mardi 29 mai 2012


FRANCE / AFRIQUE - 
Article publié le : mardi 29 mai 2012 - Dernière modification le : mardi 29 mai 2012

France/Afrique : la crise malienne au cœur de la rencontre entre François Hollande et Boni Yayi

RFI
Thomas Boni Yayi, le chef d'Etat béninois et président de l'UA et le président français François Hollande, à l'Elysée, le mardi 29 mai 2012.
Thomas Boni Yayi, le chef d'Etat béninois et président de l'UA et le président français François Hollande, à l'Elysée, le mardi 29 mai 2012.
REUTERS/Philippe Wojazer

Par Ursula Soares
Le président français, François Hollande, a reçu ce mardi 29 mai, Thomas Boni Yayi, chef d’Etat béninois et actuel président de l’Union africaine. Les deux hommes ont largement évoqué la situation au Mali. François Hollande a apporté son soutien à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l’Ouest (Cédéao) et à l’Union africaine et a demandé aux Africains de saisir directement le Conseil de sécurité des Nations unies pour régler la crise dans le nord du pays.

C’est la première fois, en tant que président de la République, que François Hollande s’exprime sur les grandes questions africaines et Thomas Boni Yayi est le premier chef d’Etat africain reçu au palais de l’Elysée depuis l’élection de son homologue français. François Hollande précise que « c’est un double symbole ».

François Hollande
Président de la République française
C’est un symbole de la considération que je porte à l’Union africaine...
 
29/05/2012

Les deux hommes se sont entretenus, en privé, pendant 1h10. Après ce tête-à-tête, au cours d’une conférence de presse conjointe, le président français a rappelé les trois grands principes qui guideront sa relation avec l’Afrique : la bonne gouvernance, le développement économique et le principe de stabilité et de sécurité. Sur ce dernier point, la crise malienne a été particulièrement évoquée.

Crise malienne
 
Les deux présidents ont exprimé leur inquiétude sur la situation au Mali dont la partie nord est aux mains de groupes touaregs et islamistes proches d’al-Qaïda. L’instabilité qui règne dans la région et ses répercussions dans les pays voisins « concernent, en réalité, le monde entier », a estimé le président Boni Yayi. De son côté, François Hollande a demandé à la Cédéao et à l’Union africaine de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU afin que celui-ci puisse « désigner un cadre qui permette au Mali et plus largement à la zone Sahel de renouer avec la stabilité ». Le président français a également demandé un retour à l’ordre constitutionnel à Bamako.

Interrogé sur une éventuelle intervention militaire française au Mali pour rétablir l’intégrité territoriale, François Hollande a répondu que « c’est dans le cadre d’une décision du Conseil de sécurité que la France aura à envisager une participation, mais qui sera demandée ». Le président français a tenu ainsi à expliquer qu’il n’y aura pas d’ingérence de la France dans les affaires maliennes.
François Hollande
Président de la République française
Je rappelle que nous avons des otages qui sont détenus, aussi, là-bas...
 
29/05/2012

De son côté, le président béninois est reparti du palais de l’Elysée, soulagé et satisfait de l’écoute attentive du président français.
Thomas Boni Yayi
Président du Bénin et président en exercice de l’Union africaine
Ce qui se passe au Mali, en réalité, concerne le monde entier...
 
29/05/2012

TAGS: BÉNIN - CÉDÉAO - FRANCE - FRANÇOIS HOLLANDE - MALI - UNION AFRICAINE - YAYI BONI
FICHE PAYS :

Hollande définit les principes de sa diplomatie africaine

PARIS (AFP) - 29.05.2012 17:29 - Par Philippe ALFROY

Deux semaines après son entrée en fonction, François Hollande a détaillé mardi, à la faveur d'une visite du président béninois Thomas Boni Yayi, les grands principes du nouveau partenariat "équilibré" qu'il veut instaurer avec le continent africain.
voir le zoom : Le président français François Hollande et son homologue béninois Thomas Boni Yayi, le 29 mai 2012 à l'Elysée, à Paris.Le président français François Hollande et son homologue béninois Thomas Boni Yayi, le 29 mai 2012 à l'Elysée, à Paris.
AFP - Fred Dufour
Deux semaines après son entrée en fonction, François Hollande a détaillé mardi, à la faveur d'une visite du président béninois Thomas Boni Yayi, les grands principes du nouveau partenariat "équilibré" qu'il veut instaurer avec le continent africain.
Même si le mot de "rupture" est surtout associé à son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, le nouveau président l'a largement repris pendant sa campagne. En matière de relations avec l'Afrique, il veut rompre avec les pratiques contestées de diplomatie parallèle de la "Françafrique", qui ont empoisonné les liens entre Paris et ses ex-colonies depuis les années 60.
La première étape de ce changement annoncé s'est traduite dans les mots lors de la formation du premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Le ministère délégué à la Coopération y a été abandonné au profit d'un ministère délégué au Développement, attribué au député européen écologiste Pascal Canfin.
François Hollande y a ajouté un deuxième signe mardi en faisant du chef de l'Etat béninois et patron en exercice de l'Union africaine (UA), Thomas Boni Yayi, son premier invité africain sous les ors de l'Elysée.
"C'est un double symbole", a commenté le nouveau président français devant son hôte, "d'abord de reconnaissance de ce qu'est la démocratie béninoise, qui est exemplaire dans le continent, et un symbole également de la considération que je porte à l'Union africaine".
Il y a cinq ans, Nicolas Sarkozy avait, lui aussi, affiché sa volonté de tordre le cou aux réseaux et aux pratiques "du passé". Mais, malgré la renégociation de accords de défense qui ont souvent servi à justifier le rôle de "gendarme de l'Afrique" de la France, son action a été brouillée par sa proximité avec certains dirigeants, ceux du Gabon notamment, ou le rôle mystérieux de certains intermédiaires comme l'avocat Robert Bourgi.
Désireux, à son tour, de tirer un trait définitif sur certaines de ces "pratiques", M. Hollande a donc détaillé mardi les "principes" qui, a-t-il promis, régiront dorénavant les liens de la France avec l'Afrique.
"D'abord le principe de bonne gouvernance, c'est-à-dire du développement de la démocratie partout en Afrique", a-t-il dit. Puis la mise en place d'un "pacte de croissance et de développement" pour le continent africain et sa "reconnaissance" dans des instances comme le G20, a-t-il ajouté.
François Hollande a enfin rappelé son attachement à la "stabilité" et à la "sécurité" de l'Afrique. Mais en se gardant de toute ingérence. Evoquant la situation préoccupante du Mali, coupé en deux par l'action de groupes islamistes et touaregs, il a soumis toute action française à un mandat des Nations unies. Comme l'avait fait M. Sarkozy en Côte d'Ivoire en 2011.
"Nous ne ne voulons pas rentrer dans un principe d'ingérence", a résumé le président. La France "n'a pas vocation à intervenir directement" en Afrique, a insisté le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, dans un entretien au quotidien Le Monde.
Thomas Boni Yayi s'est déclaré "extrêmement satisfait" de la ligne fixée par son hôte et de sa volonté de ne plus "donner de leçons" aux Africains. "L'Afrique est décidée à se prendre en main", lui a-t-il assuré.
Interrogé par la presse, François Hollande s'est gardé de préciser si ses trois "principes", notamment celui de démocratie, étaient susceptibles d'affecter les relations de la France avec certains pays comme le Gabon, le Congo ou la Guinée équatoriale, dont les dirigeants sont mis en cause dans des procédures judiciaires françaises visant leur patrimoine.
"J'ai dit les principes qui devaient être les nôtres et je les rappellerai autant que nécessaire", s'est-il contenté d'indiquer.
© 2012 AFP
France 24: négociations gelés entre le MNLA et Ansar Eddine.

Mali : un Etat Al-Qaïda dans l'Etat

Par Europe1.fr avec Xavier Yvon
Publié le 29 mai 2012 à 06h43Mis à jour le 29 mai 2012 à 11h23
     
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La ville de Tombouctou est soumise à l'application de la loi islamique.
La ville de Tombouctou est soumise à l'application de la loi islamique. © Maxppp
Les islamistes, qui occupent plusieurs villes du Nord, appliquent déjà la charia.
Après s'être emparé de trois régions au mois d'avril dernier, les rebelles touaregs du MNLA ont proclamé l'indépendance de l'Azawad, cette région désertique du nord du Mali grande comme la France et la Belgique réunies. Depuis qu'ils occupent ces villes, les islamistes s'efforcent de faire appliquer la charia, ce qui a déclenché un certain nombre de protestations de la part d'habitants accoutumés à une lecture plus modérée de l'islam. Europe1.fr fait le point sur la situation.
La fusion des mouvements... La rébellion touareg, issue de MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) et le mouvement islamiste Ansar Dine, deux des groupes qui contrôlent le nord du Mali depuis près de deux mois, ont annoncé samedi leur fusion et proclamé un "Etat islamique" dans la région. Le MNLA, Mouvement national de libération de l'Azawad avait lancé mi-janvier l'offensive contre l'armée malienne dans le but de donner son indépendance à la région. Ansar Dine, "Défenseur de l'islam" en arabe, s'était joint aux combats quelques semaines plus tard. Cette organisation, dirigée par l'ex-chef rebelle touareg Iyad Ag Ghaly, a ensuite été appuyée sur le terrain par les jihadistes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Progressivement, Ansar Dine et Aqmi sont devenus dominants - aux dépens du MNLA - dans le Nord, tombé entièrement aux mains des groupes armés.
…bloquée par des dissensions. Mais des désaccords de fond persistaient encore lundi entre les deux mouvements, notamment sur l'application de la loi islamique. "Nous avons refusé d'approuver le communiqué final, parce qu'il est différent du protocole d'accord que nous avons signé (samedi). Toute la journée d'aujourd'hui, nous avons discuté, mais il n'y a pas eu d'entente", a déclaré Ibrahim Assaley, élu du Nord malien et membre du MNLA, la rébellion touareg. "Dans le communiqué écrit par Ansar Dine, on parle d'application de la charia (loi islamique) pure et dure, on parle aussi d'interdire le Nord aux organisations humanitaires non-musulmanes : ce n'était pas précisé dans le protocole d'accord", a-t-il poursuivi.
En effet, Ansar Dine prône l'instauration de la charia dans tout le Mali, tandis que le MNLA, sécessionniste, s'affichait jusque-là laïc. La rébellion touareg a progressivement été marginalisée par les groupes islamistes. Le chef d'Aqmi, Abdelmalek Droukdel dit Abou Moussaab Abdelouadoud, a conseillé à ses combattants du nord du Mali d'imposer "graduellement" la charia pour réussir la création d'un Etat islamique dans la région.
Des groupes se rapprochent de l'alliance rebelle... Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest (Mujao), présenté comme dissident d'Aqmi et qui comme lui commet des rapts dans la zone, est venu finalement également participé à cette réunion lundi. Le Mujao, dont le chef était présent à Tombouctou, "garde son autonomie, mais n'a plus désormais de différends avec les autres jihadistes. Ils ont la même ambition de faire le jihad mais ils se partagent le terrain", a affirmé une source proche de la rencontre. Selon des sources concordantes, l'Algérien Nabil Makloufi, qui coordonne les actions d'Aqmi dans les "katiba" (cellules combattantes) du Sahel, Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar, deux autres chefs d'Aqmi, ont participé aux discussions.
... tandis qu'un mouvement contre les islamistes se crée. Un nouveau groupe armé a annoncé sa création dans le nord du Mali. "Suite aux événements malheureux que vit le Mali depuis quelques mois, un groupe de jeunes Maliens a décidé de créer le Front de libération du Nord-Mali", indique le texte à en-tête du "FLNM". Selon des recoupements, ce nouveau groupe ne compte pour l'instant qu'une centaine d'éléments. "L'objectif principal de ce regroupement est de mettre un terme à l'occupation du Nord-Mali mais aussi et surtout de combattre les groupes islamistes qui veulent instituer la charia dans cette partie du Mali", poursuit ce mouvement, revendiquant deux opérations récentes contre des mouvements islamistes, non confirmées de source indépendante. Ce "front" dit s'organiser "progressivement", sans donner plus de détails.
La situation sur le terrain. Ces islamistes ont commencé à transformerles villes qu'ils occupent depuis deux mois. C'est le cas par exemple à Tombouctou. Dans les rues, tous les panneaux de signalisation ont été remplacés. Ils sont désormais rédigés en arabe. Les seules voitures qui circulent sont celles des hommes en armes. "Ils disent aux femmes de se voiler. Les hommes et les femmes ne doivent pas monter dans le même véhicule. Ils disent qu'ils sont de la police islamique. On n'a plus le droit de fumer. Plus personne ne fume à Tombouctou. Tout le monde est inquiet. On ne sait pas qui est qui et qui fait quoi", affirme Bruno sur Europe 1, un habitant qui a demandé, par sécurité, à sa mère de quitter la ville. Cette présence des islamistes continuent d'attiser les tensions auprès de la population. Plusieurs centaines de personnes sont ainsi descendues dans les rues de Gao, ce mois-ci, pour contester l'interdiction de jouer au football ou aux jeux vidéo. Des combattants d'Ansar Dine avaient alors tiré en l'air pour disperser la foule.
Les réactions. La Communauté économique d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui regroupe quinze Etats, a dénoncé lundi "la tentative de création" d’un Etat islamique dans le nord du Mali, rejetant la "soi-disant déclaration d’indépendance" des groupes contrôlant cette région, et répété qu'elle était prête à prendre "toutes les mesures nécessaires" en vue de préserver l'intégrité territoriale du Mali. La Cédéao serait ainsi prête à envoyer une force armée au Mali si elle recevait une demande officielle en ce sens de Bamako.
http://www.tamoudre.org/geostrategie/resistance/nord-du-mali-la-rebellion-touareg-et-un-groupe-islamiste-fusionnent.html
http://www.liberte-algerie.com/editorial/isoler-aqmi-178919


Lundi, 28 Mai 2012 09:50Facebook Imprimer Envoyer Réagir

Isoler Aqmi

Par : Mounir B.
C’est la première lueur d’espoir depuis trois mois de conflit. Le MNLA, Mouvement de la rébellion touareg au Mali, et le groupe islamiste Ançar Eddine viennent de fusionner en une seule entité, ouvrant ainsi la possibilité à un processus de paix au nord Mali.
L’enfant terrible des Touaregs maliens, Ayad Ad Ghali, chef d’Ançar Eddine, semble avoir retrouvé la voie de la raison. Depuis que le MNLA s’est lancé dans l’aventure indépendantiste, avec toutes les conséquences fâcheuses que cela suppose sur le Mali, et depuis le coup d’État du capitaine Sanogo à Bamako, observateurs et diplomates scrutaient attentivement les développements de l’affaire Azawad. La conquête militaire du nord Mali, permise par un attelage improbable entre les rebelles touareg déterminés et des islamistes touareg, se rapprochant dangereusement avec Aqmi, avait mis la région sur une poudrière.
De Kidal à Gao, les Azawads, qui, avançant en rangs dispersés, ont mis la main sur une zone immense qui n’a rien à envier à l’Afghanistan. Au-delà des velléités du MNLA de réclamer une indépendance irréfléchie mais légitimée par 10 ans de trahison de l’ex-président ATT, c’était l’équation de l’expansion du terrorisme islamiste qui tenait les gouvernements de la région et la communauté internationale en haleine. Aqmi, profitant de ces troubles, avait avancé ses pions jusqu’à proposer son aide logistique et militaire à Ançar Eddine, prenant en otage la revendication Azawad.
Mais avec cet accord de fusion, Aqmi se retrouve isolée, et ce, pour la première fois, au sein de la nébuleuse targuie. Les disciples de Mokhtar Belmokhtar, dont le rêve est de fonder un califat en territoire Azawad, de Tigherghar jusqu’aux confins des territoires du Nigeria contrôlés par Boko Haram, se voient contrariés par cette nouvelle unité Azawad. Certes, Ançar Eddine ne renie pas l’application de la charia. Certes, le MNLA n’abandonne pas sa revendication sécessionniste, mais l’un dans l’autre, le grand perdant de cette nouvelle configuration est Aqmi qui a voulu jouer sur les contradictions des Azawads jusqu’à leur insuffler une dimension salafiste.
Il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives d’un accord fragile et plein d’incertitudes, mais alors que la Cedeao s’embourbe diplomatiquement à Bamako, la fusion Ançar Eddine-MNLA redonne une impulsion à un règlement du conflit du nord Mali et surtout marginalise politiquement Aqmi. Du moins pour l’instant.


Le projet d'union entre la rébellion touareg et le groupe islamiste Ansar Dine bloqué

France 24
Le projet d'union entre la rébellion touareg et le groupe islamiste Ansar Dine bloqué

"Le protocole d'accord" sur la fusion entre le MNLA et le groupe islamiste Ansar Dine dans le nord du Mali est mis à mal en raison de désaccords entre les deux mouvements, notamment sur l'application stricte de la charia dans la région de l'Azawad.

Par Dépêche (texte)
 
AFP - Quarante-huit heures après son annonce, le projet de fusion entre la rébellion touareg et le groupe islamiste Ansar Dine dans le nord du Mali a été bloqué lundi en raison de désaccords de fond, notamment sur l'application de la loi islamique.
"Nous avons refusé d'approuver le communiqué final, parce qu'il est différent du protocole d'accord que nous avons signé (samedi, ndlr). Toute la journée d'aujourd'hui, nous avons discuté, mais il n'y a pas eu d'entente", a déclaré à l'AFP Ibrahim Assaley, élu du Nord malien et membre du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), la rébellion touareg.
"Dans le communiqué écrit par Ansar Dine, on parle d'application de la charia (loi islamique) +pure et dure+, on parle aussi d'interdire le Nord aux organisations humanitaires non-musulmanes: ce n'était pas précisé dans le protocole d'accord", a-t-il poursuivi, joint par l'AFP depuis Bamako dans la grande ville septentrionale de Gao.
"C'est comme si on voulait nous dissoudre dans Ansar Dine", a-t-il lancé, jugeant que les exigences du groupe islamiste sont "dignes d'une organisation religieuse". "On n'a pas accepté ça", a insisté M. Assaley.
"Après le protocole d'accord qui est une base de travail", le chef d'Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, a envoyé de Tombouctou, autre ville du Nord, "un communiqué sous pli fermé. Quand on a lu le communiqué, il y a eu des gens du MNLA qui ont dit qu'il faut corriger des choses. Nous avons refusé", a déclaré à l'AFP Moussa Ag Achérif, l'un de ses proches.
"C'est à prendre ou à laisser", a-t-il assuré, précisant toutefois qu'Iyad Ag Ghaly "vient à Gao demain (mardi) matin pour régler le problème".
La rébellion touareg et Ansar Dine (Défenseur de l'islam, en arabe) ont signé samedi un "protocole d'accord" sur leur fusion au sein d'un "Conseil transitoire de l'Etat islamique de l'Azawad" (région nord).
Mais, après plusieurs semaines de discussions, beaucoup de sujets qui fâchent avaient été laissés de côté dans ce document signé par le MNLA, au départ sécessionniste et laïc, et Ansar Dine, qui prône l'application de la charia dans tout le Mali.
Ansar Dine et son allié Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), adepte du jihad (guerre sainte), sont désormais dominants, aux dépens du MNLA, dans l'immense Nord malien qui échappe au pouvoir central depuis deux mois, une partition de fait précipitée par le coup d'Etat militaire du 22 mars à Bamako.

Les islamistes "consolident" leurs relations

Une rencontre entre Iyad Ag Ghaly et ses hommes, les principaux chefs d'Aqmi ainsi que le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest (Mujao), présenté comme dissident d'Aqmi, s'est par ailleurs tenue de jeudi à lundi à Tombouctou.
"Ils ont consolidé leurs relations", a déclaré à l'AFP l'entourage d'un imam de la ville.
De son côté, le Mujao "garde son autonomie, mais n'a plus désormais de différends avec les autres jihadistes. Ils ont la même ambition de faire le jihad, mais ils se partagent le terrain", a affirmé une source proche de la rencontre.
Selon des sources concordantes, l'Algérien Nabil Makloufi, qui coordonne les actions d'Aqmi dans les "katiba" (cellules combattantes) du Sahel, Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar, deux autres chefs d'Aqmi, ont participé aux discussions.
Après le gouvernement malien, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays) a dénoncé lundi à son tour "la tentative de création" d’un Etat islamique et rejeté cette "soi-disant déclaration d’indépendance", se disant de nouveau prête à prendre "toutes les mesures nécessaires" en vue de préserver l'intégrité territoriale du Mali.
Alors que les islamistes n'ont jamais été aussi forts dans la région, un nouveau groupe armé, le Front de libération du Nord-Mali (FLNM), a annoncé lundi sa création pour "combattre les groupes islamistes" voulant instaurer la loi islamique.
Selon des recoupements de l'AFP, ce mouvement ne compte pour l'instant qu'une centaine d'éléments. Pas de quoi, pour l'heure, effrayer Ansar Dine et Aqmi, aux effectifs nombreux et lourdement armés.

France 24: négociations gelés entre le MNLA et Ansar Eddine.

lundi 28 mai 2012


MALI - 
Article publié le : lundi 28 mai 2012 - Dernière modification le : lundi 28 mai 2012

Mali : l'accord final entre le MNLA et Ansar Dine révèle d'importantes divergences

Le groupe islamiste Ansar Dine et son leader Iyad Ag Ghali, au premier plan, en train de prier, le 11 mars 2011.
Le groupe islamiste Ansar Dine et son leader Iyad Ag Ghali, au premier plan, en train de prier, le 11 mars 2011.
Reuters / Ansar Dine

Par RFI
Au Mali, malgré le protocole d'accord signé samedi 26 mai 2012 à Gao entre les séparatistes du MNLA et les islamistes d'Ansar Dine, on est encore très loin de leur fusion. La meilleure preuve est que, depuis samedi, les deux mouvements qui ont pris le contrôle du nord du pays depuis fin mars n'arrivent pas à s'entendre sur une communication publique de rapprochement. Trois jours après la signature du protocole d'accord, la guerre des communiqués est annoncée entre le Mouvement national de libération de l'Azawad et Ansar Dine.

Le MNLA, le Mouvement national de libération de l'Azawad, qui a concédé à Ansar Dine le caractère islamique de l'Etat de l'Azawad, cherche encore à plaire à la communauté internationale. Dans la version finale de l'accord, le MNLA souhaite obtenir la reconnaissance de la communauté internationale et s'engage à appliquer les conventions internationales des Nations unies sur le territoire de l'Azawad.
Ansar Dine refuse cette version et recherche pour sa part la reconnaissance « des frères musulmans du monde entier et dont la priorité reste l'application pleine et entière de la charia, y compris au-delà des frontières. »
Les divergences sont telles que Iyad Ag Ghali, le chef d'Ansar Dine, absent des négociations, est attendu en urgence à Gao, au nord-est du Mali. Des négociations où l'on parle plus facilement l'arabe que le français. Chez Ansar Dine, la majorité parle seulement l'arabe, langue partagée par les « Libyens » du MNLA, au point que les francophones du MNLA se sentent marginalisés dans les négociations. Des francophones qui estiment pourtant incarner pleinement l'identité laïque du mouvement.
Selon un militant du MNLA, il n'est pas question de se laisser imposer la charia. Ce militant avoue que le combat est difficile : « Si la communauté internationale ne nous avait pas lâché,Ansar Dine et son allié Aqmi ne seraient pas aujourd'hui les maîtres de l'Azawad. »
TAGS: ANSAR DINE - MALI - MNLA
FICHE PAYS :

La colonisation est le phénomène majeur de ce siècle qui a orienté le destin du peuple touareg vers ce qu’il est aujourd’hui
Les germes de la criseL’histoire récente des Touaregs, comme celle de la plupart des peuples du tiers-monde, a été marquée par le contact avec l’homme européen. La colonisation est, en effet, le phénomène majeur de ce siècle qui a orienté le destin du peuple touareg vers ce qu’il est aujourd’hui.

Avant la colonisation, les Touaregs jouissaient d’un pouvoir politique et économique au Sahara et en Afrique Occidentale. Cette influence se traduisait notamment par le contrôle du commerce caravanier. Les liens avec les autres communautés ethniques se caractérisaient par une complémentarité entre pasteurs et cultivateurs. Les différents peuples s’estimaient, malgré les rivalités et les impulsions guerrières qui les animaient tous.

Le colonialisme a mené une politique qui a contribué, d’une part, à la détérioration des relations interethniques et, d’autre part, à la désagrégation des confédérations touarègues pour créer de multiples chefferies artificielles plus faciles à contrôler.

Au moment des indépendances, les Touaregs ne réalisèrent pas la portée des changements qu’ils venaient de subir. Le pays touareg se trouva ainsi morcelé et traversé par des frontières absurdes qui correspondaient uniquement, à l’époque, aux limites de compétences des différents officiers de l’administration coloniale.

Depuis les indépendances, les différents gouvernements qui se sont succédé au Mali et au Niger ont marginalisé ce peuple quand ils n’ont pas cherché, sciemment, à l’effacer.

La résistance...

Les Touaregs vivent ces politiques comme une discrimination ethnique et les ressentent parfois comme des tentatives de génocide. Les régions touarègues se sont vues refuser tout espoir de développement économique et d’épanouissement culturel.

Un climat de contestation / répression s’est instauré sans aucune volonté politique, de la part des autorités nigériennes et maliennes, de traiter cette situation par le dialogue.

Ces graves problèmes d’ordre politique s’ajoutent aux sécheresses dramatiques (1973, 1984) qui frappent régulièrement ces régions. Ces aléas climatiques ont fini par saper les bases traditionnelles de l’économie touarègue en décimant la presque totalité du cheptel. La grande sécheresse de 1973 a été utilisée comme arme pour en finir avec les Touaregs de façon définitive par les pouvoirs centraux : puits et vivres empoisonnés, aides internationales détournées, populations déplacées. Cela a conduit beaucoup de Touaregs à se sédentariser ou à s’établir, non sans problèmes, autour des centres urbains, voire à s’exiler. Ainsi plusieurs centaines de milliers de Touaregs nigériens et maliens ont fui vers la Libye et l’Algérie.

Au Mali


En 1963, une première insurrection touarègue contre le pouvoir central de Bamako, a été sévèrement réprimée par Modibo Keita, avec l’aide de Ben Bella, qui lui livra les responsables Touaregs réfugiés en Algérie. Cette répression avait déjà fait des milliers de morts dans l’indifférence générale, y compris de la France qui venait pourtant juste de "partir" de la région.

Les trente ans d’indépendances du Mali, jusqu’en 1990, ont été marqués par une absence de la communauté touarègue de la vie institutionnelle du pays. A tel point que les Touaregs étaient perçus par les autres Maliens comme des étrangers qui n’avaient qu’à retourner chez eux en... Algérie ou en Libye.

En 1990 craignant des massacres massifs, comme au Niger voisin, des groupes de jeunes Touaregs prennent les armes et entrent en résistance contre le pouvoir central malien. Par cet acte ils voulaient faire valoir leur droit à la citoyenneté et à la dignité.

Après plusieurs mois de guerre et de massacres, l’Algérie arrive à obtenir des deux parties la signature d’un accord de paix à Tamanrasset en janvier 1991. Mais cet accord n’aura aucune suite à cause de la précipitation dans laquelle il a été signé et surtout de la mauvaise volonté des autorités maliennes qui préféraient une solution militaire du conflit. La guerre continua et les massacres de civils Touaregs redoublèrent d’intensité.

Le massacre qui a le plus marqué la communauté touarègue est celui de Léré (Tombouctou) le 20 mai 1991, quand les militaires ont trié des dizaines de civils Touaregs et Maures sur le seul critère de la couleur de leur peau et les ont exécutés sur la place publique sans même vérifier leur identité. Leurs familles furent retenues en otages par l’armée pendant un an.

Le 11 avril 1992, un "Pacte National" censé mettre fin aux hostilités est signé, toujours sous la médiation algérienne. Ce pacte consacrait "un statut particulier" pour les trois régions du nord du Mali (Gao, Tombouctou et Kidal). La signature de cet accord ne mettra pourtant pas fin aux exactions contre les communautés touarègue et maure.

C’est ainsi que d’autres exécutions sommaires eurent lieu notamment à Gossi le 14 mai 1992, où 12 personnes travaillant pour "l’Aide de l’Église Norvégienne" ont été assassinées par des militaires. Le 17 mai 1992, à Foïta (frontière mauritanienne), 48 éleveurs ont été tués près d’un puits avec leurs animaux. Ces massacres ont eu comme autres conséquences la fuite vers la Mauritanie, l’Algérie et le Burkina Faso de plusieurs centaines de milliers de personnes qui ont dû abandonner maisons, biens et troupeaux... Toutes les grandes villes du Nord ont été vidées de leurs populations touarègues et maures.

Mais les réfugiés revenus au Mali, à la suite de la signature du "Pacte", n’ont pas tardé à repartir, effrayés par les confiscations arbitraires de leurs biens et troupeaux.

Le 12 juillet 1992, alors que les MFUA (Mouvements et Fronts Unifiés de l’Azawad) devaient rencontrer le nouveau président Alpha Oumar Konaré, des Touaregs victimes d’agressions et de pillages ont été obligés de se réfugier dans l’ambassade d’Algérie à Bamako.

Des brigades mixtes composées d’éléments de l’armée et de combattants du MFUA ont été créées pour maintenir l’ordre et ramener la confiance. Ces brigades ont, en fait, été utilisées beaucoup plus contre les groupes touaregs hostiles au Pacte que contre les militaires qui continuaient à terroriser les populations civiles.

A ce jour aucun responsable politique ou militaire n’a été poursuivi pour son rôle dans ce génocide.

Le processus dit "démocratique", avec l’avènement d’un nouveau régime, n’a pas eu l’effet escompté dans le sens de l’apaisement et de la paix.

En effet, les exactions n’ont jamais cessé et la réticence des autorités maliennes à appliquer le Pacte a fini par diviser la résistance touarègue, dont la grande majorité ne croit plus à la volonté politique du pouvoir central à régler ce conflit par la négociation.

Les combats ont repris à la suite du massacre d’une trentaine de Touaregs dans la région de Menaka le 21 avril 1994. Depuis, plus de 1000 civils Touaregs et Maures ont perdu la vie dans les différentes tueries organisées par l’armée malienne et ses milices parallèles. Depuis 1996 une accalmie relative s’est installée au Mali mais le problème touareg reste entier. Les accords signés ne sont toujours pas appliqués par l’État malien.

Enfin de l’année 2005, un colonelle Touareg a voulu parler sur le retard de tous ce qui a été signé dans les accords de Tamanrasset en janvier 1991. Au début de l’année 2006, des groupes de jeunes Touaregs prennent les armes et entrent en résistance contre le pouvoir central Malien. Par cet acte ils voulaient faire vouloir leurs droits à la citoyenneté et à la dignité.

Après quelques mois de manque de compréhension entre les deux parties, l’Algérie arrive à obtenir des deux parties la signature d’un autre accord de paix à la capital Algérien en avril 2006. Mais cet accord n’aura aucune suite à cause de la précipitation dans laquelle il a été signé et surtout de la mauvaise volonté des autorités Maliennes qui préféraient une solution militaire du conflit. La guerre politique et économique continua et le problème Touareg reste entier. En rappelant que les accords signés ne sont toujours pas appliqués par l’état Malien.

Quel avenir ?

La crise que connaissent les régions du nord du Mali et du Niger aujourd’hui résulte non seulement du caractère artificiel des frontières héritées de la colonisation, mais surtout de la politique désastreuse menée dans ces pays depuis les indépendances et qui a toujours refusé de considérer les Touaregs comme des citoyens à part entière.

Les pouvoirs claniques qui se sont succédé dans ces pays depuis les indépendances ont tous eu une coloration ethnique. Ceci s’est traduit, comme partout en Afrique, par la domination de certaines ethnies qui se sont accaparé l’appareil de l’État dont elles ont fait leur propriété.

Depuis des siècles, les ethnies qui composent aujourd’hui ces pays ont su cohabiter et gérer tant bien que mal leur complémentarité. Les responsables politiques ne se sont jamais souciés d’un quelconque intérêt général pour s’atteler à construire une unité basée sur les réalités locales. Ils se sont enfermés, au contraire, dans des idéologies inadaptées aux réalités africaines et dont l’erreur principale a été d’occulter la spécificité des États africains en voulant leur plaquer des schémas conçus pour des nations qui ont plusieurs siècles d’existence.

On oublie que ces pays sont encore à construire et que seule la volonté des différentes communautés qui les forment peut garantir leur stabilité et leur développement. Ces pays dont la viabilité économique est très loin d’être acquise, continuent à être sous la tutelle internationale de la France qui les maintient encore sous "perfusion économique".

Aujourd’hui, dans un contexte international difficile, le Peuple touareg s’interroge sur son devenir. Il est à la recherche d’une solution qui lui permette de surmonter les mutations de la société, de retrouver sa dignité et d’assurer son existence. En tant que communauté linguistique et culturelle, le Peuple touareg demande que lui soit reconnu le droit de vivre sur son territoire et de gérer son propre développement.

Auteur: Awily Ag Hamama Ansary 
Date : 2010-11-04 23:04:00
http://www.amazighworld.org/human_rights/index_show.php?id=2253