TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne.
Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
La ville de Tombouctou a été attaque tôt ce matin aux environs de 6 heures par des présumés jihadistes. C’est un véhicule qui a d’abord explosé au niveau du check-point de Kaïbara contrôlé par des éléments de l’armée malienne. On parle de plusieurs victimes dans le sillage de […]
Bamako – Un chef des anciens rebelles du nord du Mali a réclamé mercredi le départ de Kidal de membres d’un groupe armé pro-gouvernemental arrivés en masse la veille dans ce bastion de l’ex-rébellion, situé dans le nord-est du pays.
Des centaines d’hommes d’un groupe armé pro-gouvernemental malien sont entrés sans violence à Kidal, bastion de l’ancienne rébellion touareg dans le nord-est du pays, lundi 1er et mardi 2 février. D’après Azaz Ag Loudag Dag, un porte-parole du […]
Des éléments du Groupe autodéfense touareg imghad et alliés (GATIA) sont entrés, depuis hier mardi, dans la ville de Kidal.
Un porte-parole du GATIA contacté par Sahelien.com, a indiqué qu’ils ont installé leur quartier général en face du camp I de Kidal. Et d’ajouter que tout se […]
Il y a longtemps que Kidal n’avait pas accueilli tant de monde comme hier: des centaines de personnes, des dizaines de véhicules. Ici au Sud, certains se sont frotté les mains. Ils attendent ardemment que le Gatia ayant fait incursion dans la capitale de l’Adrar […]
– Le Gatia est entré hier matin à Kidal avec une colonne de 50 véhicules. Cette arrivée s’inscrit dans le cadre de l’application du protocole d’entente inter communautaire d’Anefis. De sources locales, cette arrivée du Gatia bien que coordonnée avec le HCUA a été dénoncée par certains militants […]
La solidarité est, au Mali, une valeur sociale. On l’apprend dès le jeune âge et l’on vit avec. N’eût été la solidarité la vie serait impossible dans notre pays à cause de la pauvreté et des difficultés liées à l’existence. Combien sont-ils à Bamako les étudiants venus des […]
Pour lutter contre le chômage des jeunes au Mali, beaucoup de structures interviennent. Parmi elles: l’Agence pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (APEJ), le CNPV (Centre National de Promotion du Volontariat), l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi (ANPE)… pourtant le malaise et la frustration […]
Les deux films explorent la vie sous la charia à Tombouctou avec des scènes emblématiques d’une ressemblance étonnante. En exclusivité sur RFI.FR, les réalisateurs de « Salafistes » et « Timbuktu » s’expliquent pour la première fois en détail sur les rumeurs qui courent […]
Au lendemain d’une réunion des représentants de 23 pays à Rome pour faire le point sur la lutte contre l’organisation Etat islamique, la communauté internationale a redit son inquiétude sur l’essor de l’organisation en Libye. Mais du même souffle, celle-ci écarte pour le moment une intervention militaire afin d’endiguer […]
L’Express – L’analyse du général Vincent Desportes, ancien directeur de l’Ecole de guerre-Propos recueillis par Catherine Gouëset, publié le 03/02/2016 à 11:56
Sous la pression de Daech qui menace les installation pétrolières, la perspective d’une nouvelle intervention militaire en Libye est plus que jamais évoquée.
Licence de Lettres Modernes de l’Université Paris III Sorbonne Nouvelle. Étudiant en Master de Sciences Politiques à l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence. Auditeur de l’ANAJ-IHEDN, spécialisé Afrique et Moyen-Orient
La guerre en Libye (2011) a bousculé l’équilibre géopolitique de la région. Touaregs […]
LePoint Afrique–Propos recueillis par notre correspondant à Tunis, Benoît Delmas
Islamologue, Olivier Hanne vient de co-signer un essai, Jihâd au Sahel. Pour Le Point Afrique, il décortique les paramètres actuels de l’extrêmisme religieux africain.
À la croisée du militaire, de la géopolitique, du religieux et du culturel, Olivier Hanne scrute […]
La ville d’Agadez n’est pas encore à l’heure de cette grande effervescence qui caractérise toujours les campagnes présidentielles et législatives. On ne note pas assez d’animation dans les grandes artères de la cité des sultans comme si le temps s’est arrêté pour les électeurs qui visiblement sont déboussolés […]
Après la mise en place de la Coordination nationale de mise en œuvre de l’Accord, un autre pas non des moindres vient d’être franchi dans le processus de réconciliation nationale. Les associations des victimes sont parvenues, à la suite d’une série de rencontres, à mettre en […]
Les élus locaux des Régions de Tombouctou, Gao et Kidal s’opposent à la mise en place des autorités transitoires et interpellent le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta.
Dans trois correspondances datées du 25 janvier 2016 et adressées au Président […]
Au Mali, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) et les autorités maliennes lancent officiellement le Plan de réponse humanitaire 2016. Ce plan, élaboré avec les ONG présentes dans le pays, cible les besoins prioritaires, et cherche à mobiliser des fonds.
Le fait est rare pour être signalé. Rarement dans l’histoire du Mali, on a vu un Chef de l’Exécutif régional aussi bien accueilli par les populations de sa Région.
En effet, depuis la nomination de Daouda Maïga à la tête du tout nouveau gouvernorat de […]
Le parti majoritaire ajoute un nouveau député à sa longue liste de parlementaires. En effet, à l’issue du scrutin de dimanche dernier, son candidat Souleymane Ag Almahmoud a gagné le second tour de la législative partielle qui l’opposait à celui de l’URD, le Dr Abdoulbaki Ibrahim […]
Selon L’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali – OBSERVATOIRE, qui, sur financement du Ministère de l’Administration territoriale, a déployé Soixante (60) Observateurs nationaux pour suivre le 2ème tour de l’élection partielle d’Ansongo du 31 janvier 2016, la période préélectorale […]
Dégringolade du nombre de touristes au Mali. Habituellement les plus propices l’année, les mois de janvier et février ne font pas le plein, loin s’en faut. Depuis quelques semaines à Bamako, restaurants et hôtels ne voient pas l’ombre d’un touriste. Et pour […]
Jeune Afrique -Rémi Carayol – 01 février 2016 à 09h26
La mise en scène de leur forfait est désormais rodée : elle fut similaire après l’attaque du Radisson Blu le 20 novembre à Bamako (22 morts). Munis d’une kalachnikov, équipés d’un gilet à munitions et vêtus d’un treillis couleur […]
Les premières victimes du réchauffement climatique sont les populations les plus pauvres et les plus fragiles. Les deux degrés d’augmentation de la température, déjà considérés comme inévitables au niveau mondial à échéance de la fin du siècle, vont ainsi […]
I.TFE/ Sujet de recherche de départ : « Créer des liens : réseaux sociaux chez les Touaregs et leur diaspora européenne ».
Avant le week end à Massembre, j’avais choisi ce thème comme sujet de mémoire. Le point de départ de ce sujet repose, en effet, sur un constat : la diaspora touarègue en Europe est surtout composée d’individus isolés, qui vivent souvent en couple avec des européens ou des européennes. Rares sont les familles entières qui sont actuellement présentes en Europe. Ils sont le plus souvent venus s’installer seuls en Europe pour y travailler, faire des études, se marier,… Dispersés aux quatre coins de l’Europe et du monde (Canada, Etats-Unis, Chine,…), ils n’occupent pas de ville en particulier ni de quartier en particulier, à la différence de ce que l’on rencontre dans de nombreux tissus urbains africains (Niamey, Ouagadougou, Abidjan,…). Le sentiment communautaire des Touaregs doit aussi sans doute être considéré par le prisme du nomadisme : l’éloignement n’est rien pour un peuple qui se pense en éternel mouvement. Aujourd’hui écartelés, comme beaucoup de peuples issus de pays en voie de développement, entre un fonctionnement politique et social traditionnel et une modernité venue de l’Occident, les Touaregs sont confrontés à un double bouleversement : celui de leurs structures sociales de bases et de leurs modes de communication. Même si de nombreuses zones reculées sont encore hors réseau, depuis une petite dizaine d’années, la couverture du réseau GSM est suffisante pour communiquer convenablement avec le reste du monde. Le réseau Internet est présent dans de nombreuses villes et villages (Kidal, Gao, Tahoua, Agadez,…) et fonctionne convenablement. De son côté, la diaspora touarègue en Europe a depuis longtemps investi les moyens modernes de communication et a tissé ou retissé des liens distendus par l’éloignement. Avec l’accès massif des Touaregs où qu’ils soient (en Afrique ou en Europe) aux moyens numériques de communication (Facebook, Twitter, Viber, Whatsup, Skype, etc.), un nouveau type de liens et de rapport entre les individus émerge. Les interactions sont plus nombreuses, les échanges plus suivis ; le lien se recrée et permet l’échange d’idée parfois plus librement (grâce aux pseudonymes). On assiste, grâce à l’essor de ces moyens de communication, à une multiplication des initiatives à vocation sociale ou culturelle (cotisation pour aider des réfugiés, soutenir la poésie touarègue, financer la chaîne de télévision touarègue,…). Schématiquement présenté, ma question de recherche initiale de recherche pouvait se définir de la façon suivante : en quoi les moyens de communication numériques ont-ils permis de créer et de recréer un lien social, politique et culturel entre les Touaregs sahariens et sa diaspora ? Quelle est la nature de ce lien ? Quelles évolutions sociale et culturelle a-t-il permis ? Grâce aux conseils et à l’éclairage apportée par les différents professeurs présents au weekend résidentiel, j’ai pris conscience de l’imprécision de cette question. J’ai donc reformulé ma question de départ.
II. Créer du lien grâce au financement participatif ou crowdfunding Sur les conseils du professeur B. Damien, je me suis orienté vers une thématique plus précise qui inclut une dimension économique dans mon sujet. Grâce aux moyens de communication modernes, et notamment Facebook, skype et Whatsup, des Touaregs issus de la diaspora dont je fais partie ont initié des plateformes de don pour financer des projets locaux (au Niger et au Mali). Massivement connectés, les Touaregs du Mali, du Niger, de l’Algérie mais aussi de Chine, des Etats-Unis, de Belgique ont très vite adhérés à ces projets. Le principe est de demander une contribution modeste mais à un grand nombre de personne. Ce mode de financement dit participatif (ou crowdfunding) permet, si la diffusion de l’information est importante et que le projet rencontre l’adhésion du plus grand nombre de récolter des fonds parfois importants. Nous avons, par exemple, levé des fonds pour soutenir une télévision qui émet en langue touarègue. Cette télévision, ToumastTV, rencontrait de graves difficultés financières qui hypothéquaient sérieusement son avenir. Par le financement participatif, nous avons récolté un peu plus de 38 000 Euros (soit environ 25 000 000 de Francs CFA). Les sommes envoyés par les contributeurs allaient de quelques euros à plusieurs centaines. Dans un second projet, initié pratiquement au même moment, nous avons, par le biais d’un financement participatif pu récolter plus de 3 000 Euros (plus de 2 000 000 de Francs CFA) pour soutenir les réfugiés touaregs des pays limitrophes de la région appelée Azawad . Là encore, les sommes sont parfois modeste, parfois conséquentes. Dans notre travail de mémoire, nous souhaiterions analyser en profondeur ces deux exemples et nous en servir comme matériaux de départ. De nombreuses questions pourront être abordées : pourquoi y a-t-il eu un engouement plus fort pour financer une télé que pour aider des réfugiés ? Combien de personnes ont participé à ce financement ? Quel est le montant moyen versé ? Les petites sommes sont-elles plus nombreuses que les sommes plus élevées ? Quel est le pourcentage de Touaregs issu de la diaspora qui a cotisé ? Ont-ils forcément une capacité économique supérieure aux Touaregs restés dans leur pays d’origine ? Dans les deux projets présentés, les projets n’impliquaient pas de contrepartie financière pour les donateurs. Mais, comme l’a montré M. Mauss , il n’y a pas de don sans contre don. De quelle nature peut être le contre don pour les participants s’il est établi dès le départ qu’ils n’obtiendront pas de contrepartie financière. Dans une perspective plus large, nous souhaiterions donc nous intéresser à l’impact de cette démarche sur le plan social et culturel. Il nous semble qu’elle a permis de fédérer une diaspora aux liens distendus autour de projets communs. Quelles sont les raisons pour lesquelles les Touaregs ont choisi de s’investir et d’investir dans ces projets ? Quels sont leur profil et leur rapport à leur pays d’origine ? Les liens tissés à l’occasion de cette collecte de fonds a-t-elle permis de tisser du lien au-delà du strict aspect économique ? A-t-elle permis de préciser l’identité de la diaspora touarègue et de clarifier ses liens avec les pays d’origine. Des entretiens semi-directifs pourraient nous permettre de clarifier tout ou partie de ces questions. Ces deux points nous amènent à proposer la problématique suivante (encore provisoire) : « Le crowdfunding ou comment créer des liens et impliquer de la diaspora touarègue ».
III. Plan provisoire I. Projets et contexte 1. Emergence de la diaspora touarègue 2. Des réseaux sociaux en pleine expansion 3. Des projets qui mobilisent. Focus sur le crowdfunding II. Le crowdfunding permet-il de créer du lien ? 1. Qui participe à ces projets et pourquoi ? 2. Le crowdfubnding a-t-il créé des liens et si oui, de quelle nature sont-ils ? 3. Vers une redéfinition de l’identité de la diaspora ?
IV. Actions concrètes pour la réalisation de ce mémoire 1. Définition des projets étudiés ; collecte de toutes les données les concernant ; analyse et interprétation de ces données.
2. Lecture et analyse de sources scientifiques sur deux thèmes : - les modes de financement participatif - les diasporas africaines en Europe et dans le monde
3. Réalisation d’entretiens semi-directifs pour comprendre les motivations des acteurs de ce financement participatif et l’impact qu’il a pu avoir (ou non) sur leur sentiment d’appartenance à la diaspora touarègue. V. Bibliographie
Barou, J. (2012). Les immigrés d’Afrique subsaharienne en Europe : une nouvelle diaspora ? Revue européenne des migrations internationale : 28, p. 147 à 167. BEAUZAMY, B. (2012). Les diasporas dans les conflits à l’épreuve des études sur la mondialisation. Tracés : 23, p. 77-88. Dufoix, S. (2003). Les diasporas. Paris : PUF. Matthews, J. T., Rouzé, V., Vachet, J. (2014). La Culture par les foules ? : Le crowdfunding et le crowdsourcing en question. Paris : MKF éditions. Onnée, S. & Renault, S. (2014). Crowdfunding : vers une compréhension du rôle joué par la foule. Management & avenir : 74, p. 117-133. Onnée, S. & Renault, S. (2013). Le financement participatif : atouts, risques et conditions de succès. Gestion : 38, p. 54 à 64.
Alors qu’un nouveau gouvernement d’union nationale encore très fragile vient de voir le jour en Libye, le pays reste déchiré par les affrontements entre tribus et milices armées en compétition pour le partage du territoire et de ses richesses.
La situation est particulièrement explosive dans les zones du sud du pays, véritable no man’s land frontalier du Niger, du Tchad et de l’Algérie, aux confins du Sahel. A la présence de mouvements terroristes repliés dans cette région s’ajoute une bataille sanglante opposant Touaregs et Toubous dans l’indifférence générale.
Installées sur ces terres où elles cohabitent depuis la signature d’un accord de paix à la fin du XIXe siècle, ces deux tribus nomades se disputent aujourd’hui la sécurisation des gisements pétroliers et le contrôle des trafics dans la région. Ravivées par la chute du dictateur Mouammar Kadhafi qui a précipité le pays aux mains des milices armées, les tensions sont montées en flèche lorsque les Touaregs ont accusé les Toubous en septembre 2014 d’avoir mis en place un trafic d’essence dans la ville d’Oubari, majoritairement peuplée de Touaregs. Ce à quoi les Toubous ont répliqué par de violentes attaques.
Un conflit instrumentalisé
Les racines des affrontements sont cependant plus profondes. Les Touaregs voient d’un mauvais œil l’afflux important dans leur pré carré de Toubous venus en grand nombre du Niger et du Tchad depuis le renversement de Kadhafi. Entrés en compétition pour le contrôle sécuritaire des gisements pétroliers et des nombreux trafics dans la région, les représentants des deux tribus se livrent une intense bataille sur le terrain et dans les médias. Tandis que les Touaregs, choyés du temps de Kadhafi, exigent le départ de ceux qu’ils qualifient de « mercenaires », les Toubous, tenus à la marge du pouvoir sous l’ère du « Guide », s’affichent comme les alliés de l’Occident en dénonçant les liens entre les Touaregs et les terroristes qui opèrent dans la zone.
Devenu violent, le conflit fait désormais l’objet d’une instrumentalisation par les différents clans qui se partagent le pays et les puissances étrangères qui souhaitent préserver leurs intérêts dans la zone.
Après la chute de Kadhafi, la tribu des Zintanis installée au nord ouest du pays et aux prises avec les groupes islamistes, s’est emparée des sites pétroliers des bassins de Mourzouk et Ghadamès grâce à une alliance formée avec les Toubous. En échange de ce soutien, les Zintanis accordent des avantages aux Toubous, comme l’accès à l’aéroport pétrolier de Sharara à 50 kilomètres d’Oubari, au grand dam des touaregs qui se sentent concurrencés sur leurs propres terres.
La guerre civile qui éclate en 2014 entre les tribus soutenant le gouvernement de Tobrouk reconnu par la communauté internationale et celles alliées au gouvernement de Tripoli dominé par les islamistes jette de l’huile sur le feu. Ralliés à la coalition militaire dirigée par le général Haftar, les Toubous affirment être la dernière ligne de défense contre une prise de pouvoir par « les islamistes » dans la zone sud. Depuis sa participation aux affrontements territoriaux entre la Libye au Tchad dans les années 1980, le général Haftar nourrit une forte proximité avec les tribus Toubous qui ont notamment aidé à organiser son exfiltration du pays permettant son exil vers les Etats-Unis. Les milices touaregs, autrefois protégées par Kadhafi, se rangent quant à elles du côté du gouvernement de Tripoli qui les aide a remettre la main sur le gisement de Sharara. Les puissances étrangères en quête d’influence tentent également de tirer leu épingle du jeu. C’est le cas du Qatar qui, en soutenant les milices touarègues, lutte sur le terrain libyen contre l’influence des Emirats arabes unis qui appuient les Toubous.
Dans un entretien à Mondafrique, Ibanakal Tourna, spécialiste des conflits au Sahel et chercheur à l’université Catholique de Louvain Laneuve en Belgique livre son point de vue sur la situation dans le sud libyen.
Mondafrique. Où en sont aujourd’hui les hostilités entre Toubous et Touaregs dans le sud libyen ?
Ibanakal Tourna. Jusqu’à présent, le conflit entre ces frères sahariens a fait plus de 400 morts, des centaines de blessés et des milliers de déplacés appartenant aux deux communautés. Les chemins de l’exil les ont menés vers Ghât, ville libyenne frontalière de l’Algérie, vers le Niger ou le Tchad, vers la Tunisie voisine, le Soudan ou encore l’Egypte. Ces migrations pour des raisons sécuritaires viennent s’ajouter au million de libyens déplacés depuis l’éclatement des conflits d’après la révolution entre les milices de Tripoli et de Tobrouk, conflits largement orchestré et entretenu par les deux gouvernements libyens actuels (celui de Tripoli et celui de Tobrouk) et leurs parlements.
Depuis le début du mois de juillet 2015, où un dixième cessez-le-feu a été rompu, des milliers familles du Fezzan ont pris les routes de l’exil, fuyant l’intensité des combats, qui ont fait dans la seule journée du 20 juillet plus de 150 morts.
On estime à environ 50 000 personnes le nombre de déplacés entre Sebha et Ghât. Sans parler de ceux qui viennent s’échouer dans la précarité à Agadez ou à Djanet sans aide ni assistance. Ils tentent de se réfugier dans des écoles, sur des terrains de foot ou dans des parcs. Vulnérables, ces populations civiles sont à la merci des criminels et des règlements de comptes incessants. Les viols et les enlèvements se sont multipliés depuis 2011. La situation humanitaire est catastrophique et les hôpitaux manquent de médicaments et de sang.
M. Comment s’organisent les soutiens des uns et des autres ?
I.T. Pour l’heure, les Toubous se sont unis aux anciennes tribus amies de Kadhafi et à des mercenaires soudanais et tchadiens pour attaquer les Touaregs à Oubari et Sebha. Ils recrutent tous azimuts y compris parmi les migrants qui tentent de traverser le Sahara libyen pour gagner l’Europe en leur promettant d’assurer leur transfert vers la terre promise. Les Toubous sont également approvisionnés en armes lourdes par Haftar et les Emirats Arabes Unis. Récemment, cet arsenal leu a permis de raser le quartier d’Atyori, dans la ville de Sebha, ainsi que les environs de l’aéroport et des zones résidentielles.
Dans la Libye post-révolution, entre 2011 et 2013, les Touaregs ont quant à eux payé au prix fort leur loyauté à Kadhafi lorsque les révolutionnaires libyens ont libéré le pays. Contraints et forcés d’abandonner l’armée de Kadhafi, ils se sont finalement ralliés, au gouvernement de Tripoli et aux vainqueurs de la révolution : les Misratis. Ces derniers détiennent les ports de cette zone. Riches et puissants, ce sont eux qui contrôlent aujourd’hui effectivement Tripoli et une partie de la Libye.
M. Outre les rivalités pour la sécurisation des gisements pétroliers, que savons-nous des trafics convoités dans cette zones ?
I.T. D’après mes informations, les frontières sont aujourd’hui en grande partie tenues par les chefs de milices Toubous Ali Sida et Barka Wardougou. Ces deux seigneurs de guerres originaires du Niger et du Tchad voisins sont aussi les chefs du plus grand cartel des drogues dures déversées en Libye, Egypte, Israel et l’Europe depuis plus d’un quart de siècle. En lien direct avec le chef d’Etat equato guinéen et les cartels americains, ils sont à la tête d’un des plus grands reseaux des trafiquants au monde.
Aujourd hui, à la faveur du chaos qui regne en Libye, ces deux hommes influents jouent la carte des chefs d’une minorité de Toubous qu’ils vendent a Tobrouk pour Haftar et en même temps aux Misratis comme de la chair a canon ! Ils monnayent par ailleurs le passage des frontières entre la Libye, le Soudan, le Niger, le Tchad au prix fort. Entre le 21 janvier 2013 et le 13 janvier 2016 plus de 750.000 migrants erytreens,soudanais, nigerians, congolais ont transités vers Mourzouk et Gatroun, leurs fiefs.
M. En l’absence d’un Etat fort en Libye, quel impact pourrait avoir ce conflit sur l’ensemble de cette région en proie à la menace terroriste ?
I.T. Le paradoxe de cette situation est que pour l’instant les Touaregs et les Toubous combattent ensemble aux côtés des deux armées libyennes pour tenter de contenir la menace terroriste. Mais une fois revenus chez eux au Sud (dans les villes de Sebha, Mourzouk et Oubari), les rivalités tribales refont surface. Les conflits entre Toubous et Touaregs reprennent alors sur fond d’insatiable appétit de pétrole et de pouvoir. S’estimant chez eux à Sebha et Oubari, les Touaregs considèrent qu’ils sont en légitime défense lorsqu’ils sont attaqués par des Toubous. Depuis des semaines, ils tentent de contenir les assauts meurtriers et répétés des Toubous sur leurs familles, leurs quartiers et leurs villes. Les Toubous tentent de se faire une place au soleil dans la « nouvelle Libye » qui émerge peu à peu.
Il ne fait aucun doute que ce conflit raisonnera dans tout le Sahara dans les semaines à venir si aucune solution n’est trouvée. Agresser un Touareg ou un Toubou, même en Libye, ne sera pas sans conséquence pour les ressortissants de ces communautés dans les autres Etats. Le conflit risque donc de s’étendre dans tous les pays où Touaregs et Toubous cohabitent : Niger et Tchad, notamment. Or il se trouve précisément que ces deux pays sont actuellement les clés de voute de la stabilité dans la zone et la base arrière de nombreux états qui cherchent à se positionner sur le marché international des matières premières.
Par ailleurs, les deux tribus Touaregs et Toubous sont parmi les groupes armés les plus puissants d’Afrique de l’Ouest, rompus aux combats dans des contextes sahariens extrêmes. Elles sont sans doute les seules à être potentiellement efficaces dans la lutte anti terroriste en Libye comme au Sahara. Le conflit qui les oppose pourrait embraser l’espace qu’elles sont pourtant précisément en mesure de libérer du terrorisme. Les états de la zone saharo-sahélienne sont actuellement fragilisés par les luttes contre Al Qaïda au Maghreb islamique et au Sahara, Al Mourabitoune, le Mujao et Boko Haram. Un conflit supplémentaire entre deux communautés fortement implantées sur leur territoire risquerait de plonger tout le Sahel dans le chaos. Enfin, il est urgent pour la communauté internationale d’intervenir afin d’empêcher les groupes terroristes et les trafiquant de renforcer les jonctions entre Daech et Boko Haram.