n’est entrecoupé d’aucune tète de chapitre ; ce qui n’empèche pas de deviner, au cours de sa lecture, les quelques grandes étapes de l’élaboration du regard.
Pour tout dire, cet ouvrage impressionnant et fort bien réalisé compte assurément plus de photos que de pages écrites —255 sur 336 pages au total— photos qui sont autant témoins d’expressions artistiques. Ce qui est tout à l’honneur de l’auteure et de l’éditeur qui ont signé là, il faut en convenir, un très beau livre d’art.
Kamel Bouslama, http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/119011
«Imzad», de Farida Sellal ;
Casbah-Editions, Alger 2016, 336 pages

Les Touaregs au centre du musée des Confluences à Lyon

Les Touaregs se trouvent au cœur d’une grande exposition au musée des Confluences, à Lyon, dans le centre-est de la France. L’exposition s’intéresse aussi bien à l’histoire, du XIXe siècle à nos jours, qu’à l’artisanat, au rock et à la mode. Une plongée dans la culture d’un peuple nomade réparti entre le Mali, le Niger, le Burkina Faso, l’Algérie et la Libye.
mediaTinariwen. (Les membres du groupe Tinariwen, dont certains sont d’anciens rebelles armés, sont à l’origine du renouvellement de la musique touarègue et de l’action politique.) Marie Planeille
Peintures, photos, vidéos, le musée des Confluences s’attache d’abord à déconstruire les mythes d’hier et d’aujourd’hui : de l’homme bleu, si chevaleresque et si cher à la France coloniale, aux clichés d’aujourd’hui sur le Touareg rebelle trafiquant d’armes et autres aux confins du Mali, du Niger et de l’Algérie…
L’exposition montre ensuite les points communs qui irriguent l’art touareg, des cuirs aux bijoux. Le plus important, c’est la recherche d’une grande sobriété. « Ce sont des bijoux qui sont majoritairement en argent, donc quelque chose brillant, mais pas trop ostentatoire finalement, avec des formes assez géométriques, mais surtout simples et épurées, raconte Marie Perrier, chargée des collections d’Afrique et d’Océanie. Il y a vraiment un idéal de noblesse, de pudeur, de sobriété, de retenu. »
Visiteurs dans l’exposition « Touaregs » au musée des Confluences. Bertrand Stofleth / Musée des Confluences
La lutte des mots et des images
Depuis les années 1980, c’est surtout la musique, un rock psychédélique, qui fait connaître l’identité touarègue, explique Cécilia Duclos, chargée des expositions du musée des Confluences. « C’est vraiment un phénomène qui a permis un renouveau de la résistance touarègue, de la rébellion, et qui diffuse les revendications d’une manière pacifiste, puisqu’on a posé les armes, mais on a voulu radicaliser la lutte avec les mots et les images. »
Bombino, Tinariwen, Tamikrest, Kel Assouf : les guitares électriques des Touaregs résonnent du Sahara jusque sur les plus grandes scènes du monde.
► Ecoutez le Rendez-vous Culture du 16 janvier, dédié à l’exposition Touaregs
► Touaregs, exposition au musée des Confluences de Lyon, en partenariat avec RFI, jusqu’au 4 novembre.

Comment faire du Sahara une vraie Californie

L’Expression- 
L'agriculture au Sud, le nouvel eldorado algérienL’agriculture au Sud, le nouvel eldorado algérien
Les surfaces irriguées dans le Sud ont connu ces dernières années un bond spectaculaire. La superficie était de 180.000 ha en 2000, elle est passée à 360.000 ha actuellement.
Ces dernières années, le Sud algérien ce n’est pas que le pétrole et le tourisme. C’est aussi l’agriculture! La wilaya d’El Oued, en particulier, est même devenue le véritable eldorado national avec une production agricole de qualité couvrant une grande partie des besoins du pays. Mais voilà, cette «frénésie» agricole est freinée par le problème du drainage agricole. «C’est un grave obstacle qui impacte négativement les récoltes, notamment en ce qui concerne leur rendement», a souligné, hier à El Oued, le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib.
C’est dans ce sens que son séminaire régional sur «le drainage et son impact sur la production agricole dans les régions sahariennes» a été organisé par son département, hier à El Oued.
Le ministre qui a donné le coup d’envoi de ce séminaire a tenu à mettre en évidence le fait que cette problématique a touché toutes les wilayas du pays, à l’instar de Béchar, Ghardaïa, Biskra et Tamanrasset. «Néanmoins, El Oued et Ouargla sont les plus touchées», a-t-il souligné lors de son allocution d’ouverture. Les terres agricoles sont endommagées.
«Ce problème de drainage endommage les terres agricoles avec la salinisation des sols, notamment ceux des oasis où une grande quantité de palmiers a été endommagée», a soutenu le ministre avant d’évoquer les raisons de ces problèmes de drainage. «C’est le résultat de beaucoup de paramètres tels que l’utilisation des eaux de façon traditionnelle et abusive.
La qualité des ces eaux chargées de sel, le problème de remontée des eaux et le manque d’entretien des réseaux d’assainissement de ces eaux», a-t-il indiqué. Hocine Necib sensibilise dans ce sens l’assistance, composée d’experts locaux, des membres de la société civile et des agriculteurs. «Le but du drainage est la protection des terres affectées par la remontée des eaux salées, la maîtrise du niveau de la nappe phréatique sous irrigation et la lutte conte la salinité en été», a-t-il expliqué. Necib insiste: «Tout dysfonctionnement dans le réseau de drainage va donc impacter négativement l’activité agricole.» Pour lui donc cette rencontre qui a lieu dans un endroit aussi symbolique que cette wilaya est de mettre en place un plan global pour la prise en charge du drainage agricole et relativiser son impact sur les récoltes.
«On vise à lancer une dynamique qui permettra d’appliquer sur le terrain les propositions qui sortiront de cette importante rencontre», assure le ministre. Necib rappelle que l’Etat donne une grande importance à l’agriculture dans le Sud et les Hauts-Plateaux. Car, selon lui, c’est par ces régions que l’Algérie arrivera à assurer sa sécurité alimentaire. «Les surfaces irriguées dans le Sud ont connu ces dernières années un bond spectaculaire. On avait 180.000 ha en 2000, on est à 360.000 ha actuellement.
El Oued s’offre la part du lion avec 106.000 ha (29%)», a mis en évidence le ministre qui tient à conclure par une note positive; «C’est cela le développement équitable entre toutes les régions du pays, comme le souhaite le chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika…».
http://www.lexpressiondz.com/actualite/284080-comment-faire-du-sahara-une-vraie-californie.html

Les accords de paix au Mali : deux ans et demi… pour (presque) rien

Le courrier du Maghreb et de l’Orient
Le conflit en ricochet de l’effondrement du régime du Colonel Kadhafi survenu en 2012 et qui oppose les rebelles touaregs à Bamako est incontestablement la pire des crises que le Mali a connu. Il a déjà fait des milliers de victimes et des flots de déplacés qui attendent dans les pays voisins, principalement en Mauritanie, au Burkina, en Algérie et au Niger, que quelque chose se passe qui leur permette de rentrer dans chez eux, là où la vie quotidienne normale n’a pas repris et où les écoles et les centres de santé, exemples symptomatiques de la situation, demeurent pour la plupart fermés à ce jour.Mali – Les accords de paix : deux ans et demi… pour (presque) rien
Déstabilisation permanente par divers groupes armés et absence d’autorités  gouvernementales disposées à aider les populations locales… Le nord du Mali est un paradis criminel : terrorisme djihadiste, narcotrafic, trafic d’armes, business de l’enlèvement, assassinats entre factions et brigandage de tout poil… Autant de maux devenus endémiques s’y sont durablement répandus, sous les regards probablement vigilants mais surtout impuissants de l’opération française Barkhane et de la Minusma (la force onusienne déployée au Mali) qui, elles-mêmes, sont fréquemment ciblées par des attaques d’origines diverses.
Le 25 juin 2015, un accord dont le but était de promouvoir un processus de pacification et de sécurisation du nord du Mali, supervisé par la communauté internationale, fut signé entre le gouvernement du Mali et la Coalition des Mouvements armés et la Plateforme (deux organisations qui regroupent la majeure partie des mouvements armés du nord du Mali, à l’exclusion des groupes islamistes), mettant ainsi officiellement fin aux affrontements entre les parties signataires. Très vite, cependant, les affrontements reprenaient entre deux de ces mouvements armés, la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad, qui subsiste principalement à Kidal) et le Groupement d’Autodéfense touareg Imghad et Alliés (le GATIA, principalement basé à Gao). De ce fait, il aura fallu un an pour seulement entamer la première étape de la mise en œuvre de l’accord, à savoir l’installation des autorités intérimaires désignées par Bamako pour réinstaller l’État dans le nord du Mali.
Au même moment, le groupe islamiste Ansar ed-Dine de Iyad Ag Aghali et Al-Qaïda (AQMI) multiplient les attaques et attentats dans le nord comme dans le sud, y compris dans la capitale Bamako, tandis que le Front de Libération du Macina, un mouvement à la fois islamiste mais aussi ethnique peul et désormais allié d’Ansar ed-Dine (le FLM a ainsi pris le nom d’Ansar ed-Dine Macina) terrorise les populations et attaquent les forces armées maliennes dans le centre, principalement dans la région de Mopti.
Autant dire que la seconde étape des accords de paix, la plus importante, à savoir le processus de désarmement des factions, de démobilisation des combattants et de réinsertion des individus concernés dans la vie civile (DDR) est dans l’impasse, et notamment parce que, indépendamment du chaos résultant de l’action des groupes djihadistes, la CMA et le GATIA ne se font pas mutuellement confiance, comme en témoignent les affrontements répétés qui les opposent à Kidal et Gao, et ce même après la tentative d’entente et l’accord de cessez-le-feu pourtant signé à Niamey (Niger) en juillet 2016.
En septembre 2017, ils ont signé un nouvel accord de non-agression… Mais combien de temps l’accalmie durera-t-elle ?
Le pouvoir en place à Bamako semble quant à lui mobilisé par d’autres préoccupations, essentiellement électoralistes (à l’approche des présidentielles). Il est certes empêtré dans cette situation catastrophique ; mais il ne se donne nullement les moyens d’une politique déterminée à résoudre le conflit inter-nordiste et la dérive insécuritaire qui s’étend à la faveur de la montée en puissance des mouvements djihadistes. Les diverses décisions prises, la création d’un ministère de la Réconciliation nationale (aujourd’hui transformé en une simple commission) et de la Commission Vérité et Réconciliation, en plus du programme du retour volontaire des réfugiés, apparaissent tels des slogans ronflants mais vides de contenu. Plusieurs acteurs, au sein des commissions, tentent tant bien que mal de jouer leur rôle ; mais la réalité du terrain échappent à leurs palabres et, concernant les réfugiés qui croupissent dans des camps à l’étranger, aucune perspective de retour n’est encore à l’ordre du jour, puisque ces derniers, bien conscients de l’insécurité qui se renforce dans les zones qu’ils ont quittées et craignant pour leur vie, refusent de regagner leurs villages, même si l’envie de retrouver leurs terres ne manque pas.
Entre les nombreuses manifestations qui secouent la société civile, celles de l’opposition et des jeunes de plus en plus actifs, contre l’insécurité, la mauvaise gouvernance, le chômage et la cherté de la vie qui devient un problème pressant, au quotidien, pour une frange de plus en plus large de la population malienne, et ce en plus du cas Sanogo (capitaine de l’armée malienne qui, en mars 2012, avait renversé le gouvernement incapable de faire face à l’avancée djihadiste dans le nord du Mali), dont la question du procès reste une énigme, et face au bloc qui s’est récemment formé contre la révision constitutionnelle voulue par le pouvoir et qui a donné naissance à une nouvelle force citoyenne de taille avec laquelle il faudra désormais compter, le président IBK (Ibrahim Boubacar Keïta) semble avoir perdu le contact avec les Maliens ; du moins n’a-t-il plus la confiance d’une très large partie de la population, une perte de popularité qu’il essaie de retrouver à quelques mois des élections  présidentielles par des gesticulations de dernières minutes, mais qui brouille soudainement l’image de l’avenir politique du Mali.
À Bamako, on l’accuse notamment et de plus en plus ouvertement d’être une marionnette dans les mains de la France ; et la France elle-même (ainsi que la Minusma) est mise en cause, désignée comme l’un des acteurs responsables de la lenteur avec laquelle le processus de paix est mis en œuvre : les forces françaises sont accusées d’impartialité dans cette crise et d’autres voix vont plus loin, affirmant que la France a profité de cette crise qu’elle aurait même commanditée pour promouvoir des intérêts stratégiques et géopolitiques afin d’avoir une mainmise sur d’éventuelles richesses du sous-sol dans le nord du Mali. Et de rappeler la petite phrase de François Mitterand : « La France n’a pas d’amis ; la France a des intérêts. » Un ressentiment grandissant depuis la visite inopportune du président français Emmanuel Macron, en juillet 2017 ; le 3 août, plusieurs manifestations des jeunes de Bamako ont exprimé ce sentiment, lesquelles se sont succédées devant l’ambassade de France. La question, ainsi, n’est pas tant de connaître la réalité des intentions françaises au Mali, mais de comprendre que, quoi qu’il en soit, une partie de la population, à tort ou à raison de plus en plus hostile à Paris, pourrait à l’avenir jouer un rôle dans le paysage politique du pays.
Les accords de paix ont été signés et les autorités intérimaires ont finalement été installées, certes : sur le papier, le processus de paix progresse ; la réalité est toute différente, l’insécurité et la pauvreté s’étendent et le désordre et la colère sociale augmentent.
Fin 2017, le constat global est amer ; et aucun facteur de stabilisation n’est à envisager pour l’instant.
SourceLe courrier du Maghreb et de l’Orient, https://lecourrierdumaghrebetdelorient.info/mali/mali-les-accords-de-paix-deux-ans-et-demi-pour-presque-rien/